Tribune d'Information sur le Rwanda

Gouverneure G�n�rale du Canada – Paroles vides au Rwanda

par Pierre Jury

Le Président Kagame avec la Gouverneure Générale du Canada Michaëlle Jean 21 Avril 2010

Le Pr�sident Kagame avec la Gouverneure G�n�rale du Canada Micha�lle Jean 21 Avril 2010

La gouverneure g�n�rale du Canada, Micha�lle Jean, est revenue en fin de semaine d’une tourn�e de 10 jours en Afrique.
Elle a profit� de l’occasion pour faire une sortie remarqu�e au S�n�gal, o� elle a d�nonc� l’esclavage sous toutes ses formes.
Au Rwanda, elle a appel� � l’�rection d’une presse libre et a prononc� des excuses pour l’inaction du Canada � l’occasion du g�nocide de 1994. Ces paroles avaient du poids, certes, mais dans ce dernier pays, il y a eu un trou b�ant au programme de la visite de Mme Jean: une rencontre avec des repr�sentants de l’opposition au r�gime de Paul Kagame.

Au S�n�gal, la gouverneure g�n�rale n’a pas h�sit� � d�finir l’esclavage dans sa compr�hension la plus large. La traite des hommes et des femmes, ce n’est plus l’image st�r�otyp�e du march� aux esclaves o� des �acheteurs� misent entre eux pour mettre la main sur les plus beaux �sp�cimens� � vendre. Aujourd’hui, l’esclavage prend la forme de rapts de personnes d�munies ou pi�g�es qui nourrissent les industries de la prostitution, par exemple, ou qui sont les otages d’employeurs sans scrupule qui exploitent des travailleurs sans papier, sans statut et sans recours � besogner sur des fermes, � faire des m�nages, � suer dans des abattoirs,etc. Au S�n�gal, une forme d’esclavage moderne cible des jeunes gar�ons enr�l�s dans des �coles musulmanes, et forc�s de demander l’aum�ne sur la rue pour apporter vivres et argent au b�n�fice de l’institution qui les a �recrut�s�.

Vu ainsi, l’esclavage existe toujours bel et bien, et il �tait significatif que Micha�lle Jean le d�crive ainsi dans un lieu profond�ment historique comme l’�le de Gor�e.

Quelques jours plus tard, elle s’est retrouv�e au Rwanda o� l’on peine encore � tourner la page du g�nocide, si jamais cela �tait possible avant quelques g�n�rations.
Une partie du probl�me tient au fait que le g�nocide s’est produit avec comme toile de fond un changement de r�gime au profit de Paul Kagame, qui est toujours au pouvoir aujourd’hui.
Plusieurs l’accusent d’avoir jou� un r�le dans la disparition de son pr�d�cesseur, Juv�nal Habyarimana, d�c�d� dans un �crasement d’avion abattu par des tirs de roquette alors qu’il approchait de la piste d’atterrissage de Kigali, la capitale du Rwanda, le 6avril 1994.
Jamais la lumi�re n’a pu �tre faite sur les responsables de cet attentat et plusieurs soup�ons p�sent sur M. Kagame, qui a pris le pouvoir par la suite, et a �t� �lu pr�sident en 2000.

Nous savons que le r�gime Kagame dirige le Rwanda d’une main de fer. Au nom de la lutte � l’ethnisme, les autorit�s rwandaises ont le beau jeu pour museler les voix discordantes du message pr�sidentiel.

C’est dans ce sens que la gouverneure g�n�rale a fait sa sortie sur la libert� souhait�e de la presse au Rwanda. Cette cause est �videmment ch�re � Mme Jean, qui �tait journaliste � Radio-Canada avant d’�tre nomm�e repr�sentante de la reine � Ottawa.

Comme la majorit� des gouvernements totalitaires, le pr�sident Kagame ne comprend pas pourquoi certains – comme Mme Jean et l’organisme humanitaire Human Rights Watch – s’acharnent sur le sort de quelques entreprises de presse qui sont la cible des autorit�s sous pr�texte de fomenter des troubles ethniques.
Dans les pays qui pensent ainsi, les voix discordantes ont le dos large. Et elles ont rarement l’occasion de verbaliser leur message sur la place publique.

