Tribune d'Information sur le Rwanda

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Video – Rwanda: d�position au TPIR d’Abdul Ruzibiza

D�position au TPIR d’Abdul Ruzibiza (9 mars 2006).


septembre 30, 2010   No Comments

Au Secr�taire G�n�ral de l�ONU: Ne couvrez pas les assassins, publiez l�integralit� du rapport Mapping sur le g�nocide des Hutus au Congo

par Pasteur Buangi Makebo Puati.

Concerne�: Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves de droits de l�homme et du droit humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la R�publique D�mocratique du Congo

A Monsieur le Secr�taire G�n�ral des Nations Unies
Ban Ki-Moon
Si�ge des Nations Unies
10017 New York
USA

Lausanne, le 14 septembre 2010

Monsieur le Secr�taire G�n�ral,

Permettez-moi de vous adresser cette lettre ouverte � la veille de la publication officielle du Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves de droits de l�homme et du droit humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la R�publique D�mocratique du Congo. Le signataire de la pr�sente lettre que je suis n�est pas seul, des millions de Congolaises et de Congolais � travers le monde se reconnaissent dans ma d�marche.

La R�publique D�mocratique du Congo, mon pays, est entr�e dans ce pr�sent si�cle dans les larmes et le sang. Th��tre des pires crimes commis depuis la Seconde Guerre mondiale, la RD du Congo a non seulement �t� ignor�e par la communaut� internationale depuis plus d�une d�cennie, mais pire, elle a �t� victime d�un vaste complot dont les racines trouvent leur source dans la voracit� de grandes d�mocraties occidentales et leurs ramifications sous-traitantes et criminelles op�rant depuis Kigali, Kampala et Bujumbura.

Apr�s une longue dictature de plus de trente ans qui avait fini par an�mier l��conomie du Congo-Za�re, d�sorganiser les structures politiques et sociales, mis � bas la capacit� de d�fense de toute une nation, nous avions pens� � tort que les assisses de la Conf�rence Nationale Souveraine CNS) allaient enfin nous sortir du cauchemar du r�gime du Mar�chal Mobutu. Il n�en fut rien.

Les puissances ext�rieures qui nous tiennent dans les cha�nes depuis 5 si�cles et pr�tendent, � chaque carrefour de notre histoire, d�tenir les bonnes solutions pour notre peuple ont, en 1996, us� de leur prestige politique, de leur pouvoir financier et de leur puissance militaire pour armer des pays voisins dans une organisation h�t�roclite compos�e de l�Alliance des Forces D�mocratiques de Lib�ration (AFDL), de l�Arm�e Patriotique Rwandaise (APR) et les Forces Arm�es Burundaises (FAB) avec � sa t�te un faire-valoir Congolais, le nomm� Laurent-D�sir� Kabila. Assassin� tr�s rapidement en janvier 2001 parce qu�il ne voulait plus poursuivre la r�alisation du plan d�asservissement du peuple congolais et du pillage syst�matique de son pays par des puissances �trang�res, ��Joseph Kabila��, un homme incomp�tent, au pass� flou, � la biographie d�ficitaire a �t�, sans processus d�mocratique, plac� � la t�te du Congo. En 2006, soit cinq ans plus tard, � la suite d�un scrutin truqu�, organis� par l��tranger avec l�argent de l��tranger, M. ��Joseph Kabila�� fut adoub� et l�gitim�. Le seul m�rite de cet homme c�est de ne pas comprendre et ma�triser les grands enjeux internationaux pour mieux d�fendre les int�r�ts des Congolais et la place de la RD du Congo sur l��chiquier mondial.

La guerre d�clench�e en 1996 par la coalition AFDL/APR/FAB n�a v�ritablement jamais pris fin. La terreur exerc�e sur les populations r�fugi�es hutu et congolais autochtones a depuis longtemps d�pass� tout ce que j�ai pu voir d�atroce que l�homme puisse commettre. Nous, Congolaises et Congolais, avons longtemps cri� dans le d�sert. Personne ne nous entendait. Le gouvernement congolais a brill� par son incapacit� � s�curiser nos populations. Il a multipli� les signes de sa complicit� avec les pays agresseurs dont le Rwanda en int�grant les unit�s militaires rwandaises au sein de l�arm�e nationale. C�est ainsi qu�en janvier 2009, un criminel comme BOSCO NTAGANDA a rejoint l�arm�e congolaise en d�pit du mandat d�arr�t de la CPI lanc� contre lui en date du 22 ao�t 2006. De m�me, LAURENT NKUNDABATWARE, apr�s avoir longtemps s�vi et endeuill� plusieurs milliers de familles congolaises et hutu, a �t� mis � l�abri par le gouvernement rwandais, sans que son compagnon d�arme, le nomm� ��JOSEPH KABILA��, pr�sident de la RD du Congo n�exige son extradition pour qu�il soit jug� � Kinshasa. La Monusco, la mission de maintien de la paix la plus importante de toute l�histoire de l�ONU, d�p�ch�e sur le terrain, a montr� ses limites et ses failles. La derni�re preuve patente en date c�est le viol en une nuit de plus de 200 femmes et fillettes � LUVUNGI par des bandes arm�es � quelques kilom�tres d�une base des Casques Bleus.

Le Rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l�Homme � para�tre en octobre prochain, et dont la fuite nous a fait conna�tre le contenu, montre l��tendue des crimes commis en RD du Congo de mars 1993 � juin 2003. L�implication de l�Arm�e Patriotique Rwandaise dans ces crimes est clairement d�montr�e. La chasse et l�abattage syst�matique des r�fugi�s hutu en territoire congolais par l�APR/AFDL sont eux aussi �tay�s par des t�moignages fiables. Nous savons aussi qu�en comptant plus largement, les r�fugi�s hutu de 1994 en RD du Congo n�ont jamais d�pass� les 2 millions. Or l�organisation Human Watch Rights fait �tat de plus de 5,4 millions de morts dans l�Est de la RDC depuis que le pr�sident Kagame avait lanc� ses troupes � l�int�rieur des fronti�res congolaises en 1996. Il devient donc clair que les hutu n��taient pas les seules victimes de la politique g�nocidaire du pr�sident Kagame. Les Congolais ont pay� et paient encore aujourd�hui le plus lourd tribut des atrocit�s de l�APR/AFDL au Kivu et de l�arm�e ougandaise et sa r�bellion, le LRA dans l�Ituri.

Monsieur le Secr�taire G�n�ral,

Permettez-moi d��voquer une question importante souvent oubli�e par la plupart des observateurs et analystes de la situation dramatique qui pr�vaut dans la r�gion des Grands Lacs africains. L�univers id�ologique du pr�sident Paul Kagame trouve sa substance fondamentale dans l�anthropologie du 19�me si�cle. Avant l�arriv�e au pouvoir d�Adolf Hitler en Allemagne, les th�ories qui ont engendr� le nazisme �taient d�j� appliqu�es aux populations colonis�es d�Afrique, d�Am�rique et d�Asie et ne choquaient personne en Occident. Au Rwanda, colonie allemande puis belge, ces th�ories raciales avaient persuad� les Tutsi, Nilotiques, qu�ils �taient sup�rieurs aux Hutu, Bantous. Par son nez aquilin, ses l�vres moins charnues, la finesse de son visage et la forme de sa t�te, le Tutsi �tait d�clar� plus proche de l�homme parfait, le Blanc, Europ�en et chr�tien et donc plus intelligent que le Hutu. Les Tutsi avaient fini par int�rioriser cet enseignement et ont m�pris� et inf�rioris� les Hutu. Le pr�sident Kagame croit encore � cette id�ologie, raison pour laquelle dans les attaques qu�il avait initi�es en 1990 depuis l�Ouganda contre son propre pays, il avait jug� que les Tutsi touch�s par les incursions de son arm�e ne m�ritaient pas d��tre plaints parce que appartenant � une ��race sup�rieure��, ils avaient accept� de rester au Rwanda en 1959 sous un pouvoir des ��ibicucu��, des gens inintelligents, des idiots et donc sans valeur, les Hutu.

