Tribune d'Information sur le Rwanda

R�ponse du FDU-Inkingi � Fran�ois Soudan de Jeune Afrique: ne minimisez pas la r�alit� du g�nocide des Hutus au Congo

R�action du Comit� de Soutien aux FDU-Inkingi � l�article de Mr Fran�ois Soudan de Jeune Afrique (mis en ligne le 16 sept.-10), sur le Rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l�Homme (HCDM), portant sur les violations des droits humains commis en R�publique d�mocratique du Congo de 1993 � 2003.

Mr Fran�ois Soudan,

Permettez-nous, en tant que Rwandais �pris de paix et de justice d��mettre quelques commentaires sur votre article portant sur le Rapport que le Haut Commissariat des Nations Unies�aux Droits de l�Homme (HCDH) s�appr�te � publier le 1er octobre 2010.

Vous commencez votre article en disant que l�emploi du mot g�nocide dans ledit rapport est sujet � caution. Vous n�apportez malheureusement pas la moindre preuve pour d�montrer que les massacres syst�matiques, m�thodiques, ayant vis� les r�fugi�s hutus rwandais en ex-Za�re, par le seul fait qu�ils appartenaient � ce groupe ethnique de Hutu, ne puissent �tre qualifi�s de g�nocide ou d�actes de g�nocide.

En effet, Mr Soudan, les r�fugi�s hutus massacr�s en ex-Za�re par centaines de milliers n�ont pas �t� tu�s par des balles perdues, ce ne sont pas des dommages collat�raux d�une guerre qui ne visait qu�� renverser feu le Pr�sident Mobutu. Ces r�fugi�s ont par contre, fait l�objet d�extermination programm�e, traqu�s comme du gibier � travers toute la for�t �quatoriale poursuivis sur plus de 2.500 km depuis Uvira, Bukavu et Goma jusqu�� Mbandaka en passant par Tingi-Tingi, Kisangani, et d�autres localit�s cit�es dans ce rapport et bien d�autres. Beaucoup de rapports existent � ce sujet, rapports longtemps �touff�s pour des raisons d�int�r�ts g�opolitiques et g�ostrat�giques, comme celui du Chilien Roberto Garreton et que corrobore aujourd�hui ce rapport du HCDH portant sur les violations des droits humains commis en R�publique d�mocratique du Congo de 1993 � 2003. Il est donc �tonnant qu�un journaliste de votre calibre tente de minimiser ce crime au lieu d��uvrer � sa reconnaissance, condition sine qua non d�une v�ritable �radication de l�impunit� et d�une v�ritable r�conciliation entre toutes les couches de la soci�t� rwandaise et au-del� pour montrer � l�humanit� enti�re qu�aucun crime ne peut et ne doit rester impuni.

Vous avancez l�id�e suivante�: ��En �voquant la possibilit� d�une deuxi�me trag�die �quivalente � la premi�re, qui serait en quelque sorte la r�plique de l�extermination planifi�e des Tutsis du Rwanda, les auteurs du rapport confortent de facto la th�se n�gationniste des id�ologues du Hutu Power selon lesquels il n�y a pas eu g�nocide, mais massacres spontan�s et contre-massacres. Or cette interpr�tation est une falsification��.
Ici, l�on est en droit de constater que vous vous lancez dans une th�orie aveugle, avanc�e depuis bient�t 16 ans par les autorit�s rwandaises, th�orie selon laquelle l�on ne peut �voquer les victimes hutus du conflit rwandais sans �tre n�gationniste ou r�visionniste, th�orie qui en r�alit�, sert non seulement � camoufler les forfaits commis par certains des responsables politiques et militaires actuels mais aussi � museler toute voix discordante qui ose montrer la vraie nature criminelle de ceux qui se sont pr�sent�s jusqu�aujourd�hui comme des lib�rateurs ayant arr�t� le g�nocide.
Et l� o� votre th�orie bat en absurdit� toutes celles qui l�ont pr�c�d�e, c�est qu�il s�agit dans le cas qui nous occupe des massacres survenues entre 1996 et 1997, soit 2 � 3 ans apr�s le g�nocide rwandais de 1994. D�o� votre th�orie est anachronique, puisque des massacres survenus chronologiquement apr�s ceux de 1994, ne peuvent en aucun cas servir de justification � ceux qui leur sont ant�rieurs, en tout cas pas en ce qui concerne les Hutus impliqu�s dans le g�nocide contre les Tutsis. Tout au plus s�il y avait une logique dans cette histoire, elle voudrait que ce soit les pr�sum�s coupables des crimes commis au Congo qui �voquent la trag�die de 1994 pour expliquer celle de 1996-97 et pour nier l�existence du g�nocide. Dans cette logique c�est donc plut�t le r�gime actuel accus� d�avoir commis des actes de g�nocide sur les r�fugi�s hutus qui devrait nier le g�nocide de 1994, pour s�exon�rer de celui de 1996-97. Or, vous savez qu�il n�en est rien et ce n�est pas ce que vous tentez d�expliquer.
Votre logique est donc � l�envers lorsque vous avancez qu�on ne peut qualifier les �v�nements de 1996-97 de g�nocide sans porter atteinte � la reconnaissance du g�nocide de 1994. Par contre, je comprends bien votre embarras et celui des gens auxquels vous tentez de venir au secours, car, il s�agit d�un fait singulier o� ceux qui se sont pr�sent�s comme les victimes d�hier deviennent � leur tour des bourreaux.