Plut�t que de simplement souhaiter le respect de la libert� de la presse, la visite de Micha�lle Jean aurait pu �tre une merveilleuse occasion de rencontrer directement des voies d’opposition comme celle d’Ingabire Victoire, une des candidates � l’�lection pr�sidentielle pr�vue en ao�t prochain.
Que la gouverneure g�n�rale du Canada rencontre publiquement une telle figure d’opposition aurait �t� une image bien plus significative qu’un seul appel � respecter les libert�s civiles. Le seul pouvoir de cette image aurait �t� porteur, et Mme Jean n’aurait pas eu � en dire davantage (car c’est au premier ministre Stephen Harper et au ministre des Affaires �trang�res, Lawrence Cannon, d’�laborer les politiques officielles du Canada).

Mais le Canada sous les conservateurs ne s’int�resse pas aux questions africaines, au-del� des grands principes qui sonnent creux au ventre de ceux qui ont faim, au coeur de ceux qui souhaitent une Afrique solide.
Le Canada s’est born� � prononcer de belles paroles, ce qui ne suffira pas � convaincre le r�gime Kagame que la d�mocratie ne rime pas avec g�nocide, comme il le soutient, mais avec progr�s.

[Pierre Jury - Le Droit - cyberpresse.ca]

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1 comment

1 Francois Munyabagisha { 05.24.10 at 13:07 }

Les id�es exprim�es dans cet article inspirent de longs commentaires. Je vais me limiter � l’esclavage. Et je m’adresse aux jeunes lecteurs, du monde entier.
L’esclavage n’a jamais �t� aboli de bonne foi. Il n’a jamais �t� jug�, r�prim�. Les tords et dommages �voqu�s n’ont jamais �t� sanctionn�s ni r�par�s. Il n’y a m�me pas un soupcon de volont� de les r�parer.
L’esclavage n’aura jamais cess�. Et il s�vit autant sinon plus que dans ses premiers ravages. Ses formes actuelles ne sont pas celles que d�crit fallacieusement Mme Micha�lle Jean. L’esclavage est actuellement l’oeuvre d’esclavagistes esclaves. L’esclave travaille pour la survie, alors que les surplus du fruit de son labeur servent � faire vivre et enrichir son ma�tre. En occident, la syndicalisation a permis d’endiguer le fleau de l’exploitation sauvage de l’humain. En �change, l’occident exploite les esclaves des pays de l’obscurit� visionnaire. Les producteurs de caf� sont pay�s en monnaie de singe, moins de 100$ par ann�e. L’esprit malin de �ma�tre� et la faiblesse d’esprit d’esclavagiste esclave trouvent superbe l’alibi du co�t bas de la vie. Qu’Est-ce qui fait que le co�t de la vie soit si bas la-bas? Parce qu’on prend comme base l’id�e que des populations exploit�es n’ont pas besoins d’avoir l’eau, l’�lectricit�, les toilettes, le telephone, le lit, le divan, la nourriture dans leur maison. etc. En les payant correctement, ils auraient acc�s au mieux �tre qui est n�tre, et nos exc�dents de richesses diminueraient.
L’esclavage moderne n’empreinte plus les voies maritimes par exp�ditions de n�griers. Les guerres et les famines poussent les esclaves � vouloir s’affranchir et donc � s’exiler en occident. Des exil�s en occident sont pu apr�s leur arriv�e d�sillusionn�s. Ils redeviennent esclaves libres sans choix, occupant des emplois pour lesquels ils sont surqualifi�s. A ces boulots, ils sont plus productifs et moins pay�s, g�n�rant ainsi plus de richesses nettes pour leurs nouveaux ma�tres.
Si dans sa forme primaire l’esclavagisme a �t� d�cri� et d�nonc� par des gouvernements occidentaux, c’est h�las parce qu’il �tait teint� de racisme � l’effet que les n�griers �taient blancs. Aujourd’hui, les ma�tres sont les m�mes, mais les n�griers sont des esclaves parvenus, affranchis ou marionnettes. Ceux comme Kagame qui tuent, d�truisent tout espoir de vie et s�ment l’horreur sur leur passage, sont des n�griers au service des ma�tres en occident tenant les ficelles et les cuill�res. Et ces autres comme Micha�lle Jean ou Koffi Annan, servent � endormir les esclaves et � leur miroiter des mirages pour que jamais ils ne pensent � mettre leurs mains sur le destin.
Pour bannir l’esclavage, harmonisons le salaire du travail humain partout sur la terre. Une voiture n’est pas vendue moins cher en Afrique qu’en occident selon l’argument du co�t de la vie, un consultant canadien n’est pas pay� moins en Afrique qu’au Canada, et pourtant un cuisinier africain en occident sera pay� plus cher qu’en Afrique! Au travail �gal, salaire �gal, subventions publiques prises en compte. Ainsi nous pourrons tourner le dos � l’esclavage.

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