Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda Exclusif: avant de mourir, le t�moin Abdul Ruzibiza avait encore d�nonc� Kagame

La mort du t�moin Abdoul Ruzibiza ne sera pas la bonne nouvelle escompt�e pour Kigali. Avant de succomber, ce dernier a expliqu� qu’il avait subi les pressions et les menaces des hommes de Kagame. Explications et document.

Abdul Ruzibiza

Le r�gime de Paul Kagame aurait bien aim� l�envoyer au septi�me ciel mais les tueurs du dictateur rwandais n�auront m�me pas � se salir les mains�: Abdoul Ruzibiza a succomb� � une maladie du foie � Oslo o� il �tait r�fugi�. Ce nom ne dit �videmment rien � ceux qui ne sont pas familiers avec tous les rebondissements de l�interminable feuilleton rwandais. Et pourtant le d�funt aura jou� un r�le d�cisif dans la rupture des relations diplomatiques entre la France et Kigali � l�automne 2006�: c�est lui qui accusa ses anciens compagnons du Front patriotique rwandais (FPR), le mouvement de gu�rilla de Kagame, d�avoir organis� l�attentat contre l�avion du pr�sident hutu Juv�nal Habyarimana, �v�nement d�clencheur du g�nocide de 1994.

Du coup, Ruzibiza se trouvait au c�ur de la proc�dure de l�ancien juge Jean-Louis Brugui�re, charg� de l�enqu�te ouverte apr�s la plainte d�pos�e par les familles de l��quipage fran�ais du Falcon 50 d�Habyarimana. Sans se soucier des cons�quences diplomatiques, le magistrat anti-terroriste n�avait alors pas h�sit� � d�livrer dix mandats d�arr�t contre de hauts responsables rwandais. Une offense inacceptable pour Kagame qui snoba et mobilisa contre la France pendant plus de trois ans avant de renouer r�cemment le fil � la demande pressante de son ��ami�� Bernard Kouchner.

Double revirement

Pendant cette p�riode, une partie de la presse fran�aise (Lib�ration et le Nouvel Observateur notamment) et internationale n�eut de cesse de d�noncer le parti pris suppos� de Brugui�re, la fragilit�, voire l�absurdit� des t�moignages dont il disposait. Ils exult�rent quand, en novembre 2008, Abdoul Ruzibiza effectua un revirement inattendu, qualifiant ��d�invention � ses pr�c�dentes d�positions, notamment l�existence d�un Network Commando charg� de l�attentat contre Habyarimana. Plus grave, il accusa� Brugui�re d�avoir voulu l�instrumentaliser.

Le 22 septembre,relatant le d�c�s� dans le quotidien belgeLe Soir, Colette Braeckman, figure de proue des journalistes convaincus que l�enqu�te de Brugui�re n��tait qu�une machination d�nu�e de tout fondement, semble presque soulag�e. Elle note que la disparition de Ruzibiza intervient alors qu�une r�cente mission � Kigali des juges d�instruction fran�ais Marc Trevidic et Nathalie Poux, les successeurs de Brugui�re a ��pulv�ris� certaines constructions intellectuelles� �. Il manque juste au grand reporter du Soir une information capitale : au mois de juin dernier, entendu par le juge Trevidic, Abdoul Ruzibiza� a confirm� l�int�gralit� de ses toutes premi�res d�positions sur l�implication de plusieurs membres du FPR dans l�attentat.

Pourquoi� s��tre alors parjur� en 2008�? ��La� peur, la trouille d��tre supprim�, explique Pierre P�an, l�auteur de ��Noires fureurs, blancs menteurs � qui� f�t l’un des tous premiers � prendre au s�rieux les d�clarations de Ruzibiza. Le journaliste a eu acc�s au verbatim du d�funt (voir document ci-dessous). Il est on ne peut plus clair�: � Pourquoi �tes vous revenu au cours de diverses entrevues sur le contenu de vos auditions en France �, interroge le juge. ��La r�ponse g�n�rale est li�e � ma s�curit� personnelle et � celle de certains t�moins. � H�las pour Colette Braeckman et quelques autres, la mort d�Abdoul Ruzibiza n�est pas une fin. La bataille pour la v�rit� continue. Quelle qu�elle soit.

