Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda: Proc�s contre l’opposante politique Victoire Ingabire

par Dr Emmanuel Mwiseneza

Victoire Ingabire

Victoire Ingabire Umuhoza

Tout le monde attend le proc�s intent� contre Mme Victoire Ingabire Umuhoza, Pr�sidente des FDU-Inkingi, parti d�opposition que les autorit�s rwandaises refusent toujours de reconna�tre. Officiellement, elle est accus�e : d�id�ologie du g�nocide, de collaboration avec un groupe terroriste, de divisionnisme, de propagation des rumeurs visant � soulever la population contre le pouvoir, de cr�ation d�une arm�e rebelle, de vouloir renverser le pouvoir par la force. Mais derri�re ce maquillage judiciaire, se cachent en r�alit� des motifs politiques de la dictature du FPR comme nous allons le d�montrer.

a. Motifs politiques :

Depuis l�installation du pouvoir dirig� par le FPR-Inkontanyi, ses responsables ont instaur� une tradition d�organiser des proc�s judiciaires dans le but d��carter des opposants r�els ou suppos�s. D�s l�entr�e en fonction, le r�gime de Paul Kagame a jet� en prison des centaines des milliers de personnes accus�es � tort ou � raison de participation au g�nocide. Si parmi ces prisonniers il y avait des personnes qui auraient pu participer au g�nocide, petit � petit, des personnes furent faussement accus�es de ce crime dans le but de les exproprier de leurs biens ou pour les mettre hors jeu politiquement. C�est aussi ce que dit en substance le dernier communiqu� de l�organisation Amnesty International[1].

Toutes les personnes qui ont, � un moment ou un autre, essay� de contredire les tenants du pouvoir, ont �t� poursuivies soit pour g�nocide, soit pour id�ologie du g�nocide et ce, m�me apr�s plusieurs ann�es de bons et loyaux services envers ce r�gime. Les exemples ne manquent pas : l�ex-premier ministre Pierre C�lestin Rwigema, l�ex-pr�sident du parlement Alfred Mukezamfura ou encore l�ancien s�nateur Safari Stanley furent poursuivis et condamn�s pour g�nocide, alors qu�ils avaient occup� ces hautes fonctions pendant plusieurs ann�es. Tous ceux qui ont voulu se montrer critiques ou qui ont voulu quitter le FPR officiellement pour cr�er un parti d�opposition tels que l�ancien Pr�sident Pasteur Bizimungu, l�ancien ministre Charles Ntakirutinka, l�ex-candidat � l��lection pr�sidentielle de 2003, le docteur Th�oneste Niyitegeka, ont �t� poursuivis pour des crimes fabriqu�s de toutes pi�ces. La r�alit� est pourtant tout autre : les motifs politiques sont les principales raisons de ces proc�s.

Lorsque Mme Victoire Ingabire arrive au Rwanda le 16 janvier 2010, le r�gime est d�contenanc� devant la d�termination de cette dame qui ne m�che pas les mots pour d�noncer le mus�lement de la presse, les injustices sociales, des proc�s in�quitables et un deuil discriminatoire. D�fier le g�n�ral Paul Kagame et aspirer � �tre son challenger aux �lections pr�sidentielles, ne pouvait qu�attirer les foudres contre la Pr�sidente des FDU-Inkingi. Le r�gime du FPR n�a pas l�sin� de moyens pour trainer Mme Ingabire dans la boue tout en se cachant derri�re les motifs judiciaires.

