Le 04/12/2010, le pr�sident Paul Kagame du Rwanda a rencontr� la diaspora rwandaise en Europe. Le rendez-vous a eu lieu � Bruxelles dans la salle Autoworld au Parc du Cinquantenaire � Bruxelles.

De prime abord, il est � signaler qu�acc�der � la salle de rencontre �tait un parcours de combattant tellement les mesures de s�curit� �taient draconiennes. Il fallait montrer patte blanche avant d�y entrer�: il y avait 4 haies de s�curit� en zigzague qu�il fallait franchir puis laisser son t�l�phone portable, �ter son manteau et le faire passer aux rayons laser, puis une fouille corporelle, ensuite passer le portique magn�tique, �

L�enregistrement a eu lieu � partir de 11h mais la file �tait longue. Ceux qui n��taient pas arm�s de patience ont jet� l��ponge et sont rentr�s. A cela s�ajoute que le pr�sident Paul Kagame, qui devait arriver officiellement � 13h selon ce qui �tait marqu� sur l�invitation lanc�e par l�ambassade rwandaise � Bruxelles, n�a atterri qu�� 18h. Et les contr�les et les enregistrements �taient toujours en cours � l�entr�e de la salle. C�est probablement la raison pour laquelle Paul Kagame est arriv� dans la salle par une porte d�rob�e de derri�re qui donne directement sur le podium�: � l�ouverture du rideau, Paul Kagame �tait sur la sc�ne. Applaudissements. Il �tait entour� de l�ambassadeur G�rard Ntwari de Bruxelles, Evode Twagirayezu (Mons), repr�sentant de la diaspora rwandaise en Belgique et d�une jeune fille repr�sentante de la jeunesse rwandaise en Belgique. Dans la salle, Dr Jean Mukimbiri a jou� au mod�rateur.

Apr�s le mot de bienvenue de l�ambassadeur, le repr�sentant de la diaspora rwandaise en Belgique a pris la parole.

Il a expos� bri�vement les progr�s r�alis�s par le r�gime de Kigali et est ensuite pass� aux dol�ances de Rwandais de Belgique�:

- Le mauvais fonctionnement de la justice en g�n�ral et des tribunaux Gacaca en particulier.

- Le niveau bas de l�enseignement au Rwanda reconnu m�me dans un rapport d�une commission parlementaire dans lequel les d�put�s rwandais ont signal� que certains laur�ats des universit�s rwandaises sont incapables d��crire correctement une lettre de demande d�emploi. La cons�quence est que bon nombre de Rwandais envoy�s aux �tudes en Belgique n�ont pas le niveau requis et doivent refaire des ann�es de mise � niveau.

- Des r�formes intempestives dans diff�rents secteurs de la vie nationale dont l�introduction pr�cipit�e de l�anglais qui a occasionn� pas mal de probl�mes dans l�enseignement.

- le probl�me des pensions�: le Rwanda devrait signer un accord bilat�ral avec la Belgique, ce qui permettrait aux Rwandais ayant travaill� au Rwanda et naturalis�s belges de recevoir leur pension de retraite.

- L�inqui�tude des Rwandais de Belgique qui craignent d�envoyer l�argent aux membres de leur famille via Western Union de peur d��tre reproch�s de participer � la d�stabilisation de la s�curit� du pays comme cela a �t� le cas pour certains.

Ce discours n�a pas plu manifestement au pr�sident Kagame qui s�est lev� pour d�monter, point par point, le discours d�Evode Twagirayezu.

Pour le pr�sident Kagame, Evode et d�autres qui pensent comme lui devraient d�abord se poser la question du pourquoi de la cr�ation des tribunaux Gacaca au lieu de les d�nigrer.

Au sujet des �tudiants, Kagame a affirm� qu�ils suivent bien leurs �tudes. Il s�est �lev� ensuite contre l�envoi de l�argent via Western Union aux Interahamwe, aux g�nocidaires. Au sujet de l�imposition de l�anglais comme langue d�enseignement, Kagame a dit que le fran�ais n�a pas �t� banni pour autant au Rwanda.

Kagame a continu� sur cette lanc�e pour dire qu�il n�existe pas d�ethnies (hutu, tutsi, twa) au Rwanda mais qu�il n�y a que des Rwandais.

Faut-il souligner que ce discours de Kagame est machiav�lique�? Le probl�me, ce ne sont pas les ethnies mais leur instrumentalisation politique. En paraphrasant les chercheurs qui se sont pench�s sur le sujet, disons que l�on peut reconna�tre l�existence des ��ethnies�� sans pour autant faire de l�ethnisme. Il ne faut pas nier les ethnies, mais les assumer et permettre � tout un chacun de se sentir prot�g� dans un �tat de droit. Sociologiquement parlant, l�ethnie est une r�alit� historique et supra-individuelle incontestable �tudi�e par les sciences sociales alors que l�ethnisme est un simple comportement individuel ou collectif dont l��tude devrait plut�t relever de la psychanalyse ou de la psychologie pathologique.

Kagame a en outre dit que les Rwandais s�autoflagellent (abanyarwanda bariyanga). A ce sujet, il s’est demand� comment les Rwandais sont en train de manifester � l�ext�rieur dans la neige et le froid. Il a ajout�: ��Certains Rwandais disent qu�ils rentreront au Rwanda quand je ne serai plus au pouvoir. Qui va m�enlever ce pouvoir�? La d�mocratie�? Jamais. La guerre�? Never��.

A l�heure des d�bats, la parole a �t� monopolis�e principalement par ceux qui lan�aient des fleurs au pr�sident. Ainsi Yolande Mukagasana a fustig� le discours d�Evode Twagirayezu et a dit au pr�sident qu�elle ne se retrouvait pas dans la diaspora notamment dans les propos tenus par son repr�sentant en Belgique. Le pr�sident Paul Kagame lui a donn� raison et dit qu�il allait se pencher sur la question avant de quitter la Belgique.

Une dame a demand� au pr�sident Kagame de lib�rer son mari Rwabahizi, ex-chauffeur de l�ambassadeur de France au Rwanda. Elle a dit qu�elle a des informations selon lesquelles c�est le pr�sident lui-m�me qui aurait ordonn� l�emprisonnement de son mari. Kagame a demand� � ses collaborateurs de prendre plus d�informations sur le dossier pour qu�il puisse l�examiner � son retour au Rwanda.

Rien n�a �t� dit sur Victoire Ingabire, pr�sidente du parti politique FDU-Inkingi, ainsi que sur d�autres politiciens emprisonn�s comme elle pour leurs id�aux d�mocratiques.

Comme il se voit, Evode Twagirayezu a vol� la vedette � Paul Kagame car l�essentiel de la journ�e a tourn� autour de ses revendications, ce qui a emp�ch�, selon des observateurs,� au pr�sident de prononcer le discours qu�il avait pr�par� pour la circonstance.

J.N.Un participant � la rencontre 05/12/2010
[Gaspard Musabyimana]