Exclusif: avant de mourir, le témoin pro-Kigali avait dénoncé Kagame

[Marianne2]


septembre 24, 2010   3 Comments

Abdul Ruzibiza, t�moin cl� de l�attentat contre l�avion du President Rwandais Habyarimana, est mort

L�un des t�moins cl�s dans l�affaire de l�attentat contre l�avion du Pr�sident Rwandais Habyarimana, Abdul Ruzibiza, est d�c�d� en Norv�ge o� il �tait r�fugi�. Simple infirmier au sein de l�Arm�e patriotique rwandaise, Ruzibiza, se pr�sentant comme un t�moin de premier plan de l�attentat perp�tr� le 6 avril 1994, avait mis en cause la hi�rarchie du Front patriotique rwandais et accus� l�actuel pr�sident Paul Kagame.
Son t�moignage avait inspir� en France de nombreux articles de presse et plusieurs ouvrages accusant le Front patriotique rwandais, actuellement au pouvoir, d�avoir commis l�attentat et ainsi pr�cipit� le g�nocide. Mais surtout, la d�position d�Abdul Ruzibiza avait servi de pi�ce ma�tresse � l�acte d�accusation dress� par le juge Brugui�re. Ce dernier, se fondant sur le t�moignage du transfuge, avait �mis neuf mandats d�arr�t contre de hauts responsables rwandais, ce qui avait provoqu� la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali.

Une autre pi�ce d’information montre qu’avant de mourir, le t�moin Abdul Ruzibiza avait encore d�nonc� Kagame:
Pourquoi �tes vous revenu au cours de diverses entrevues sur le contenu de vos auditions en France �, interroge le juge. � La r�ponse g�n�rale est li�e � ma s�curit� personnelle et � celle de certains t�moins. �

Par la suite, la roue avait tourn� : Ruzibiza �tait revenu sur son t�moignage, comme d�autres t�moins � charge rwandais et tous avaient assur� qu�ils avaient �t� manipul�s.

Cette ann�e, � l�initiative de Bernard Kouchner les relations diplomatiques ont �t� r�tablies entre la France et le Rwanda, deux autres juges d�instruction, Marc Trevidic et Nathalie Poux, ont repris l�enqu�te � z�ro et se sont rendus sur le terrain o� ils ont eu toute latitude pour travailler. Quant � Ruzibiza, il avait eu un premier contact avec le nouveau juge d�instruction, et, demeur� tr�s discret, il avait expliqu� qu�en dire plus �tait tr�s dangereux.
L�ancien infirmier, qui, apr�s avoir fui le Rwanda s��tait r�fugi� � Kampala o� nous l�avions rencontr�, avait �t� amen� en France o� il avait �t� pr�sent� � des journalistes, des sociologues sp�cialistes du Rwanda qui avaient �expertis� et valid� son t�moignage. Et surtout, ce t�moin providentiel avait �t� amen� dans le bureau du juge Brugui�re, qui avait fait de son r�cit le pilier de son acte d�accusation contre neuf hauts dirigeants du FPR. S�il avait �t� interrog� plus avant, Ruzibiza aurait pu expliquer par quelles fili�res il �tait pass� et qui l�avait encourag� � formuler l�accablante d�position, sur laquelle il allait revenir par la suite.
En Norv�ge, M. Ruzibiza semble avoir �t� emport� par une maladie du foie (� l�instar de l�un des t�moins cl�s du proc�s Ntuyahaga � Bruxelles). Les avocats des inculp�s rwandais, Mes Lev Forster et Bernard Maingain ont d�cid� de demander une expertise afin de d�terminer les causes exactes du d�c�s de l�ancien caporal infirmier de Byumba, qui en savait � la fois trop et pas assez.

Colette Braeckman


septembre 24, 2010   No Comments