D�s lors, s��claire d�un jour nouveau le passage ci-apr�s tir� du Rapport du Projet Mapping du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l�Homme sous le point 515�:

��On rel�ve �galement dans ces ��discours de sensibilisation�� tenus au Nord-Kivu une incitation � la population � chercher, tuer ou aider � tuer les r�fugi�s hutu rwandais qu�ils appelaient ��les cochons��. Cette terminologie aurait �t� d�utilisation g�n�rique pendant les op�rations dans cette r�gion��.

Cette essentialisation des populations bantoues est ressortie lors de la Deuxi�me guerre d�ao�t 1998-janvier 2001 en RDC. Dans les rangs de l�APR, les Congolais �taient appel�s ��des babouins��. En bestialisant ainsi les populations bantoues, ceux qui s��taient donn�s pour mission d�exterminer les Hutu et les Bantous du Congo s��taient du coup immunis�s contre tout sentiment de culpabilit� dans leur entreprise g�nocidaire. Selon eux, ils ne tuaient pas des �tres humains semblables � eux mais des b�tes, sinon des �tres inf�rieurs. La requalification � la baisse des crimes commis en RDC r�clam�e par le gouvernement de M. Kagame et l�impunit� qui pourra s�en suivre renforceraient et p�renniseraient davantage dans la r�gion cette id�ologie d�un autre �ge. Une telle perspective ne serait que plus explosive et compromettante dans la recherche d�une paix durable dans les Grands Lacs africains.

Le Rapport du Projet Mapping du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l�Homme a le m�rite de mettre en lumi�re, entre autres, que l�op�ration militaire AFDL/APR/FAB �tait une entreprise criminelle � plusieurs �tages. Le terme de ��g�nocide�� utilis� dans ce Rapport et qui provoque l�ire du pr�sident Kagame r�sulte du constat des crimes et de leur caract�re par l�Equipe du Mapping. Certes, un Tribunal devra se d�terminer dans la qualification de tous ces crimes, mais la suggestion de l�Equipe Mapping est un constat conclusif ob�issant � des crit�res d�finis par l�article 6 du Statut de Rome de la CPI qui stipule�: ��Aux fins du pr�sent Statut, on entend par crime de g�nocide l�un quelconque des actes ci-apr�s commis dans l�intention de d�truire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial, ou religieux, comme tel�: a) Meurtre des membres du groupe�; b) Atteinte grave � l�int�grit� physique ou mentale de membres du groupe�; c) Soumission intentionnelle du groupe � des conditions d�existence devant entra�ner sa destruction physique totale ou partielle�; d) Mesures visant � entraver les naissances au sein du groupe�; e) Transfert forc� d�enfants du groupe � un autre groupe��.

A la lecture du Rapport du Projet Mapping, on ne saurait s�emp�cher de voir des similitudes entre la d�finition du Statut de Rome de la CPI ci-dessus et un certain nombre des crimes d�crit dans le Rapport du Projet Mapping. Il n�appartient donc pas � l�ONU de c�der au chantage du pr�sident Kagame et d�op�rer des changements de terminologie pour satisfaire le gouvernement rwandais. L�ONU est-elle pr�te � assumer cette honte � la face du monde�? Rappelons que nous ne sommes pas dans le domaine de la cosm�tique ni dans celui de la chirurgie esth�tique. Il s�agit des vies humaines fauch�es par un pouvoir �tabli avec une volont� id�ologique d�extermination syst�matique et planifi�e d�une population cibl�e en fonction de son appartenance ethnique. Les peuples hutu et congolais ont droit � la justice et le pr�sident Kagame qui a toujours brandi le g�nocide tutsi doit comprendre qu�il n�est pas le seul capable de s��mouvoir devant l��puration ethnique dirig�e contre les siens. Le lifting �ventuel de ce Rapport signerait le discr�dit des Nations Unies aux yeux des Congolais, des d�fenseurs des droits humains dans le monde et des nations �prises de paix.

Les Congolais conscients du caract�re maffieux des rapports existant entre certains hauts dirigeants politiques et militaires de la RDC et le r�gime de M. Kagame n�attendent rien du gouvernement congolais, dont un grand nombre d�animateurs sont issus des groupes arm�s tels que l�AFDL, le RCD ou le CNDP et susceptibles de poursuites judiciaires selon le Rapport du Projet Mapping. Malgr� des d�clarations ant�rieures telles que celle faite par M. ��Joseph Kabila�� dans son discours prononc� devant l�Assembl�e g�n�rale de l�ONU lors de sa cinquante-huiti�me session, � la 10e s�ance pl�ni�re, disant�: ��la RDC croit � l��tablissement d�un Tribunal p�nal international pour la RDC pour faire face aux crimes de g�nocide, crimes contre l�humanit�, y compris le viol utilis� comme instrument de guerre et les violations massives des droits de l�homme��, les Congolais dans leur ensemble savent qu�il n�y a aucune volont� politique dans le chef du gouvernement de la RDC pour la cr�ation d�une telle juridiction. Si, comme il le dit, la RDC, c�est-�-dire les Congolaises et les Congolais, y croit, le pr�sident actuel de la RDC n�y croit pas et n�a aucun moyen d�y croire. Faut-il le rappeler�? M. ��Joseph Kabila�� a servi dans l�AFDL et a �t� entre autres � la t�te des troupes qui ont commis des massacres � Kisangani. Comment voulez-vous que dans ces conditions le pr�sident de la RDC impulse son gouvernement pour que justice soit rendue � celles et ceux-l� m�mes qu�il a contribu� � massacrer�?

Complices dans le crime avec l�APR de M. Kagame, le chef de l�ex�cutif de la RDC entra�nera son gouvernement � r�cuser le Rapport qui reconna�t enfin et exhume aux yeux du monde les crimes commis contre les Congolaises et les Congolais. Souffrez donc, Monsieur le Secr�taire G�n�ral, que je vous dise que la voix du gouvernement congolais allant dans le sens d�une retouche voire d�un rejet du Rapport du Projet Mapping ne refl�te pas la volont� du peuple congolais et n�engage en rien ce dernier. N�est-il pas surprenant et incompr�hensible que les autorit�s d�un pays lac�r� et humili� de toute part par des arm�es �trang�res se livrent � une critique en r�gle d�un Rapport qui ouvre enfin la voie de la justice et de la reconnaissance pour leurs propres populations�? Non, les repr�sentants du FPR grim�s en Congolais et les courtisans congolais plac�s � la t�te de notre pays ne peuvent pas crier la soif de justice qui nous habite nous Congolaises et Congolais. Ils sont incapables de relayer et de donner une r�sonance exacte de la col�re et de la rage contenues dans nos c�urs. Ils ne sont pas � m�me de traduire dans les faits la volont� du peuple congolais de laver l�affront et l�humiliation qui lui sont faits depuis 15 ans�! La pr�occupation actuelle du gouvernement de M. ��Joseph Kabila�� est la m�me que celle de ses comp�res de crime � Kigali�; sauver sa peau et de ce fait son pouvoir, la justice en faveur du peuple congolais �tant le cadet de ses soucis.