i. Pers�cution de Mme Victoire Ingabire Umuhoza d�s son arriv�e au Rwanda

Lorsque les FDU-Inkingi annonc�rent leur intention d�aller s�implanter au Rwanda en vue de participer aux �lections pr�sidentielles d�ao�t 2010, les actes d�intimidation et autres menaces commenc�rent pour dissuader les FDU-Inkingi de rentrer au Rwanda. Les premi�res tentatives furent �videmment le refus d�octroi des passeports aux candidats potentiels au retour au Rwanda en vue d�y implanter le parti. Ce refus n�entama en rien la d�termination des FDU-Inkingi � rentrer au Rwanda pour y exercer les droits politiques reconnus par la Constitution en vigueur au Rwanda. Le gouvernement rwandais recourut alors aux m�dias qu�il contr�le pour diaboliser Mme Victoire Ingabire Umuhoza et au lobbying pour l�accuser d�avoir os� participer, avec des repr�sentants des FDLR, � une r�union sur la r�conciliation des Rwandais. Comble de l�ironie, le FPR avait �t� aussi convi� et �tait repr�sent� � cette r�union organis�e � Barcelone par une ONG espagnole. Pourtant, tout le monde reconna�t que les FDLR font parti de l��quation � r�soudre pour garantir une paix durable � la r�gion des Grands Lacs en g�n�ral et au Rwanda en particulier.

Les appels au lynchage de la Pr�sidente des FDU-Inkingi furent lanc�s par les plus hautes autorit�s de l�Etat. L�unique quotidien rwandais, le pro-gouvernemental The New Times (TNT), se consacra � une s�rie d��ditoriaux et d�articles, qui chaque jour, d�form�rent, transform�rent les discours de Mme Ingabire, la d�nigr�rent, la trait�rent de tous les noms d�oiseaux, l�accus�rent de d�fendre la th�se du double g�nocide, de propager l�id�ologie g�nocidaire, de pr�cher le divisionnisme, de porter atteinte � l�unit� nationale, de collaborer avec les FDLR, etc. Les autres m�dias de l�Etat ou qui sont proches du pouvoir embo�t�rent le pas � TNT et relay�rent les appels au lynchage � son encontre. Son seul crime : avoir os� �voquer les poursuites contre les personnes responsables des massacres, crimes de guerre et crimes contre l�humanit� commis contre les Hutus � l�instar des responsables du g�nocide contre les Tutsis. Elle est � coupable � d�avoir appel� � lutter contre l�impunit� en pointant du doigt des crimes commis par l�arm�e du FPR. Or ces crimes ont �t� confirm�s par ailleurs par le rapport de l�ONU � Mapping exercice � publi� le 1 octobre 2010.

Le 3 f�vrier 2010, elle sera agress�e dans l�enceinte du bureau administratif du Secteur Kinyinya. Comme cela ne suffisait pas pour d�courager la pr�sidente des FDU-Inkingi, la police prit le relais et commen�a � la convoquer quasi-quotidiennement pour des interrogatoires qui dureront des fois jusqu�� 10 heures par jour. L��preuve d�usure psychologique entre alors en marche. Lorsqu�elle voulut prendre l�avion pour aller rendre visite � sa famille, la police l�en emp�cha alors qu�aucun ordre de quitter le territoire ne lui avait �t� intim� pr�c�demment. Le 22 avril 2010, elle est plac�e en r�sidence surveill�e. En r�alit�, les torts majeurs reproch�s � Madame Victoire Ingabire Umuhoza et son parti sont ceux d�avoir os� cr�er un parti d�opposition et d�avoir demand� que les personnalit�s politiques et militaires au sein du r�gime coupables pr�sum�s de crimes de guerre et de crimes contre l�humanit� soient d�f�r�s devant la justice.

ii. Pers�cution des autres membres des FDU-Inkingi

En m�me temps que la campagne de diabolisation et d�agression contre Mme Ingabire s�intensifiait, les autres membres du parti qui ont os� s�affirmer comme tels ou soup�onn�s de l��tre, furent � leur tour pers�cut�s, renvoy�s de leur travail, battus et certains furent emprisonn�s ou port�s disparus. Alors qu�ils se pr�paraient � participer � une manifestation organis�e par l�opposition[2] en date du 24 juin 2010, des centaines de membres des FDU- Inkingi ont �t� interpell�s et battus par des policiers � Gishushu (Remera) ainsi que devant le minist�re de la Justice � Kimihurura. Ils se rendaient � une manifestation pacifique devant le minist�re pour demander au gouvernement de lever : le refus d�enregistrement des FDU-Inkingi ; les mesures restrictives et les fausses accusations contre leur pr�sidente Mme Victoire Ingabire Umuhoza plac� en r�sidence surveill�e depuis le 22 avril 2010 et priv�e de ses droits publics �l�mentaires.

