Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda: Accablant acte d’accusation par le HCDH de dix ans de crimes au Congo RDC

Redout�e par les principaux acteurs r�gionaux de l’interminable drame humain dans la r�gion des Grands Lacs, la radiographie sans pr�c�dent des crimes jalonnant dix ans de guerre en R�publique d�mocratique du Congo (RDC, ex-Za�re) que vient d’�tablir le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) est accablante, principalement pour le Rwanda voisin.

Sur pr�s de 600 pages, ce document, dont Le Monde a obtenu une version quasi d�finitive, d�crit les “violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 en RDC“.

Derri�re l’intitul� se cache une d�cennie de meurtres, viols, pillages auxquels prirent part plusieurs pays de la r�gion. Des conflits qui firent un nombre ind�termin� de morts, mais qui se chiffrent au bas mot en centaines de milliers.

La compilation des rapports existants et la collecte de nouveaux t�moignages men�e par le HCDH fournissent une base pour des poursuites judiciaires � venir contre les auteurs de ce que le HCDH qualifie de “crimes contre l’humanit�, crimes de guerre, voire de g�nocide” apr�s des ann�es d’impunit�.

“CRIMES DE G�NOCIDE”

Depuis des semaines, le Rwanda d�ploie ses r�seaux et son �nergie pour tenter d’�touffer ce rapport qui risque d’atteindre le c�ur du r�gime du pr�sident Paul Kagame, l’homme fort du Rwanda depuis 1994.

Le document estime en effet que “les attaques syst�matiques et g�n�ralis�es [contre des Hutu r�fugi�s en RDC] r�v�lent plusieurs �l�ments accablants qui, s’ils sont prouv�s devant un tribunal comp�tent, pourraient �tre qualifi�s de crimes de g�nocide”.

Il reste � savoir quel tribunal se chargera de cette �uvre de justice alors que la plupart des crimes sortent du champ de comp�tence de la Cour p�nale internationale.

Face aux insuffisances de la justice congolaise, le HCDH insiste sur la n�cessit� d’imaginer de nouveaux m�canismes judiciaires pour mettre fin au cycle de l’impunit� dans la r�gion.

Christophe Ch�telot
[Le Monde]


ao�t 26, 2010   3 Comments

Rwanda: le G�n�ral Paul Kagame menac� par d’anciens fr�res d’armes

Karegeya

Patrick Karegeya appelle les Rwandais � se �soulever contre la dictature�.

Les armes � la main au c�t� du gu�rillero Paul Kagame, ils ont chass� le r�gime extr�miste hutu et mis fin au g�nocide au Rwanda. De leur exil, ces ex-figures du Front patriotique rwandais (FPR) appellent aujourd’hui � “renverser le pr�sident-dictateur”.

Loin de la pr�sidentielle sans enjeu, triomphalement remport�e le 9 ao�t par Kagame, une impitoyable lutte politique se livre en coulisses � la t�te du r�gime rwandais.

Cette bataille de l’ombre met aux prises quelques dizaines d’individus, presque tous Tutsi anglophones issus de la diaspora ougandaise. Chefs militaires dans le maquis, ils ont monopolis� la hi�rarchie de l’appareil s�curitaire et �taient les v�ritables ma�tres du pays.

En seize ans de pouvoir, Kagame a cependant fait le vide autour de lui et la plupart de ces “anciens” ont �t� �cart�s, sont morts ou ont fui � l’�tranger.

Les premi�res d�fections commencent fin 90, d’abord des personnalit�s hutus sans r�elle influence. Elles se multiplient discr�tement au fil des ann�es, toujours plus proche de la t�te du r�gime.

En 2005, le colonel Patrick Karegeya, tout-puissant chef des services des renseignements ext�rieurs, est emprisonn� pour “insubordination”. Il parvient � s’enfuir deux ans plus tard pour l’Ouganda puis l’Afrique du Sud.

D�but 2010, c’est le g�n�ral Faustin Kayumba Nyamwasa, chef d’�tat-major de l’arm�e jusqu’en 2001, qui quitte clandestinement le pays, �galement pour l’Afrique du Sud. H�ros de la guerre de “lib�ration”, l’homme est un poids lourd du FPR, un personnage cl� du r�gime et de son arm�e.