Monsieur le Secr�taire G�n�ral, voici ce que le peuple congolais attend de l�ONU et qu�il crie du fin fond de nos campagnes de Beni-Lubero, de Luberizi, de Luvungi, de Kiwanja, de Bunia, de l�Ituri� et que je vous transmets par �crit en lettres majuscules�:

RENDEZ ENFIN JUSTICE AU PEUPLE CONGOLAIS ET A TOUTES LES VICTIMES EXTERMIN�ES EN R.D.C. QUE TOUS LES COMMANDITAIRES ET SOUS-TRAITANTS PHYSIQUES ET MORAUX, OCCIDENTAUX, AFRICAINS ET AUTRES, DE L�ENTREPRISE CRIMINELLE PERP�TR�E EN RDC SOIENT JUG�S. LA REQUALIFICATION � LA BAISSE DE CES CRIMES CONSTITUE EN ELLE-M�ME

UN CRIME, UN M�PRIS POUR LES VICTIMES ET LEURS FAMILLES ET UNE HUMILIATION POUR LE PEUPLE CONGOLAIS.

C�est la seule et unique voie pouvant nous conduire � la paix et � la r�conciliation dans la r�gion des Grands Lacs africains qui saigne depuis trop longtemps.

Selon l�orientation que vous prendrez, Monsieur le Secr�taire G�n�ral, l�histoire vous jugera, les Congolaises et les Congolais ainsi que le monde entier prendront acte des suites que vous donnerez aux souffrances de notre peuple. Car, pour nous, aucun int�r�t ni aucune autre consid�ration ne doit bafouer le droit � la justice de tant de vies d�hommes et de femmes supprim�es en R�publique D�mocratique du Congo par la soif de pouvoir absolu et de supr�matie ethnique et id�ologique d�une poign�e d�hommes.

Veuillez agr�er, Monsieur le Secr�taire G�n�ral, mes salutations distingu�es.

Tr�s haute consid�ration.
Pasteur Buangi Makebo Puati.


septembre 29, 2010   1 Comment

Rwanda: Attentat contre Habyarimana – Interrogatoire complet d’Abdul Ruzibiza avant sa mort

Voici un article publi� par Alain L�authier dans le magazine Marianne2 sous le titre “Rwanda : arr�tons l’h�mipl�gie!”

Les r�v�lations de Marianne2 sur le t�moignage d’Abdul Ruzibiza ont �t� qualifi�es de manipulations par l’avocat d’un proche de Kagame, et ignor�es par bien des m�dias. Marianne2 persiste et signe et publie la totalit� de l’interrogatoire dont il est question.

Donc Marianne2 manipule. L�information, les documents et ses chers Marionnautes. Celui qui nous� insulte ainsi est un avocat r�pondant au nom de Maingain, pr�nom Bernard, conseil� d�une dignitaire du dictateur rwandais Paul Kagam�.

Me Bernard Maingain n�a pas aim� l�article en ligne du 23 septembre dernier dans lequel nous relations le d�c�s de Joshua Ruzibiza, le t�moin clef dans l�attentat contre l�avion du pr�sident hutu Juv�nal Habyarimana. Ancien militaire tutsi, Ruzibiza, rappelons-le, a plusieurs fois accus� ses ex compagnons du Front patriotique rwandais(FPR) le mouvement de Kagam�, d��tre les instigateurs de cet �v�nement dramatique ayant d�clench� le g�nocide de 1994. Il s��tait un temps r�tract�, ruinant ainsi pour beaucoup la cr�dibilit� de la proc�dure de l�ex-juge anti-terroriste Jean-Louis Brugui�re. Saisi apr�s la plainte d�pos�e par les familles de l��quipage fran�ais du Falcon 50 d�Habyarimana, le magistrat avait d�livr� dix mandats d�arr�ts internationaux contre des proches de Kagam�, provoquant la rupture des relations diplomatiques entre la France et Kigali.

Le 15 juin dernier,� Ruzibiza avait finalement expliqu� les raisons de son parjure temporaire aux juges Marc Trevidic et Nathalie Poux, les successeurs de Brugui�re, venus l�entendre � Oslo o� il �tait r�fugi�. � La r�ponse g�n�rale est li�e � ma s�curit� personnelle et � celle de t�moins. � Et bien pour l�avocat Maingain cette r�ponse n�a visiblement aucune importance. � Nous perdons quelqu’un qui pouvait donner des explications tr�s int�ressantes sur les manipulations de l’enqu�te � l’�poque Brugui�re �� a-t-il temp�t� � l�AFP. Le m�chant Brugui�re encore et toujours�

Le proc�s-verbal d�audition de Joshua Ruzibiza fait onze pages – nous reproduisons in extenso ci-dessous les dix premi�res pages en sus de la onzi�me d�j� publi�e) dans lesquelles le d�funt confirmait point par point ses pr�c�dentes d�clarations sur l�implication de plusieurs haut responsables du FPR. Qu�en a retenu Me Maingain�? Rien. Deux solutions alors. Ou l�homme de robe ne sait pas lire. Ou il ignorait l�existence de ce document quand il s�est exprim�. Si c�est encore le cas, nous sommes heureux de lui apporter deux informations qui, sans affecter sur le fond la gravit� des accusations de Ruzibiza, illustrent la complexit� de cet �pisode du feuilleton rwandais.

La principale concerne la cliente de l�avocat, Rose Kabuye, la directrice de protocole de Kagam�, une ancienne militaire de haut rang du FPR que Brugui�re souhait entendre comme neuf autres cadres du Front soup�onn�s d�avoir pu participer � l�attentat�: Ruzibiza la met clairement hors de cause. La seconde a trait au comportement de l�ancien magistrat anti-terroriste. A Oslo, lors de la m�me audition,� Ruzibiza indique que dans le pass� Brugui�re ne l�avait pas vraiment interrog� mais s��tait content� de savoir s�il confirmait ou pas ses pr�c�dentes d�clarations � la police, en l�occurrence � l�officier judiciaire Pierre Payebien. Peut-on en l�esp�ce accuser de manipulation�et Me Maingain n�aurait-il pas parl� un peu trop vite�?

On ne pourra pas faire ce reproche � la journaliste belge Colette Braeckman, grand reporter du Soir o� elle ��couvre�� depuis longtemps la r�gion des Grands Lacs. Colette Braeckman a toujours tenu l�instruction de Brugui�re pour une fumisterie et le t�moignage de Ruzibiza pour peu sinon pas du tout cr�dible. Mais au moins conna�t-elle l�histoire et ses acteurs. A l��vidence, Colette Braeckman a eu aussi acc�s au proc�s-verbal de Ruzibiza, ce qu�elle traduit d�une �trange formule ��d�apr�s certains �chos de son audition� � La journaliste en retire un �l�ment� � ses yeux capital et cens� d�cr�dibiliser tout le reste : contrairement � ses affirmations initiales, � Oslo Ruzibiza avoue qu�il n��tait pas � proximit� des� lieux de l�attentat le 6 avril 1994 mais � 90 kilom�tres de Kigali, au nord du Rwanda o� il faisait partie ��du peloton ( du FPR, ndlr) qui surveillait un d�p�t d�armes.��

En fait� Ruzibiza justifie longuement, et en d�tail, cette ��invention���: en se mettant en sc�ne personnellement, et faussement, il entendait� prot�ger l�homme qui lui a fourni une grande partie des informations relatives � la pr�paration et l�ex�cution de l�attentat. Ce ��Monsieur A��, ainsi que les juges Trevidic et Poux d�cident de le nommer par commodit�, est uns des cinq membres du FPR qui auraient tir� les missiles sur le Falcon 50. Comme pr�c�demment, Ruzibiza communique � nouveau les noms des� participants � l�ensemble du ��process�� devant aboutir � l�ex�cution d�Habyarimana (voir l�int�gralit� du PV que nous publions ci-dessous). Certains �manent directement des confidences de Monsieur A ou proviennent d�autres� sources dont il pr�f�re pr�server l�anonymat, ce qui au vu du contexte de terreur r�gnant aujourd�hui � Kigali peut se comprendre. Pures �lucubrations pour la journaliste belge dont la religion est faite�: Ses � pr�cisions confirment ce que les sup�rieurs hi�rarchiques de Ruzibiza, dont James Kabarebe aujourd�hui ministre de la D�fense,� ont toujours affirm�: il ne se trouvait pas sur les lieux au moment de l�attentat et sa place dans la hi�rarchie, les fonctions auxquelles il �tait affect� ne lui permettaient pas d�avoir acc�s � des informations ultra sensibles. � Traduction�: Ruzibiza a forc�ment menti puisque ceux-l� m�mes dont il d�nonce le r�le l�affirment� Prudente, notre consoeur reconna�t que ��Ruzibiza n�est pas le seul � avoir entendu des membres du FPR revendiquer d�avoir abattu l�avion. � Pour elle il s�agirait, en quelque sorte, d�une forme de l�gende urbaine aliment�e par des combattants de base, dans l�euphorie de la victoire�

Pour Colette Braeckman et quelques autres, tout ce qui semble impliquer la responsabilit�, m�me partielle, du FPR dans le drame de 1994, n’est que l�gende : la longue enqu�te de Brugui�re, ses centaines de pages de conclusions, et peut �tre demain celles des juges Trevidic et Poux si elles ne vont pas dans le ��bon sens��. Il est difficile de changer de v�rit�. D’autres journalistes, qui partagent la sienne, n’ont m�me pas pris la peine de consacrer la place qu’elle m�ritait � la mort de Rusibiza et � son ultime audition.

A Marianne, nous avons toujours pens� que� s�interroger sur le r�le du FPR dans la mont�e des tensions avant 1994 ne signifiait pas absoudre les extr�mistes hutus, au nom d�une imaginaire th�orie du double g�nocide, invent�e pour �tre mieux d�nonc�e par ceux qui veulent tout simplement emp�cher le d�bat. Nous estimons que ne pas participer au proc�s univoque d�une arm�e fran�aise, bras arm� des massacreurs, n�emp�che pas de questionner la politique de la France dans la r�gion. Hier et aujourd�hui quand le VRP Nicolas Sarkozy se rabiboche avec le r�gime de Kagam� au moment o� l�ONU d�nonce les ��crimes contre l�humanit頻 auxquels l�arm�e de ce dernier s�est livr�e dans l� Est du Congo.

Marianne2 tente d�avancer sous l��gide de cette belle phrase d�Albert Camus�: ��Le go�t de la v�rit� n�emp�che pas de prendre parti��. Encore faut-il s�y risquer � bon escient et, quand la r�alit� donne beaucoup � voir,� plut�t avec les deux yeux grands ouverts.

Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !
Rwanda : arrêtons l'hémiplégie !

[Marianne 2]


septembre 28, 2010   2 Comments

Rwanda Exclusif: avant de mourir, le t�moin Abdul Ruzibiza avait encore d�nonc� Kagame

La mort du t�moin Abdoul Ruzibiza ne sera pas la bonne nouvelle escompt�e pour Kigali. Avant de succomber, ce dernier a expliqu� qu’il avait subi les pressions et les menaces des hommes de Kagame. Explications et document.

Abdul Ruzibiza

Le r�gime de Paul Kagame aurait bien aim� l�envoyer au septi�me ciel mais les tueurs du dictateur rwandais n�auront m�me pas � se salir les mains�: Abdoul Ruzibiza a succomb� � une maladie du foie � Oslo o� il �tait r�fugi�. Ce nom ne dit �videmment rien � ceux qui ne sont pas familiers avec tous les rebondissements de l�interminable feuilleton rwandais. Et pourtant le d�funt aura jou� un r�le d�cisif dans la rupture des relations diplomatiques entre la France et Kigali � l�automne 2006�: c�est lui qui accusa ses anciens compagnons du Front patriotique rwandais (FPR), le mouvement de gu�rilla de Kagame, d�avoir organis� l�attentat contre l�avion du pr�sident hutu Juv�nal Habyarimana, �v�nement d�clencheur du g�nocide de 1994.

Du coup, Ruzibiza se trouvait au c�ur de la proc�dure de l�ancien juge Jean-Louis Brugui�re, charg� de l�enqu�te ouverte apr�s la plainte d�pos�e par les familles de l��quipage fran�ais du Falcon 50 d�Habyarimana. Sans se soucier des cons�quences diplomatiques, le magistrat anti-terroriste n�avait alors pas h�sit� � d�livrer dix mandats d�arr�t contre de hauts responsables rwandais. Une offense inacceptable pour Kagame qui snoba et mobilisa contre la France pendant plus de trois ans avant de renouer r�cemment le fil � la demande pressante de son ��ami�� Bernard Kouchner.

Double revirement

Pendant cette p�riode, une partie de la presse fran�aise (Lib�ration et le Nouvel Observateur notamment) et internationale n�eut de cesse de d�noncer le parti pris suppos� de Brugui�re, la fragilit�, voire l�absurdit� des t�moignages dont il disposait. Ils exult�rent quand, en novembre 2008, Abdoul Ruzibiza effectua un revirement inattendu, qualifiant ��d�invention � ses pr�c�dentes d�positions, notamment l�existence d�un Network Commando charg� de l�attentat contre Habyarimana. Plus grave, il accusa� Brugui�re d�avoir voulu l�instrumentaliser.

Le 22 septembre,relatant le d�c�s� dans le quotidien belgeLe Soir, Colette Braeckman, figure de proue des journalistes convaincus que l�enqu�te de Brugui�re n��tait qu�une machination d�nu�e de tout fondement, semble presque soulag�e. Elle note que la disparition de Ruzibiza intervient alors qu�une r�cente mission � Kigali des juges d�instruction fran�ais Marc Trevidic et Nathalie Poux, les successeurs de Brugui�re a ��pulv�ris� certaines constructions intellectuelles� �. Il manque juste au grand reporter du Soir une information capitale : au mois de juin dernier, entendu par le juge Trevidic, Abdoul Ruzibiza� a confirm� l�int�gralit� de ses toutes premi�res d�positions sur l�implication de plusieurs membres du FPR dans l�attentat.

Pourquoi� s��tre alors parjur� en 2008�? ��La� peur, la trouille d��tre supprim�, explique Pierre P�an, l�auteur de ��Noires fureurs, blancs menteurs � qui� f�t l’un des tous premiers � prendre au s�rieux les d�clarations de Ruzibiza. Le journaliste a eu acc�s au verbatim du d�funt (voir document ci-dessous). Il est on ne peut plus clair�: � Pourquoi �tes vous revenu au cours de diverses entrevues sur le contenu de vos auditions en France �, interroge le juge. ��La r�ponse g�n�rale est li�e � ma s�curit� personnelle et � celle de certains t�moins. � H�las pour Colette Braeckman et quelques autres, la mort d�Abdoul Ruzibiza n�est pas une fin. La bataille pour la v�rit� continue. Quelle qu�elle soit.