Deux membres du comit� ex�cutif provisoire des FDU-Inkingi, M. SylvainSibomana, Secr�taire g�n�ral, et Mme Alice Muhirwa, furent arr�t�s et tortur�s par les �l�ments de la police nationale. Mme Alice Muhirwa sera hospitalis�e plusieurs jours suite � ces maltraitances. D�autres responsables des FDU-Inkingi notamment ceux de la Ville de Kigali furent �galement battus, arr�t�s et mis en cachot avec des membres du PS-Imberakuri dont leur pr�sident Me Bernard Ntaganda. Derri�re les accusations criminelles port�es � l�encontre de tous ces membres, se cachent des motifs politiques : aucun citoyen n�a le droit de manifester pacifiquement contre le r�gime et les lois liberticides taill�es sur mesure afin de se maintenir ind�finiment au pouvoir.

iii. Refus d�enregistrement du parti FDU-Inkingi

Les FDU-Inkingi sont un parti d�opposition fond� en exil et qui a pris la d�cision de rentrer au Rwanda, y exercer ses droits politiques reconnus par la Constitution rwandaise et ce d�autant plus que les autorit�s rwandaises n�arr�tent pas de crier au monde entier que les portes sont ouvertes pour tous les r�fugi�s qui souhaitent rentrer dans leur pays. Lorsqu�elle arrive au Rwanda, Mme Ingabire entame directement les d�marches administratives en vue de faire enregistrer les FDU-Inkingi, qui entre-temps avaient pu recruter les membres � l�int�rieur du pays. Comme le pr�voit la loi rwandaise sur les partis politiques[3], pour �tre agr��, chaque formation politique doit tenir une Assembl�e Constituante, r�unissant les repr�sentants du parti de chaque district, selon une r�partition impos�e par cette loi.

Les FDU-Inkingi ont demand� � plusieurs reprises l�autorisation de tenir la Constituante, mais chaque fois cela leur fut refus�. Dans un premier temps, les autorit�s locales pr�tendirent qu�il fallait d�abord la permission de la police, ce que cette derni�re rejeta, avant de se rabattre comme toujours sur des crimes suppos�s de Mme Ingabire, alors m�me que lors des premi�res demandes, elle ne faisait jusqu�alors l�objet d�aucune inculpation. Lorsque l�autorisation fut demand�e par le premier vice-pr�sident du Comit� Ex�cutif Provisoire, ce fut la m�me rengaine, alors que lui non plus, ne faisait l�objet d�aucune poursuite. L��vidence finit par s�imposer, le r�gime en place ne voulait d�aucune mani�re la reconnaissance d�un v�ritable parti d�opposition, mais pour tromper l�opinion, ce fut toujours les motifs criminels suppos�s de la pr�sidente de Mme Ingabire qui furent mis en exergue.

b. Transformations des motifs politiques en raisons criminelles

Ce que tout le monde redoutait depuis un certain temps, notamment depuis l�entr�e en sc�ne du Pr�sident Kagame, arriva. R�pondant � une �ni�me convocation de la police anti-criminelle (CID), Mme Ingabire f�t arr�t�e le 21 avril 2010 vers 9 h GMT. Stupeur et consternation s�install�rent parmi ceux qui luttent pour la d�mocratie et qui r�vaient d�une amorce d�un changement d�mocratique et pacifique. Le m�me jour, elle fut pr�sent�e au parquet pour lui signifier qu�elle �tait inculp�e pour id�ologie du g�nocide, divisionnisme et collaboration avec un mouvement terroriste, les FDLR. Sa maison fut fouill�e de fond en comble, ses ordinateurs, t�l�phones portables, flashs disc, SIM cards, CD�s, documents divers furent emport�s par la police et elle fut emmen�e au cachot o� elle passa la nuit. Par ces documents la police a pu se procurer tout le fonctionnement des FDU-Inkingi, les noms de leurs membres qu�elle a commenc� � intimider et � harceler. Le 22 avril 2010, Mme Ingabire sera mise en libert� sous contr�le judiciaire. Les harc�lements vont cependant continuer jusqu�� sa seconde arrestation le 14 octobre 2010 apr�s une semaine de si�ge. Elle fut d�abord d�tenue � la station de police de Kicukiro avant d��tre transf�r�e � la prison centrale de Kigali, appel�e � 1930 �, o� elle est d�tenue jusqu�aujourd�hui.