Dans les mois suivant, quatre officiers de haut rang sont arr�t�s pour “indiscipline” ou encore “actes immoraux”, dont le tr�s influent g�n�ral Karenzi Karake.

Kayumba et Karegeya, eux, sont tax�s de “criminels” et “terroristes”, accus�s d’�tre responsables d’une s�rie d’attaques � la grenade � Kigali.

“Avec la fuite de Kayumba, la crise a �clat� au grand jour”, observe l’universitaire Andr� Guichaoua.

“Tous ceux qui ne faisaient pas partie du noyau ougandais ont �t� progressivement �limin�s. Les dissensions ont lieu maintenant au sein de ce noyau central”, explique-t-il.

Kayumba est la plus s�rieuse d�fection, “car susceptible d’incarner une alternative � Kagame”. Le 19 juin, il a �t� victime d’une myst�rieuse tentative d’assassinat � Johannesburg.

Ces affaires de famille remettent en cause tout le syst�me, fond� sur un FPR uni et efficace, alors que le pouvoir se resserre autour du seul pr�sident Kagame, “de plus en plus isol� au sein de l’arm�e”.

Le chef de l’Etat r�gne d�sormais en s’appuyant sur un cercle de tr�s proches, plus jeunes en 1994, comme le ministre de la D�fense James Kabarebe, ancien chef de ses gardes du corps.

C’est “la cons�quence de l’�largissement du pouvoir, avec l’�mergence d’une nouvelle g�n�ration”, assure un membre du FPR pour qui “les �historiques� m�contents n’ont pas su s’adapter au changement”.

De son exil sud-africain, le g�n�ral Kayumba qui rappelle avoir sauv� la vie de Kagame � deux reprises dans le maquis, d�nonce la d�rive “dictatoriale” d’un pr�sident n’usant plus que de “l’intrigue” et de la “trahison”.

Exemples � l’appui, il fustige la corruption de celui qui “n’a plus aucune autorit� morale” pour demander � ses concitoyens “de rendre des comptes”.

Karegeya quant � lui appelle les Rwandais � se “soulever contre la dictature” et se dit pr�t � soutenir une nouvelle “lutte de lib�ration”.

Les deux hommes partagent les plus lourds secrets du r�gime. Mais leur marge de manoeuvre internationale est cependant limit�e, du fait des soup�ons de crimes de guerre qui p�sent contre eux.

En interne comme � l’�chelle r�gionale, ils n’en posent pas moins un redoutable d�fi � Kagame, en particulier s’ils obtiennent un soutien de l’Ouganda souvent bienveillant envers les dissidents rwandais, ou se rapprochent d’autres opposants dans l’est de la R�publique d�mocratique du Congo voisine.
(AFP)
[Cyberpresse]

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ao�t 26, 2010   No Comments

Rwanda: Elections pr�sidentielles 2010, Paul Kagame emp�tr� dans ses contradictions

by Emmanuel Neretse et Gaspard Musabyimana.

Paul Kagame: reconnu intolérant.

Paul Kagame:
Victoire avec score stalinien de 93%.

Apr�s la mascarade �lectorale du 9 ao�t 2010, Paul Kagame en est sorti “vainqueur” avec un score stalinien de 93% des voix. Le dictateur vient de d�clarer que ses trois “candidats” accompagnateurs vont tous �tre nomm�s � des postes importants. Cette annonce a �t� faite � l�occasion de la c�l�bration de sa “victoire” vendredi 20 ao�t � Kigali. Il est vrai que ces trois comp�res mangeaient d�j� dans l��cuelle du FPR depuis longtemps.

Le plus performant de ces trois candidats, Jean Damasc�ne Ntawukuriryayo, a �t� accr�dit� de moins de 5 % des voix. Apr�s avoir �t� longtemps ministre, ce pharmacien est pr�sentement vice-pr�sident de l�Assembl�e nationale. Le deuxi�me candidat, Prosper Higiro, est, quant � lui, vice-pr�sident du S�nat, tandis que Alvera Mukabaranga est s�natrice depuis des ann�es.