Un autre point �tonnant de votre d�fense est celui qui consiste �dire que puisque l�exode des Rwandais vers l�ex-Za�re aurait �t� encourag� voire encadr�, que cela pourrait en quelque sorte justifier la mise � mort de ces centaines de milliers de personnes. Cela a au moins le m�rite de reconnaitre implicitement que ces personnes ont �t� massacr�es, quitte � ce que vous cherchiez des circonstances att�nuantes aux pr�sum�s responsables ce forfait. Nous autres Rwandais, savons les v�ritables raisons qui ont pouss� des millions de Rwandais � fuir en masse vers l�ex-Za�re, la Tanzanie ou le Burundi. Cette envie de fuir co�te que co�te l�arriv�e de l�Arm�e Patriotique Rwandaise (APR) s�explique par les massacres � grande �chelle commis par les �l�ments de l�APR partout o� ils passaient sur leur route de la conqu�te du pouvoir. Les rescap�s de ces massacres racontaient aux autres ce qu�ils avaient vu et v�cu quand ils arrivaient dans des zones non encore conquises par l�APR et les gens choisissaient de fuir avant qu�ils ne subissent le m�me sort que celui qui leur �tait racont�. Qu�il y ait eu un appel des autorit�s � fuir dans certaines r�gions, c�est aussi un fait, de m�me que certaines autorit�s administratives ont tent� de maintenir un semblant d�organisation comme celle des lieux de provenance avant l�exode. Mais croire que des millions de personnes ont fui parce que les autorit�s les y ont forc�es, c�est si ce n�est de la mauvaise foi, du moins de l�ignorance.

Par ailleurs, lorsque vous �voquez les responsabilit�s des autres protagonistes comme le HCR ou d�autres Etats, vous voulez de nouveau excuser les pr�sum�s responsables de ces massacres en disant qu�en quelque sorte ce n�est pas de leur faute, puisque les autres n�ont rien fait. Vous imaginez-vous un pr�sum� g�nocidaire au TPIR d�Arusha entrain de plaider sa cause en disant ��ce n�est pas de ma faute c�est celle des Belges qui ont retir� leur contingent de la MINUAR���! Ici, je crois que le sadisme atteint son paroxysme. S�il y a d�autres responsabilit�s que celle de l�APR, elles ne diminuent en rien celle-ci, puisqu�il n�existe aucune norme internationale qui justifie le massacre des vieillards, des femmes, des enfants,�sous pr�texte qu�ils sont ou �taient dans les m�mes camps que les militaires ou les miliciens. En outre, il est document� que m�me lorsque des vieillards, des femmes et des enfants ont �t� regroup�s � part, ils furent massacr�s, sous le seul crit�re qu�ils �taient des r�fugi�s hutus.

S�il y a une responsabilit� des organismes comme le HCR, ce n�est pas celle que vous pointez du doigt, mais celle d�avoir refus� d�assister les militaires et leurs d�pendants dans des camps diff�rents de ceux des autres civils, ce qui a oblig� ces premiers � rejoindre les camps des autres civils pour leur survie. Or, un militaire vaincu et qui d�pose les armes, m�rite autant l�assistance internationale aussi longtemps qu�aucune juridiction ind�pendante de celle de son vainqueur ne l�a jug� et condamn�. Et d�ailleurs si condamnation il y a, la peine doit �tre purg�e dans les r�gles, la peine de mort elle-m�me suivant une certaine proc�dure dans les pays o� elle est toujours d�application.