c. Les chefs d�accusation :

i. L�id�ologie du g�nocide :

� Moi et ma formation politique FDU-Inkingi, fond�e en 2006, reconnaissons qu�en 1994 il y a eu au Rwanda un g�nocide contre les Tutsi. Nous reconnaissons aussi qu�avant 1994, en 1994 et apr�s 1994, il y a eu au Rwanda des crimes de guerre et des crimes contre l�humanit� ayant vis� les autres composantes de la population rwandaise. Ce sont des faits concrets auxquels nous avons assist� et qui ont �t� reconnus par l�Organisation des Nations Unies dans sa R�solution 955 du 08 novembre 1994. Nous affirmons aussi sans ambages que toute personne ayant une responsabilit� dans ces crimes, qu�elle ait fait partie de l�ancien r�gime ou qu�elle fasse partie du r�gime actuel, doive r�pondre de ses actes devant la justice. Tous ces deux crimes sont graves et sont imprescriptibles mais nous n�avons jamais cherch� � les comparer ni � exon�rer les responsabilit�s des uns par les responsabilit�s des autres. Nous reconnaissons aussi que le crime de g�nocide est le degr� le plus haut de l�inhumanit�. Nous militons pour que la souffrance de tous les rescap�s soit suffisamment reconnue et qu�une indemnisation sp�ciale leur soit accord�e �, Mme Victoire Ingabire Umuhoza, Communiqu� des FDU-Inkingi du 03 mai 2010.

Cette d�claration est on ne peut plus claire et reprend ce que les FDU-Inkingi et sa pr�sidente ont toujours dit publiquement. Il n�y a aucun doute sur la reconnaissance du g�nocide par les FDU-Inkingi et par sa pr�sidente. Elle est donc victime de la d�lation mensong�re du FPR qui veut liquider tout leader d�opinion en se servant de la loi n�18/2008 du 23/07/2008 sur l�id�ologie g�nocidaire. Cette loi a �t� con�ue d�une fa�on voulue vague et ambig�e comme outil de chantage, pour la faire peser comme l��p�e de Damocl�s, sur toute personne qui ne partage pas la pens�e unique du FPR ou qui se hasarde � affirmer que le FPR a commis des crimes contre l�humanit�, voire m�me des actes qui pourraient �tre qualifi�s de g�nocide contre les hutus (Proc�s Peter Erlinder, V. Ingabire Umuhoza, Deo Mushayidi, Paul Rusesabagina, Ntaganda Bernard, etc. ).

Toute diff�rence de point de vue sur les faits av�r�s de notre histoire r�cente, toute �vocation des crimes et des victimes du FPR pendant le conflit de 1990 � 1994 et apr�s, peut �tre assimil� � l�id�ologie du g�nocide. Le ministre rwandais de la justice Tharcisse Kagarurama avait lui-m�me reconnu que cette loi posait probl�me, cela apr�s que les organisations de d�fense des droits de l�homme telle que l�organisation Amnesty International avaient �mis des r�serves fortes dans ce sens, mais depuis lors rien n�a chang�[4].

ii. Divisionnisme :

Les FDU-Inkingi sont une formation d�opposition. Cela n�est nullement un myst�re que sur le plan de la gouvernance du pays et de la coh�sion nationale les FDU-Inkingi sont en opposition totale avec le r�gime. Notre formation ne peut pas accepter de se ranger derri�re le parti qui dirige actuellement le pays sous pr�texte que ne pas avoir la m�me vision que le FPR est volontairement assimil� � du divisionnisme. La Constitution de notre pays, que le r�gime du FPR a mise en place lui-m�me, reconna�t le multipartisme, les citoyens ont en principe le droit d�avoir des projets politiques concurrents de ceux du parti au pouvoir. Dire au monde entier que les Rwandais sont sous le joug de la peur et d�un totalitarisme politique d�un autre �ge, d�noncer une justice qui est sous la coupole de l�ex�cutif et des tribunaux populaires �gacaca� qui ne permettent pas l�assistance par un conseil, d�noncer la famine criante dans les campagnes rwandaises et les bidonvilles, regretter que les soins de sant� de base fassent d�faut malgr� l�affiliation obligatoire � une mutuelle de sant�, et que l�acc�s aux �coles secondaires et sup�rieures soit soumis � des crit�res discriminatoires, condamner les violations graves du droit humanitaire et le pillage massif des ressources naturelles du Congo et demander que les auteurs de tels crimes soient poursuivis; c�est cela que le r�gime appelle le divisionnisme et qui est reproch� � la pr�sidente des FDU-Inkingi.