Ayant �t� choisis et invit�s par le m�me Paul Kagame � l�accompagner dans cette simulacre des �lections pour faire croire qu�il n�est pas candidat unique, il va de soi qu�il devait, apr�s cette aventure, les en remercier en terme de postes juteux. Mais l� o� le bas blesse, c�est que du coup Paul Kagame se contredit�: en effet, lui qui voudrait se pr�senter comme ayant �t� �lu par le peuple qui, � travers les r�sultats �lectoraux, a indiqu� sa volont�, il ne se rend pas compte que par la m�me logique, le peuple rwandais a d�savou� Ntawukuriryayo, Higiro et Mukabaranga, car, avec de tels scores lamentables, ils ne pourraient pr�tendre exercer aucune responsabilit� politique dans un pays d�mocratique. En leur confiant des postes importants dans son gouvernement ou dans d�autres organes de son pouvoir, Paul Kagame d�montre encore une fois que soit, les �lections du 9 ao�t 2010 n��taient qu�une mise en sc�ne, soit qu�il se fout de la volont� exprim�e par le peuple rwandais en d�savouant compl�tement les trois politiciens.

La rumeur court � Kigali comme quoi Ntawukuriryayo serait appel� � remplacer le cousin de Paul Kagame, Bernard Makuza, au poste de Premier Ministre. Rien n�emp�che � Paul Kagame d�installer cette marionnette � ce poste qui, il est vrai, reste, purement protocolaire, sans aucune responsabilit� politique.

Le Dr Vincent Biruta, depuis de longues ann�es Pr�sident du S�nat et pr�sident du parti PSD, dont se r�clame Ntawukuriryayo, s�est r�joui des 5% des voix obtenues par le candidat de son parti car en effet, ce qui importait pour eux, c��tait la victoire du seul candidat, Paul Kagame. Sous d�autres cieux, dans des pays o� r�gne une vraie d�mocratie, un parti politique ayant fait un score aussi lamentable que celui des 3 pr�tendus partis, se retire, ses dirigeants d�missionnent pour laisser la place aux autres � m�me d�insuffler un nouveau dynamisme au parti.

Les �lections pr�sidentielles du 09/08/2010 sont donc une manifestation de plus que le FPR, sous l�air du multipartisme, est en fait un parti unique, qui reste seul sur la sc�ne politique rwandaise, et distribue des miettes aux partis satellites qui lui font all�geance.

L�opinion tant nationale qu�internationale devrait savoir une fois pour toutes, que le r�gime de Paul Kagame est dictatorial, qu�il est exerc� � travers un parti ��unique�� le FPR, que les autres soi-disant partis admis pour donner du change � l��tranger, ne sont que des cr�ations du m�me FPR.

En effet, apr�s sa prise du pouvoir par les armes en 1994, le FPR a feint de s�inscrire dans l�esprit et la lettre des Accords d�Arusha qui garantissaient le multipartisme. Mais en m�me temps, il a dress� la liste des partis admissibles en bannissant d�autres qui ne lui plaisaient pas. Peu apr�s, m�me les partis que le FPR avait au d�part tol�r� auront maille � coexister avec lui. Certains furent dissouts (MDR), d�autres furent scind�s en factions dont seules les pro-FPR furent autoris�es � exister (PSD, PL, PDI, �). Les personnalit�s qui se pr�sentent sous l��tiquette de ces soi-disant partis, en r�alit� des excroissances du FPR, ne sont donc que des marionnettes appel�es � vendre l�image du r�gime politique rwandais � l��tranger et le pr�senter comme pluraliste et “d�mocratique”.

Les v�ritables partis politiques oppos�s au FPR � savoir�: le FDU-Inkingi de Victoire Ingabire, le Democratic Green Party de Frank Habineza, le PS Imberakuri de Me Bernard Ntaganda, le PDP de D�o Mushayidi, etc., sont interdits et leurs leaders sont soit assassin�s, emprisonn�s ou en r�sidence surveill�e�; en tout cas tous priv�s de leurs droits civils et politiques voire m�me du droit � la vie.

En octroyant des postes aux ��politiciens du ventre�� qui l�ont accompagn� dans la mascarade �lectorale d�ao�t dernier, Paul Kagame confirme le caract�re arbitraire et autocratique de son r�gime.

Seules des �lections libres et transparentes auxquelles prendraient part tous les partis politiques, m�me ceux honnis par le FPR, peuvent conf�rer la l�gitimit� du pouvoir au Rwanda.

[Musabyimana]


ao�t 26, 2010   No Comments