Exclusif: avant de mourir, le témoin pro-Kigali avait dénoncé Kagame

[Marianne2]


septembre 24, 2010   3 Comments

Abdul Ruzibiza, t�moin cl� de l�attentat contre l�avion du President Rwandais Habyarimana, est mort


L�un des t�moins cl�s dans l�affaire de l�attentat contre l�avion du Pr�sident Rwandais Habyarimana, Abdul Ruzibiza, est d�c�d� en Norv�ge o� il �tait r�fugi�. Simple infirmier au sein de l�Arm�e patriotique rwandaise, Ruzibiza, se pr�sentant comme un t�moin de premier plan de l�attentat perp�tr� le 6 avril 1994, avait mis en cause la hi�rarchie du Front patriotique rwandais et accus� l�actuel pr�sident Paul Kagame.
Son t�moignage avait inspir� en France de nombreux articles de presse et plusieurs ouvrages accusant le Front patriotique rwandais, actuellement au pouvoir, d�avoir commis l�attentat et ainsi pr�cipit� le g�nocide. Mais surtout, la d�position d�Abdul Ruzibiza avait servi de pi�ce ma�tresse � l�acte d�accusation dress� par le juge Brugui�re. Ce dernier, se fondant sur le t�moignage du transfuge, avait �mis neuf mandats d�arr�t contre de hauts responsables rwandais, ce qui avait provoqu� la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali.

Une autre pi�ce d’information montre qu’avant de mourir, le t�moin Abdul Ruzibiza avait encore d�nonc� Kagame:
Pourquoi �tes vous revenu au cours de diverses entrevues sur le contenu de vos auditions en France �, interroge le juge. � La r�ponse g�n�rale est li�e � ma s�curit� personnelle et � celle de certains t�moins. �

Par la suite, la roue avait tourn� : Ruzibiza �tait revenu sur son t�moignage, comme d�autres t�moins � charge rwandais et tous avaient assur� qu�ils avaient �t� manipul�s.

Cette ann�e, � l�initiative de Bernard Kouchner les relations diplomatiques ont �t� r�tablies entre la France et le Rwanda, deux autres juges d�instruction, Marc Trevidic et Nathalie Poux, ont repris l�enqu�te � z�ro et se sont rendus sur le terrain o� ils ont eu toute latitude pour travailler. Quant � Ruzibiza, il avait eu un premier contact avec le nouveau juge d�instruction, et, demeur� tr�s discret, il avait expliqu� qu�en dire plus �tait tr�s dangereux.
L�ancien infirmier, qui, apr�s avoir fui le Rwanda s��tait r�fugi� � Kampala o� nous l�avions rencontr�, avait �t� amen� en France o� il avait �t� pr�sent� � des journalistes, des sociologues sp�cialistes du Rwanda qui avaient �expertis� et valid� son t�moignage. Et surtout, ce t�moin providentiel avait �t� amen� dans le bureau du juge Brugui�re, qui avait fait de son r�cit le pilier de son acte d�accusation contre neuf hauts dirigeants du FPR. S�il avait �t� interrog� plus avant, Ruzibiza aurait pu expliquer par quelles fili�res il �tait pass� et qui l�avait encourag� � formuler l�accablante d�position, sur laquelle il allait revenir par la suite.
En Norv�ge, M. Ruzibiza semble avoir �t� emport� par une maladie du foie (� l�instar de l�un des t�moins cl�s du proc�s Ntuyahaga � Bruxelles). Les avocats des inculp�s rwandais, Mes Lev Forster et Bernard Maingain ont d�cid� de demander une expertise afin de d�terminer les causes exactes du d�c�s de l�ancien caporal infirmier de Byumba, qui en savait � la fois trop et pas assez.

Colette Braeckman

septembre 24, 2010   No Comments

Rwanda: Le vent du changement est l� et Kagame a peur

�Le vent du changement est l�

Alors que le Comit� des droits de l’Homme des Nations unies est sur le point de publier la version finale d’un rapport sur les massacres au Congo de 1993 � 2003, la rwandaise Victoire Ingabire Umuhoza poursuit son combat � Kigali, � la t�te de l’opposition d�mocratique de son pays, pour la v�rit�, contre l’impunit�, et en faveur d’une effective r�conciliation entre Tutsis et Hutus.

par David Broman

Alors que l’on dispose de si peu d’informations pr�cises sur les dessous du g�nocide des Tutsis qui a eu lieu au Rwanda en 1994, on en sait encore moins sur les massacres ethniques � caract�re g�nocidaires perp�tr�s ensuite par les Tutsis contre les Hutus r�fugi�s en R�publique d�mocratique du Congo (ex-Za�re). Aujourd’hui, ces deux chapes de plomb, impos�es manu militari par le g�n�ral-pr�sident rwandais, Paul Kagame, sont lentement mais s�rement en train de se d�sint�grer…
�Ce rapport repr�sente pour le peuple rwandais un r�el espoir de changement. Tant que l’on ne peut pas parler des crimes commis par les deux camps, tant que l’impunit� d’un camp subsiste, toute r�conciliation entre communaut�s sera impossible.�
Victoire Ingabire Umuhoza, pr�sidente des forces d�mocratiques unies (FDU), principal parti d’opposition d�mocratique au r�gime de Kagame, demande depuis des ann�es que l’on enqu�te sur tous les crimes perp�tr�s par des Rwandais, et pas seulement les auteurs du g�nocide des Tutsis. Si elle a �t� arr�t�e en avril dernier et si elle n’est pas libre de ses mouvements aujourd’hui, c’est qu’en exigeant que l’on poursuive les auteurs des �crimes � caract�re g�nocidaire� commis sur les r�fugi�s hutus au Congo, elle s’est expos�e � la grave accusation de �n�gationisme�, de �minimisation du g�nocide� et de �collaboration avec une organisation terroriste�.
�Depuis avril je suis sous contr�le judiciaire. Mais les accusations contre moi sont non fond�es ce qui fait que mes accusateurs n’am�nent pas le dossier devant la justice. Je ne peux donc pas quitter Kigali � je peux sortir, aller au march�, au restaurant, mais toujours suivie de militaires et de policiers en civil. Toute participation � une r�union avec mes collaborateurs politiques m’est interdite. Je ne peux pas retrouver mon mari et mes enfants aux Pays-Bas. Deux fois par mois je dois me pr�senter au bureau du procureur, qui n’arrive toujours pas � m’accuser formellement. Cette situation peut durer dix ans…�
Et la fuite?
�Fuir signifierait abandonner la lutte politique. En effet, je ne pourrai rien changer, ni responsabiliser les gens ici si je me trouve � des milliers de kilom�tres. Au moins le peuple sent que je suis l� � j’arrive � m’exprimer et me faire entendre gr�ce aux m�dias internationaux. Je suis en quelque sorte le porte-parole des sans-voix et je sais que la population m’�coute.�

�Kagame a peur�

Que penser des bons r�sultats �conomiques du gouvernement Kagame?
�On ne peut pas dire que l’�conomie aille bien. La croissance spectaculaire du PIB symbolis�e par l’essor de Kigali, n’est qu’une couverture cosm�tique. � c�t� des 2% de riches qui prennent tout, il y a 98% de pauvres � la rue. Il s’agit l� d’une source d’instabilit� qui va croissant. Le FPR (ndlr: Front patriotique rwandais, le parti de Kagame) a la mainmise sur l’appareil �conomique, ce qui �touffe toute cr�ativit� et progr�s solide. La r�alit� se r�sume en une mauvaise gestion g�n�ralis�e pour tenter de participer aux march�s mondiaux, quitte � casser les march�s locaux. Voyez la tentative compl�tement rat�e de remplacer, dans le Sud-Ouest, la culture de la pomme de terre r�pondant � une demande locale, par le ma�s destin� � l’exportation mais qui s’entasse faute de transports…�.
Et la situation ethnique?
�En ne poursuivant les coupables que d’une communaut�, les Hutus, et en garantissant l’impunit� aux membres de sa propre communaut�, Kagame d�place le probl�me aux g�n�rations futures. Prenez par exemple les enfants des g�nocidaires en prison qui doivent vendre leur maison, vivre � la rue, sans scolarit� afin de payer les victimes de leurs parents. Cela cr�e des conflits durables entre les enfants. Non, il faut que tous assument leurs responsabilit�s. La r�conciliation ne pourra se faire qu’� cette condition.�
Politiquement cela signifie quoi concr�tement? Juger Kagame?
�Nous demandons � disposer d’un espace politique ouvert � l’opposition permettant des discussions avec le gouvernement en place. Kagame, dont le pouvoir se d�sint�gre de jour en jour, sait que sa place est en prison, il a donc peur de perdre le pouvoir. Mais le juger, cela va-t-il r�soudre les probl�mes du Rwanda? Nous exigeons plut�t qu’il accepte de donner un espace � l’opposition. Le r�gime doit accepter le dialogue afin de mettre en place un gouvernement transitoire pour la justice et la r�conciliation, tout en assurant qu’il n’y ait pas impunit�.�
Le rapport de l’ONU vient donc � un bon moment?
�Kagame est actuellement sous pression et affaibli. Nous esp�rons que cette fois l’ONU ira jusqu’au bout, car la publication ajoutera en effet de la pression au bon moment. Il est temps que toutes les victimes soient reconnues et que toutes les responsabilit�s soient assum�es. Le changement est � ce prix.�
Le changement… le voyez-vous venir?
�Oui, la population commence � comprendre que la r�pression n’est pas n�cessaire, que la sortie de la pauvret� passe aussi par la pratique des libert�s fondamentales. Oui, sans aucun doute, le vent du changement est l�.�

[Le Jeudi]


septembre 23, 2010   No Comments

Rwanda-RDC: 220 ONG accueillent favorablement le Rapport ONU sur le g�nocide au Congo


par Kris Berwouts.

RDC: Accueil favorable du Rapport � Projet Mapping �

220 ONG congolaises de d�fense et de promotion des
Droits Humains accueillent avec une grande satisfaction
l�annonce de la publication prochaine du rapport des
Nations Unies d�taillant � les plus graves violations des
Droits humains et du Droit international humanitaire
commises sur l��tendue du territoire de la RDC entre
1993 et 2003 �. Les organisations congolaises, dont
nombreuses ont collabor� avec l��quipe d�enqu�te des
Nations Unies, saluent le s�rieux avec lequel ces
enqu�tes ont �t� men�es et le professionnalisme qui a
guid� la m�thodologie des investigations du � Projet
Mapping � des Nations Unies. Elles invitent le
gouvernement de la R�publique D�mocratique du Congo
(RDC) et ceux des pays de la r�gion concern�s par les
faits cit�s dans le rapport, en particulier le Rwanda,
l�Ouganda, l�Angola et le Burundi, � saisir cette
opportunit� pour reconnaitre les souffrances atroces et
l�injustice impos�es � la grande majorit� de la
population congolaise et d�autres victimes des actes
criminels et des violations massives des droits humains
d�taill�es dans ledit rapport.

in Echo des Grands Lacs Nr 68, Sept. 2010.

septembre 23, 2010   No Comments

G�n�ral Kayumba Nyamwasa essaye de forger des alliances avec des groupes qui pourraient �tre mobilis�s contre le r�gime rwandais


par Kris Berwouts.

Kayumba Nyamwasa

G�n�ral Kayumba Nyamwasa:
forge des alliances contre le G�n�ral Kagame.

Pas d’Op�ration Umoja Wetu II, ouverte ou cach�e

L’ann�e 2010 est pleine d’�motions et d’�v�nements en Afrique Centrale. Les �lections burundaises ont confirm� le Pr�sident Nkurunziza dans son mandat, mais en cours de route on a perdu l’opposition. Ceci cr�e un risque que le pays retombe dans le conflit et dans le monopartisme, qui �carteront le pays du d�fi principal : mettre en place une lutte effective contre la pauvret�, g�r�e par la bonne gouvernance.

La RDC a f�t� son Cinquantenaire. Le Chef d’Etat l’a capitalis� comme plate-forme de lancement de sa r��lection qu’il d�sire organiser dans un environnement politique aussi contr�l� que possible. Mais les institutions de la Troisi�me R�publique n’ont toujours pas atteint leur rythme de croisi�re et le gouvernement n’arrive pas � renverser la dynamique de d�sint�gration � l’Est.

Au Rwanda, la r��lection de Kagame a pris des tournures inattendues. La formalit� festive � laquelle il s’attendait a �t� troubl�e non seulement par une opposition r�ellement antagoniste mais surtout par le fait que des personnes qui ont longtemps fait partie du cercle intime du pouvoir se sont tourn�es contre lui. La fuite du G�n�ral Kayumba a cr�� un p�le autour duquel les diff�rentes formes de m�contentement pourraient se cristalliser. Du coup, l’arm�e rwandaise n’est plus l’�pine dorsale du r�gime, mais son tendon d’Achille.

Dans les trois pays nous observons au m�me moment une perte de cr�dibilit� du processus de d�mocratisation avec des r�percussions graves sur la s�curit�. En ao�t, j’ai fait une mission pour mieux comprendre dans quelle mesure l’opposition des g�n�raux dissidents contre Kagame a des r�percussions sur le paysage politico-militaire � l’Est du Congo. J’ai parl� avec beaucoup d’acteurs sur la sc�ne politico-militaire, des amis de la soci�t� civile et des personnalit�s occupant des postes-cl� dans les institutions internationales. Je conclus que Kayumba, avec l’aide active de Museveni, essaye de forger des alliances avec des groupes qui pourraient �tre mobilis�s contre le r�gime rwandais:
? La partie du CNDP qui est rest�e fid�le � Nkunda par exemple, et qui n’a jamais dig�r� son arrestation.
? Ou le FRF.
? Le FPLC, de toute �vidence.
? Certains groupes Mai Mai.
? Une partie m�me des FDLR.
? Aussi les personnes qu’Agathon Rwasa essaye de mobiliser, non seulement dans les milieux FNL mais aussi dans des cercles d’ex-FAB m�contents, sont cibl�s comme des alli�s potentiels.
Mais je constate aussi qu’on n’est pas encore tr�s loin dans la d�marche et que c’est tr�s peu probable qu’une alliance anti-Kagame soit op�rationnelle � court terme.
J’ai plut�t l’impression que Kayumba essaye de s’�tablir une base arri�re sur le territoire congolais � moyen terme.