iii. Collaboration avec un groupe terroriste :

La d�cision de rentrer pacifiquement faire la politique au Rwanda et contre un r�gime que nous savions dictatorial et irrespectueux des droits fondamentaux des citoyens n�a pas �t� simple et n�a pas �t� prise � la l�g�re. Tous les scenarii pour r�soudre les probl�mes politiques du Rwanda ont �t� examin�s avec leurs cons�quences, et bien que nous trouvions la voie pacifique sem�e de beaucoup d�emb�ches, elle nous est parue la meilleure solution � long terme, car elle est la seule capable de garantir une alternance sans nouvelle effusion de sang et en pr�servant le tissu social rwandais.

En tant que politique, Mme Ingabire a effectivement rencontr� un d�l�gu� des FDLR, � Barcelone en Espagne ; la rencontre �tait facilit�e par des Organisations Non-Gouvernementales de ce pays. Beaucoup de participants ont pris part � cette rencontre, parmi lesquels une d�l�gation venue du Rwanda dont un parmi eux s�est d�clar� ouvertement d�appartenance FPR[5]. Les FDLR sont des Rwandais comme les autres, elles ont besoin d��tre rassur�es pour regagner le bercail sans avoir peur d��tre accus�es arbitrairement, et il n�y a rien d�anormal � ce qu�ils participent � une r�union ayant pour objet la r�conciliation.

Les FDU-Inkingi sont en d�saccord total avec la politique du gouvernement de � d�bauchage � de quelques dirigeants des FDLR, tout en privil�giant l�usage de la force contre tous les autres, comme si le gouvernement n�avait aucun int�r�t � ce que le probl�me des FDLR soit r�solu une fois pour toutes. Nous savons par exp�rience, que jamais le seul usage de la force n�a contribu� � r�soudre les probl�mes ayant des origines politiques. C�est cette position politique qui vaut � la pr�sidente des FDU-Inkingi d��tre accus�e de collaboration avec un mouvement � terroriste �.

iv. Propagation des rumeurs visant � soulever la population contre le pouvoir :

Les FDU-Inkingi sont une formation qui s�int�resse d�abord � la population. Lorsqu� elles montrent tous les probl�mes auxquels la population est confront�e, ce n�est pas elles qui doivent �tre accus�es de soulever la population contre le pouvoir. C�est au contraire ce m�me pouvoir qui est � l�origine du m�contentement de la population, qui doit �tre d�nonc�, � cause de sa politique qui privil�gie les int�r�ts d�un groupe d�individus au d�triment du reste de la population, exerce une justice politique qui fait la chasse aux sorci�res, d�veloppe la d�lation pour semer la haine et les ranc�urs entre les citoyens pour continuer � r�gner sur les divisions, ravage les cultures des agriculteurs pour les affamer et les maintenir dans la d�pendance. Ce n�est donc pas un crime pour une formation d�opposition de pointer du doigt les probl�mes majeurs auxquels la population fait face et auxquels le parti veut proposer des solutions alternatives.

v. Cr�ation d�une arm�e rebelle pour renverser le pouvoir par la force :

Connaissant les ant�c�dents qu�il a cr��s lui-m�me, contrairement � l�assertion pr�tendant qu�il se soucie de l�int�r�t de la s�curit� du peuple rwandais, le FPR cherche � prot�ger � tout prix son syst�me, et crie au loup chaque fois qu�un opposant ose se d�clarer ouvertement contre son totalitarisme. En effet, ce r�gime, parce qu�il ne croit pas du tout en l�alternance politique par des voies pacifiques et d�mocratiques, a peur qu�une autre organisation ne cherche � r��diter ses exploits de conqu�te du pouvoir par les armes. Le G�n�ral Paul Kagame, � cause de sa gouvernance dictatoriale et des graves crimes contre l�humanit� qu�il est soup�onn� d�avoir personnellement ou par d�l�gation commis, sait pertinemment qu�il ne peut pas gagner des �lections libres et transparentes.

