Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda-RDC: Bosco Ntaganda r�pond devant la CPI d’une partie de ses crimes au Congo

Bosco Ntaganda

Le Rebelle Rwando-Congolais Bosco Ntaganda

La Cour p�nale internationale (CPI) attendait depuis plus de six ans l’arriv�e de Bosco Ntaganda � La Haye. Incarc�r� depuis vendredi 22 mars au soir dans la prison des criminels de guerre, le milicien faisait l’objet de deux mandats d’arr�t pour crimes contre l’humanit� et crimes de guerre commis en 2002 et 2003 en Ituri, au nord-est de la R�publique d�mocratique du Congo (RDC).
Il y a dix jours, Bosco Ntaganda combattait encore au sein du Mouvement du 23 mars (M23), l’une des nombreuses milices de la r�gion, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda qui convoitent �prement les richesses de RDC depuis plus de quinze ans. Mais le 18 mars, Washington, alli� de Kigali, annon�ait sa “reddition volontaire” � l’ambassade des Etats-Unis au Rwanda. Deux jours plus t�t, le Rwanda l’aurait “�vacu� par h�licopt�re de RDC”, selon un expert de la r�gion, apr�s des combats au sein du M23 alors que des pourparlers de paix sont en cours avec Kinshasa.

Pourquoi une telle reddition ? Le milicien a-t-il �t� l�ch� par le Rwanda ? A-t-il promis � Kigali de d�douaner le Rwanda de son implication dans les violences en RDC ? Quoi qu’il en soit, Bosco Ntaganda commencera, lors d’une audience mardi 26 mars, un face-�-face avec des juges internationaux qui devrait durer plusieurs ann�es.

A La Haye, le milicien serait “un peu perdu”, affirme une bonne source. Il y a pourtant retrouv� Thomas Lubanga, sous les ordres duquel il a combattu en 2002 et 2003, au sein de l’Union des patriotes congolais (UPC), commettant alors les faits qui lui sont aujourd’hui reproch�s : meurtres, viols, attaques de civils, pers�cutions, pillages…

L’Ituri n’est qu’un chapitre dans la carri�re sanglante du milicien. Apr�s 2003, Bosco Ntaganda a continu� � piller les sous-sols congolais et commis d’autres massacres. En 2006, “nous avions un plan pour l’arr�ter mais quelqu’un de l’ONU l’a pr�venu, raconte un ancien enqu�teur. C’�tait un peu d�primant de voir ce type-l� se promener librement.” A la faveur d’un accord de paix sign� en 2009, Bosco Ntaganda int�gre l’arm�e congolaise avec le grade de g�n�ral malgr� le mandat �mis par la CPI. L’officier coule des jours tranquilles � Goma, sous l’oeil de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc).

“CE N’EST PAS L’ARRESTATION DE NTAGANDA QUI VA R�GLER LE PROBL�ME”

A ce jour, trois miliciens congolais ont comparu devant la Cour, mais leurs proc�s sont rest�s superficiels, ramenant � de simples conflits ethniques les drames de l’est du Congo. Les juges n’ont jamais appel� � la barre des responsables de Kampala, Kinshasa ou Kigali, pourtant mis en cause par les t�moins. “Il faut aller au-del� des seigneurs de guerre locaux et poursuivre les hauts responsables qui les soutiennent”, soutient G�raldine Mattioli-Zeltner de Human Rights Watch. En novembre, un rapport des Nations unies accusait le Rwanda de fournir “des armes, des munitions et des renseignements au M23 la cha�ne de commandement dont fait partie Bosco Ntaganda a, � sa t�te, le g�n�ral James Kabarebe, ministre rwandais de la d�fense”.

Il y a quelques ann�es, le procureur avait commenc� � enqu�ter pour arracher les racines du crime : le pillage du pays. Ce fut co�teux, mal men� et vite abandonn�. D’autant que l’ancien procureur, Luis Moreno Ocampo, ne cachait pas son admiration pour le pr�sident rwandais.

Pourtant, dans l’est de la RDC, on estime que “ce n’est pas l’arrestation de Ntaganda qui va r�gler le probl�me”. Lundi soir sur Radio Okapi, une radio congolaise, un auditeur s’inqui�tait de l’attitude du Rwanda dans cette affaire : “Ils vont faire valoir � tout le monde qu’ils sont capables de coop�rer. Mais le Rwanda est capable de produire encore un autre Ntaganda.”

Sur la m�me radio, un autre regrettait que M. Ntaganda ne soit pas poursuivi “pour les crimes commis dans le Nord-Kivu”. “Dans le dossier Ntaganda, nous en restons aux crimes commis en Ituri. Mais nous continuons nos enqu�tes dans les Kivus”, affirme Pascal Turlan, responsable de la coop�ration internationale au bureau du procureur. Beaucoup d’observateurs rappellent que le procureur, qui enqu�te d�j� dans huit pays, a des moyens limit�s pour enqu�ter (moins d’un quart du budget de la CPI).

A l’ONU, le Conseil de s�curit� d�bat de l’int�gration d’une brigade d’intervention rapide au sein de la force de la Monuc lui donnant mandat d’intervenir contre les groupes arm�s. Pour plusieurs Etats r�fractaires, la reddition de Bosco Ntaganda rend d�sormais le projet caduc.

Source: Le Monde.

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