Rien ne peut donc justifier la mise �mort des centaines de milliers de personnes, sans aucun autre forme de proc�s, et la responsabilit� des autres ne peut att�nuer celle de l�APR qui a pratiqu� la chasse � l�homme sous couvert d�une guerre de renversement de Mobutu. Chaque g�nocide est singulier de sa nature. Le g�nocide des tutsi en 1994 n�enl�ve en rien la r�alit� du g�nocide des r�fugi�s hutu deux ans plus tard, comme ce dernier n�enl�ve en rien � la r�alit� du g�nocide des tutsi. Ces faits sont graves et leur qualification doit �tre la plus rigoureuse qui soit pour rendre justice aux victimes et pour mettre fin � l�impunit� une fois pout toutes. Toutes les questions que vous soulevez quant au nombre exact des victimes ou quant aux noms des commandants responsables des massacres pourraient trouver des r�ponses si un tribunal ad hoc �tait constitu� avec des moyens cons�quents, ce rapport du HCDH n��tant qu�une �tape dans le recherche de la v�rit�, de toute la v�rit�, celle qu�on tente de nous cacher depuis plus d�une d�cennie, mais qui continue de r�clamer d��tre clam�e haut et fort.

Fait �Paris, le 16 septembre 2010

Pour le Comit�de Soutien aux FDU-Inkingi
Dr Emmanuel Mwiseneza, Conseiller � l�Information et � la Communication


septembre 18, 2010   4 Comments

Les juges fran�ais bouclent leurs recherches sur l’attentat en 1994 contre l’avion du Pr�sident Rwandais Habyarimana


Les juges Marc Tr�vidic et Nathalie Poux, accompagn�s notamment d’experts g�om�tres, pr�s de Kigali le 15 septembre 2010 (Photo: AFP)

Kigali – Les juges fran�ais charg�s de l’enqu�te sur l’attentat contre l’avion du pr�sident rwandais Juv�nal Habyarimana en 1994 achevaient vendredi � Kigali une semaine d’auditions de t�moins et de d�placements sur le terrain destin�s notamment � d�terminer l’origine des tirs.

Les juges Marc Tr�vidic et Nathalie Poux, accompagn�s notamment d’experts g�om�tres, en balistique, explosifs et incendie, devaient retourner vendredi apr�s-midi sur plusieurs sites cl�s de l’enqu�te avant de regagner Paris samedi, a expliqu� � l’AFP Me L�on-Lef Forster, avocat de la d�fense lui-m�me pr�sent � Kigali.

Depuis dimanche, le groupe de francais a multipli� les d�placements sur le terrain et les relev�s scientifiques pour tenter de d�terminer avec pr�cision l’origine des tirs de missiles, cruciale dans l’enqu�te.

Vendredi matin, une c�r�monie a �t� organis�e au minist�re de la Justice Rwandais avec la d�l�gation fran�aise. Il s’agissait, selon Me Forster, de “remercier le Rwanda pour sa coop�ration (…) ainsi que les juges fran�ais qui ont eu la d�marche objective apr�s 16 ans de se d�placer et de faire faire cette expertise qui permet enfin d’avoir des donn�es techniques plus pr�cises que de simples supputations orient�es”.

Le soir du 6 avril 1994, l’avion transportant notamment le pr�sident Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira avait �t� abattu en phase d’atterrissage � Kigali par au moins un missile antia�rien. Cet attentat est consid�r� comme le signal d�clencheur du g�nocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la minorit� tutsi.

Deux th�ses s’affrontent dans cette enqu�te: la premi�re met en cause l’ex-r�bellion du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, actuellement au pouvoir.

La seconde impute l’attentat aux extr�mistes “Hutu Power” des Forces arm�es rwandaises qui auraient voulu se d�barrasser du pr�sident Habyarimana, jug� trop mod�r�.

La commission d’enqu�te rwandaise sur l’attentat a d�fendu cette th�se, s’appuyant notamment sur les conclusions d’une expertise balistique britannique.

“Ce matin, il y a eu une r�union entre les experts britanniques et les experts fran�ais pour un �change de points de vue, d’informations, de r�flexions”, a rapport� Me Forster.

Les experts fran�ais doivent � pr�sent exploiter leurs donn�es et sont cens�s rendre leur rapport aux deux juges avant mars 2011.

[ARI-RNA]

septembre 18, 2010   1 Comment