Les accusations selon lesquelles la pr�sidente des FDU-Inkingi serait impliqu�e dans des actions militaires et dans la formation de groupes terroristes sont mensong�res et des pures affabulations. Le procureur de la R�publique appuie toute son accusation sur les d�clarations d�un autre accus� devenu t�moin cl�, un certain Vital Uwumuremyi, qui affirme qu�il aurait propos� � madame Victoire Ingabire la cr�ation d�un mouvement rebelle CDF, et qu�elle aurait accept� le plan, et pay� quelques milliers de dollars pour une �tude de faisabilit�. Personne dans la r�gion n�est au courant de ce mouvement. Le m�me t�moin cl� a fourni une liste de complices, eux aussi ex-membres des FDLR, qui par hasard �taient d�j� en prison avant le retour de l�accus�e principale au Rwanda.

Autour des d�clarations de ces accus�s-t�moins, le minist�re public a construit une double accusation de cr�ation d�une r�bellion, d�actes terroristes pour tenter de renverser le r�gime par la force. Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Le parquet rwandais a m�me pr�tendu que le puits perdu de sa maison de location destin� � collecter des eaux de pluies serait une tranch�e militaire. Aussi, ces d�lations soutenues par des prisonniers qui se rach�tent ou sont pay�s aux gros sous par les services secrets, sont-elles d�nu�es de tout fondement et sont devenues monnaies courantes pour neutraliser ou emprisonner tous les opposants au r�gime du G�n�ral Kagame[6]. C�est ainsi que D�o Mushayidi, Bernard Ntaganda, Paul Rusesabagina, et caetera font tous l�objet du m�me chef d�accusation que Mme Victoire Ingabire Umuhoza.

vi.Complicit� dans les actes visant � renverser le pouvoir par la force :

Toute formation d�opposition s�inscrit dans la ligne de remplacement du pouvoir auquel il est oppos�. En choisissant de rentrer au Rwanda pour y faire la politique, les FDU-Inkingi ont annonc� clairement leur intention de remplacer le pouvoir du FPR par un pouvoir issu des urnes, c�est-�-dire issu du choix du peuple. Pour des raisons que nous avons expliqu�es, les FDU-Inkingi ont cependant exclu l�usage de la force et ont choisi la voie pacifique, la seule nous semble �tre la meilleure solution � long terme. Les FDU-Inkingi n�ont donc rien avoir avec ceux qui pr�pareraient le renversement du pouvoir par la force. C�est de nouveau un crime fabriqu� de toutes pi�ces pour emp�cher les FDU-Inkingi d��tre en comp�tition pour le pouvoir.

d. Ing�rences de l�ex�cutif et des autorit�s politiques dans le dossier judiciaire

Dans un Etat de droit digne de ce nom, le syst�me ex�cutif est garant du respect de la Constitution. La Constitution rwandaise reconna�t l�ind�pendance du syst�me judiciaire et l��galit� de tous les citoyens devant la loi. La pr�somption d�innocence est par ailleurs reconnue par la loi aussi longtemps qu�il n�y a pas eu de condamnation par un tribunal comp�tent.

M�me si l�ind�pendance de la justice rwandaise est sujette � caution, les plus hautes autorit�s rwandaises, � commencer par la premi�re d�entre-elles, le Pr�sident de la R�publique, le G�n�ral Paul Kagame, n�ont pas attendu que la justice se prononce dans le dossier de Mme Ingabire pour l�accuser sans nuance aucune des crimes invent�s de toutes pi�ces.