Dans ce contexte, une nouvelle op�ration militaire conjointe entre le Rwanda et le Congo, ouverte ou cach�e, appel�e Umoja Wetu ou sous un autre nom, n’apportera rien � la stabilit� r�gionale. Elle aura le m�me impact n�gatif que toutes les autres op�rations militaires depuis janvier 2009 : elle dispersera et radicalisera les acteurs arm�s sur le terrain. Elle fera des d�g�ts dans la population civile et elle annihilera l’espace pour des voies n�goci�es vers une d�mobilisation volontaire. Elle ne contribuera en rien � la paix durable. Il s’agira d’une d�marche machiav�lique o� Kagame aidera Kabila � �tablir un certain contr�le sur l’Est du Congo pendant que Kabila permettra � Kagame de d�manteler tout ce qui s’organise sur le territoire kivutien contre lui.
Le levier n’est pas dans les op�rations militaires mais dans le dialogue et dans l’inclusivit�.

Kris Berwouts,
Directeur Eurac
21/9/2010
EurAc is the European Network of Active NGOs in Central Africa. EurAC is made up of 49 member-organisations from 12 European countries.

septembre 22, 2010   No Comments

P�tition en faveur de la publication int�grale du rapport de l’ONU sur le g�nocide des r�fugi�s hutu (1993-2003)

bernard_desgagne.jpg Par Bernard Desgagn�

Chers amis et correspondants,

Puisque vous vous int�ressez au Rwanda et � la R�publique d�mocratique du Congo (RDC), o� Paul Kagame et ses complices commettent depuis 1990 l’un des pires carnages de l’histoire de l’humanit�, je vous invite fortement � signer la p�tition se trouvant � l’adresse ci-dessous. Il ne vous faudra qu’une minute.

http://www.lapetition.be/petition.php?petid=8188

Cette p�tition s’adresse � la Belgique et � l’Europe, mais les gens d’ailleurs peuvent tout � fait y mettre leur signature, eux aussi. Soyons solidaires des d�marches entreprises partout dans le monde pour que:

1. Le rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies soit publi� int�gralement.

2. Un tribunal sp�cial international soit cr�� pour juger les crimes de guerre, contre l�humanit� et de g�nocide commis en RDC de 1996 � 2010*.

3. Des parlementaires soutiennent ces demandes l�gitimes.

* Il faudrait aussi juger comme il se doit les crimes commis au Rwanda de 1990 � 2010, plut�t que de financer la justice des vainqueurs du TPIR, dont le mandat se limite � 1994, et qui n’a inculp� que des Hutus jusqu’� ce jour.

Par ailleurs, si ce n’est encore fait, je vous sugg�re de regarder le reportage de la T�l�vision suisse romande qui montre bien que la communaut� internationale est au courant depuis longtemps du drame, mais qu’elle laisse Rwandais et Congolais se faire massacrer par Kagame et ses brutes, notamment en entretenant la croyance que les tueurs et les violeurs en RDC sont des FDLR et des Ma�-Ma�. � grand renfort de mensonges diffus�s par la presse et sous le couvert de la chasse aux �g�nocidaires�, Kagame poursuit son oeuvre sanguinaire.

Je tiens � pr�ciser que, contrairement � ce que dit le reportage, les massacres n’ont pas commenc� �apr�s le g�nocide rwandais�. Les Hutus sont massacr�s par Paul Kagame depuis 1990. Le g�nocide des Hutus a commenc� au Rwanda, en 1990, s’y est poursuivi en 1994 et apr�s, notamment � Kibeho, et s’est r�pandu en RDC. Les populations autochtones de la RDC en sont �galement victimes depuis une quinzaine d’ann�es.

Rencontres pour la Paix

[email protected]


septembre 22, 2010   No Comments

Extraits du Rapport de l’ONU sur le G�nocide des Hutus par l’arm�e Rwandaise au Congo

512. Les attaques syst�matiques, notamment les meurtres et les massacres perp�tr�s � l�encontre des membres du groupe ethnique hutu font l�objet de nombreuses descriptions dans la section I du rapport. Ces attaques ont fait un tr�s grand nombre de victimes, probablement des dizaines de milliers de membres du groupe ethnique hutu, toutes nationalit�s confondues. Dans la grande majorit� des cas rapport�s, il s�agissait non pas de personnes tu�es involontairement au cours de combats, mais bien de personnes cibl�es principalement par les forces de l�AFDL/APR/FAB, et ex�cut�es par centaines, souvent � l�arme blanche. Parmi les victimes, il y avait une majorit� d�enfants, de femmes, de personnes �g�es et de malades qui ne posaient aucun risque pour les forces attaquantes. De nombreuses atteintes graves � l’int�grit� physique ou mentale de membres du groupe ont �t� �galement commises, un nombre tr�s �lev� de Hutu ayant �t� bless�s par balle, viol�s, br�l�s ou battus. De tr�s nombreuses victimes ont �t� oblig�es de fuir et de parcourir de longues distances pour �chapper � leurs poursuivants qui voulaient les tuer. Cette traque a dur� des mois, entra�nant la mort d�un nombre ind�termin� de personnes livr�es � des conditions d’existence cruelles, inhumaines et d�gradantes, sans nourriture et m�dicaments. � plusieurs occasions, l�aide humanitaire qui leur �tait destin�e a �t� sciemment bloqu�e, notamment dans la province Orientale, les privant de l�assistance indispensable � leur survie.

513. Au moment des incidents couverts par le pr�sent rapport, la population hutu au Za�re, y compris les r�fugi�s venus du Rwanda, constituait un groupe ethnique au sens de la Convention pour la pr�vention et la r�pression du crime de g�nocide. Par ailleurs, comme il a �t� d�montr� pr�c�demment, l�intention de d�truire un groupe en partie est suffisante pour �tre qualifi�e de crime de g�nocide. Finalement les tribunaux ont �galement confirm� que la destruction d�un groupe peut �tre limit�e � une zone g�ographique particuli�re. On peut donc affirmer que, m�me si seulement une partie du groupe ethnique hutu pr�sent au Za�re a �t� cibl�e et d�truite, cela pourrait n�anmoins constituer un crime de g�nocide si telle �tait l�intention des auteurs. Finalement, plusieurs incidents r�pertori�s semblent �galement confirmer que les multiples attaques visaient les membres du groupe ethnique hutu comme tel. Si � certains moments les agresseurs disaient rechercher les criminels responsables du g�nocide commis � l��gard des Tutsi au Rwanda en 1994, la majorit� des incidents rapport�s indiquent que les Hutu �taient vis�s comme tels, sans proc�der � aucune discrimination entre eux. Les multiples attaques contre les Hutu �tablis au Za�re qui ne faisaient pas partie des r�fugi�s semblent confirmer que c��taient tous les Hutu, comme tels, qui �taient vis�s. Les crimes commis notamment � Rutshuru (30 octobre 1996) et Mugogo (18 novembre 1996), dans le Nord�Kivu, mettent en lumi�re le ciblage sp�cifique des Hutu, puisque des personnes ayant pu convaincre les agresseurs de leur appartenance � un autre groupe ethnique ont �t� lib�r�es juste avant ces massacres. L�utilisation syst�matique de barri�res par l�AFDL/APR/FAB, particuli�rement au Sud- Kivu, leur permettait d�identifier les personnes d�origine hutu par leur nom ou par leur village d�origine et ainsi de les �liminer. Des centaines de personnes d�origine hutu auraient ainsi arr�t�es � une barri�re �rig�e en novembre 1996 � Ngwenda, dans le territoire de Rutshuru, et ex�cut�es par la suite � coups de pilon dans un endroit appel� Kabaraza. Au Sud-Kivu, les militaires de l�AFDL/APR/FAB ont �rig� de nombreuses barri�res sur la plaine de la Ruzizi pour arr�ter les r�fugi�s rwandais et burundais dispers�s apr�s le d�mant�lement de leurs camps.