Le ballet des attaques fut initi� d�s le lendemain de son arriv�e au Rwanda par le ministre de la s�curit� int�rieure et pr�sident du Parti D�mocratique Id�al, un parti-satellite du FPR, Sheikh Mussa Fazil Harerimana. Dans son interview dans le quotidien ind�pendant pro-gouvernemental, The New Times[7], le ministre Harerimana charge Mme Ingabire et l�accusa de r�visionniste et de n�gationniste et la mena�a de poursuites pour la simple raison qu�elle avait os� dire que les victimes hutues du conflit rwandais devaient elles aussi � l�instar des victimes du g�nocide des Tutsis, �tre honor�es dignement. Voil� la dialectique du FPR , �voquer les victimes hutues est assimil�e � nier le g�nocide des Tutsis!

Dans le m�me ordre d�id�es, le Secr�taire Ex�cutif de la Commission Nationale de Lutte contre le G�nocide (CNLG), Jean de Dieu Mucyo s�en est pris violemment � Mme Ingabire qu�il accusa de divisionniste et en appela aux autorit�s pour trouver une suite appropri�e. Le m�me discours fut poursuivi ensuite les partis satellites du FPR. M. Jean Damasc�ne Ntawukuriryayo, pr�sident du Parti Social D�mocratique (PSD) et porte-parole du S�nat d�alors, qui insinua que Mme Ingabire semait le doute sur l�existence du g�nocide commis contre les Tutsis., Ensuite M. Protais Mitali, pr�sident du Parti Lib�ral, qui accusa Mme Ingabire de jouer la carte ethnique[8].

A tout seigneur tout honneur, la palme d�or revient enfin au Pr�sident Paul Kagame lui-m�me. Dans un discours tr�s remont� prononc� le 07 avril 2010, � l�occasion de la comm�moration du g�nocide, le pr�sident Paul Kagame traita publiquement Mme Victoire Ingabire Umuhoza de � hooligan que les Occidentaux veulent placer � la t�te du pays �[9].

Dans plusieurs sorties publiques, le pr�sident de la R�publique se prit � elle, allant jusqu�� d�clarer que Mme Ingabire allait se heurter � un � mur de lois � qui l�emp�chera de se pr�senter � l��lection pr�sidentielle. Il n�h�sita pas � d�clarer que � nous nous sommes battus et ce que nous [le FPR, ndlr] avons obtenu par les armes, ils ne nous le prendront pas par les urnes �. Dans un autre discours, il d�clara que l�espace politique au Rwanda �tait pleine. D�s lors que le Pr�sident de la R�publique parle en ces termes, on comprend ais�ment le lien entre la politique et la justice ainsi que la marge de man�uvre qui reste � cette derni�re, qui d�sormais peut se mettre au travail pour ex�cuter les ordres venus de la pr�sidence de la R�publique.

e. Conclusion

Comme nous venons de le montrer tout au long de ce document, le proc�s intent� � Mme Victoire Ingabire Umuhoza est un proc�s politique destin� � �carter un concurrent politique dans le but de p�renniser la dictature du parti-Etat, le FPR. D�s que les FDU-Inkingi ont annonc� leur intention de rentrer faire la politique au Rwanda, les attaques de toutes sortes ont commenc� et aucune initiative n�a �t� laiss�e de c�t� pour dissuader les FDU-Inkingi de rentrer au Rwanda. Du refus des passeports aux membres du parti qui souhaitaient rentrer au Rwanda avec la pr�sidente pour implanter le parti, aux accusations sans fondement de collaboration avec les rebelles des FDLR op�rant � l�Est de la R�publique D�mocratique du Congo, rien n�a �t� laiss� au hasard. Voyant la d�termination toujours intacte de la Pr�sidente des FDU-Inkingi, les strat�ges du r�gime ont opt� pour la transformation sournoise des motifs politiques en raisons criminelles pour barrer la route aux FDU-Inkingi et � Mme Ingabire, leur pr�sidente. La transformation de son discours au m�morial de Gisozi, la campagne m�diatique haineuse men�e par une presse du r�gime partisane, l�ing�rence des autorit�s dans le dossier judiciaire, les attaques physiques dirig�es contre Mme Ingabire dans les locaux administratifs du secteur Kinyinya, alors qu�elle y avait �t� invit�e par les autorit�s pour des d�marches administratives, le changement permanent des charges port�es contre elles, la fabrication des t�moins et des preuves par le procureur et les services secrets, le refus de laisser Mme Ingabire s�entretenir avec ses avocats en toute libert�, etc. sont autant d��l�ments qui nous permettent de conclure que ce proc�s est politique et que sa solution ne peut �tre que politique.

Comme l�a dit le professeur Filip Reyntjens (chronique politique du Rwanda 2009-2010, Anvers, mai 2010), Mme Ingabire est en fin de compte victime d�avoir publiquement mis en cause les fondements m�me du pouvoir en s�attaquant � trois monopoles du FPR: a) le statut du FPR comme �autorit� morale�, b) le statut des Tutsis comme �seuls victimes� du g�nocide rwandais, c) le statut des Hutus comme �criminels�. Ces trois piliers constituent en fait la base de la l�gitimit� interne et internationale du FPR. Son r�gime a donc vu l��mergence d�une r�elle opposition � l�int�rieur du pays, qui revendique l�ouverture de l�espace politique, comme une menace d�une situation que le FPR consid�rait comme acquise, � savoir : le contr�le total de la politique et de la soci�t� rwandaise.

Mais alors, un pouvoir qui s�est impos�e par la force et par cons�quent ill�gitime, peut-il rendre justice ? Un pouvoir totalitaire us�, pr�sum� criminel, n�potiste, client�liste, incapable de r�soudre l��pineux probl�me de la r�conciliation nationale et la plupart des probl�mes auxquels sont confront�s nos concitoyens, ne m�rite-t-il pas plut�t d��tre remplac� par un pouvoir choisi par le peuple ? Nous tenterons prochainement d�apporter une esquisse de r�ponse � toutes ces interrogations

Pour le Comit� de coordination FDU-Inkingi
Dr Emmanuel Mwiseneza
D�l�gu� � l�Information et � la Communication


[1] Amnesty International on Saturday called on Rwanda to stop using a law aimed preventing ��genocide ideology�� to stifle dissent and charge critics and journalists, in http://news.yahoo.com/s/afp/20110618/wl_africa_afp/rwandapoliticsrightsmedia_20110618152919

[2] Cette manifestation dont l�autorisation avait �t� demand�e par le Parti PS-Imberakuri fond� par Me Bernard Ntaganda, aujourd�hui lui-m�me en prison, fut r�prim�e sauvagement par la police avant m�me qu�elle n�ait lieu.

[3] Loi organique n� 19/2007 du 04/05/2007, compl�tant la loi organique n� 16/2003 du 27/06/2003 : m�me si cette loi est con�ue sur mesure pour dissuader les autres partis politiques de voir le jour, les FDU-Inkingi avaient d�cid� de la respecter et avaient r�ussi � remplir les conditions draconiennes impos�e par cette loi.

[4] � R�agissant � ce texte, le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama a estim� que ces lois ont �t� vot�es dans l�int�r�t du Rwanda pour �viter la r��dition du g�nocide perp�tr� contre les Tutsi en 1994. ��Comme d�autres pays � travers le monde, le Rwanda a des lois sur l�id�ologie du g�nocide pour que nous ne retournions jamais � la haine et au divisionnisme du passé », a expliqu� M. Karugarama, dans un communiqu� officiel d�non�ant un rapport ��inexact et partisan��. ��Toutefois, dans le processus de reconstruction de notre pays et de d�veloppement de notre syst�me de justice, nous sommes en train d�amender tous nos textes de loi��, a-t-il expliqu�. ��Ainsi, les lois sur l�id�ologie du g�nocide et le divisionnisme sont actuellement en cours de r�vision et nous les amenderons dans l�int�r�t du Rwanda��, a ajout� ce responsable, sans pr�ciser la nature de cette r�vision. �, (Rwanda: Amnesty demande la r�vision des lois sur “l’id�ologie du g�nocide”)

[5] http://www.veritasrwandaforum.org/dialeg/COMMUNIQUE_FINAL_DIALOGUE_INTRA.pdf

[6] Rwanda: Stop Attacks on Journalists, Opponents

[7] The New Times, Monday 18th January 2010

[8] Idem

[9] http://www.rnanews.com/index.php?option=com_content&view=article&id=3115:qforeigners-imposing-hooligans-like-ingabire-on-rwandaq&catid=17:politics&Itemid=36

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