514. Plusieurs incidents r�pertori�s dans le pr�sent rapport r�v�lent des circonstances et des faits � partir desquels un tribunal pourrait tirer des inf�rences de l�intention de d�truire en partie le groupe ethnique hutu en RDC, s�ils sont �tablis hors de tout doute raisonnable. D�abord l�ampleur des crimes et le grand nombre de victimes sont d�montr�s par les nombreux incidents d�crits plus haut. L�usage extensif d�armes blanches (principalement des marteaux) et le massacre syst�matique des survivants, dont des femmes et des enfants, apr�s la prise des camps montrent que les nombreux d�c�s ne sont pas imputables aux al�as de la guerre ou assimilables � des dommages collat�raux. La nature syst�matique des attaques r�pertori�es contre les Hutu ressort �galement: ces attaques se sont d�roul�es dans chaque localit� o� des r�fugi�s ont �t� rencontr�s par l�AFDL/APR sur une �tendue tr�s vaste du territoire. Surtout au Nord-Kivu et au Sud- Kivu, mais aussi dans d�autres provinces, ces massacres ont souvent commenc� par une ruse des �l�ments de l�AFDL/APR qui avaient convoqu� les victimes � des r�unions sous pr�texte soit de discuter de leur rapatriement au Rwanda dans le cas des r�fugi�s, soit de leur pr�senter les nouvelles autorit�s dans le cas des Hutu �tablis dans la r�gion, soit pour proc�der � une distribution de nourriture. Par la suite, les participants ont �t� syst�matiquement tu�s. De tels cas ont �t� confirm�s dans la province du Nord-Kivu � Musekera, Rutshuru et Kiringa (octobre 1996), Mugogo et Kabaraza (novembre 1996), Hombo, Katoyi, Kausa, Kifuruka, Kinigi, Musenge, Mutiko et Nyakariba (d�cembre 1996), Kibumba et Kabizo (avril 1997) et Mushangwe (vers ao�t 1997); dans la province du Sud-Kivu � Rushima et Luberizi (octobre 1996), Cotonco et Chimanga (novembre 1996) et Mpwe (f�vrier 1997) et sur la route Shabunda-Kigulube (f�vrier-avril 1997); en province Orientale � Kisangani et Bengamisa (mai et juin 1997); au Maniema � Kalima (mars 1997) et en �quateur � Boende (avril 1997). De tels actes sugg�rent certainement une pr�m�ditation et une m�thodologie pr�cise. Dans la r�gion au sud de la ville de Walikale, au Nord-Kivu (janvier 1997), les Hutu rwandais ont fait l�objet de tueries quotidiennes dans des zones d�j� sous contr�le de l�AFDL/APR dans le cadre d�une campagne qui semblait viser toute personne hutu vivant dans la zone en question.

515. Plusieurs massacres r�pertori�s ont �t� commis quel que soit l��ge ou le sexe des victimes. Cet aspect ressort notamment des crimes commis � Kibumba (octobre 1996), Mugunga et Osso (novembre 1996), Hombo et Biriko (d�cembre 1996) dans la province du Nord-Kivu, Kashusha et Shanje (novembre 1996) dans la province du Sud-Kivu, Tingi-Tingi et Lubutu (mars 1997) dans la province du Maniema, et Boende (avril 1997) dans la province de l��quateur o� la grande majorit� des victimes �taient des femmes et des enfants. Par ailleurs, aucun effort n�a �t� d�ploy� pour faire une distinction entre les Hutu membres des ex-FAR/Interahamwe et les Hutu civils, r�fugi�s ou non. Cette tendance � regrouper tous les Hutu �dans le m�me sac� est aussi d�montr�e par les d�clarations faites au cours des �discours de sensibilisation� tenus par l�AFDL/APR � certains endroits, selon lesquelles tout Hutu encore pr�sent au Za�re ne pouvait �tre qu�un g�nocidaire, car les �vrais� r�fugi�s �taient d�j� rentr�s au Rwanda. On rel�ve �galement dans ces �discours de sensibilisation� tenus au Nord-Kivu une incitation � la population � chercher, tuer ou aider � tuer les r�fugi�s hutu rwandais qu�ils appelaient �les cochons�. Cette terminologie aurait �t� d�utilisation g�n�rique pendant les op�rations dans cette r�gion.

516. Les massacres de Mbandaka et Wendji, commis le 13 mai 1997 dans la province de l��quateur, � plus de 2 000 kilom�tres � l�ouest du Rwanda, marquent l�ultime �tape de la traque des r�fugi�s hutu qui avait d�but� � l�est du Za�re, dans les deux Kivu, en octobre 1996. Parmi les r�fugi�s se trouvaient des �l�ments des ex- FAR/Interahamwe qui ont �t� d�sarm�s par la gendarmerie locale d�s leur arriv�e. Malgr� tout, l�AFDL/APR a ouvert le feu sur des centaines de r�fugi�s hutu sans d�fense, faisant de nombreuses victimes.

517. Les attaques syst�matiques et g�n�ralis�es d�crites dans le pr�sent rapport, ayant cibl� de tr�s nombreux r�fugi�s hutu rwandais et de membres de la population civile hutu et caus� leur mort, r�v�lent plusieurs �l�ments accablants qui, s�ils sont prouv�s devant un tribunal comp�tent, pourraient �tre qualifi�s de crimes de g�nocide. Le comportement de certains �l�ments de l�AFDL/APR � l��gard des r�fugi�s hutu et des populations hutu �tablies au Za�re � cette �poque semble s�inscrire dans le cadre �d�une s�rie manifeste de comportements analogues dirig�s contre ce groupe� duquel un tribunal pourrait m�me d�duire l�existence d�un plan g�nocidaire. �Si l�existence d�un tel plan peut contribuer � �tablir l�intention g�nocidaire requise, elle ne constitue pour autant qu�un �l�ment de preuve permettant de d�duire cette intention et non un �l�ment juridique du g�nocide�. Il est � noter que certains �l�ments pourraient faire h�siter un tribunal � conclure � l�existence d�un plan g�nocidaire, comme le fait qu�� partir du 15 novembre 1996 plusieurs dizaines de milliers de r�fugi�s hutu rwandais, dont de nombreux survivants d�attaques pr�c�dentes, ont �t� rapatri�s au Rwanda avec le concours des autorit�s de l�AFDL/APR et que des centaines de milliers de r�fugi�s hutu rwandais ont pu rentrer au Rwanda avec l�assentiment des autorit�s rwandaises apr�s le commencement de la premi�re guerre. Si en g�n�ral les tueries n�ont pas �pargn� les femmes et les enfants, on notera qu�� certains endroits, au d�but de la premi�re guerre, des femmes et des enfants hutu ont �t� effectivement s�par�s des hommes, qui seuls ont �t� tu�s par la suite.

518. Par contre, ni le fait de ne cibler que les hommes dans les massacres ni celui de permettre � une partie du groupe de quitter le pays ou m�me de faciliter ses d�placements pour diff�rentes raisons ne permettent en soi d��carter totalement l�intention de certaines personnes de d�truire en partie un groupe ethnique comme tel. � cet �gard il para�t possible d�inf�rer l�intention sp�cifique de certains commandants de l�AFDL/APR de d�truire en partie les Hutu en RDC, donc de commettre un crime de g�nocide, de leur conduite, de leurs propos et des circonstances accablantes des actes de violence commis par les hommes sous leur commandement. Il appartiendra � un tribunal comp�tent de trancher cette question.


septembre 22, 2010   2 Comments