Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda: Il faut mettre fin aux attaques contre les journalistes et les opposants


par Human Rights Watch.

Le Rwanda conna�t actuellement une hausse de l�ins�curit� et de la r�pression politique � l�approche de l��lection pr�sidentielle pr�vue en ao�t 2010 : tel est l�avertissement lanc� aujourd�hui par Human Rights Watch. Ces deux derniers jours, un journaliste ind�pendant a �t� tu�, le dirigeant d�un parti d�opposition a �t� mis en garde en vue, et d�autres membres de partis d�opposition ont �t� arr�t�s.

� La situation s�curitaire se d�t�riore rapidement �, a d�clar� Rona Peligal, directrice de la division Afrique de Human Rights Watch. � Alors que l�on n�en est plus qu�� 45 jours de l��lection, le gouvernement se d�m�ne pour faire taire ses opposants et ses d�tracteurs. �

Le gouvernement rwandais devrait ouvrir des enqu�tes sur tous les incidents de violence et s�assurer que les militants de l�opposition et les journalistes sont en mesure de vaquer sans crainte � leurs occupations l�gitimes, a d�clar� Human Rights Watch.

Meurtre de Jean-L�onard Rugambage

Jean-L�onard Rugambage, journaliste � l�hebdomadaire Umuvugizi, a �t� tu� par balles le 24 juin, peu apr�s 22 heures, devant son domicile dans le quartier de Nyamirambo, � Kigali, la capitale rwandaise. Ses coll�gues et d�autres sources au Rwanda ont confi� � Human Rights Watch que l�assaillant semblait attendre que le journaliste rentre chez lui.

Au moment o� le v�hicule de Rugambage s�approchait de son portail, un homme s�est avanc� et a tir� plusieurs coups � bout portant, qui ont atteint Rugambage � la t�te et � la poitrine. Il est mort sur le coup. L�agresseur s�est ensuite enfui en voiture. La police est arriv�e et a emmen� le corps de Rugambage � l�h�pital de la police � Kacyiru pour pratiquer une autopsie. Le 25 juin, elle a d�clar� avoir ouvert une enqu�te sur la mort de Rugambage.

Le matin du meurtre de Rugambage, Umuvugizi, un journal ind�pendant souvent critique � l��gard du gouvernement, avait publi� un article en ligne soutenant que le gouvernement rwandais se trouverait derri�re la tentative d�assassinat d�un ancien g�n�ral rwandais, Faustin Kayumba Nyamwasa, en Afrique du Sud le 19 juin, et impliquant des hautes autorit�s. Depuis qu�il a fui en Afrique du Sud en f�vrier 2010, le g�n�ral Kayumba, autrefois proche alli� du Pr�sident Paul Kagame et ancien chef d��tat-major de l�arm�e rwandaise, est devenu un d�tracteur de plus en plus v�h�ment du gouvernement. Le r�dacteur en chef d�Umuvugizi a expliqu� que Rugambage enqu�tait sur la tentative d�assassinat de Kayumba et qu�il avait affirm� faire l�objet d�une surveillance accrue dans les jours pr�c�dant son d�c�s.

� Nous sommes choqu�s et pein�s par la mort de ce journaliste courageux �, a d�clar� Rona Peligal. � La libert� d�expression est d�j� s�v�rement limit�e au Rwanda, mais le meurtre de Rugambage ass�ne un nouveau coup au journalisme d�investigation et, d�une mani�re plus g�n�rale, � la libert� d�expression dans ce pays. �

Human Rights Watch a exhort� les autorit�s rwandaises � s�assurer que les responsables de l�assassinat de Rugambage soient traduits en justice sans plus tarder et � veiller � la s�curit� et � la protection des autres journalistes.

Arrestations de membres de partis de l�opposition

T�t le 24 juin, la police s�est introduite chez Bernard Ntaganda, dirigeant du parti d�opposition PS-Imberakuri, et l�a embarqu� afin de l�interroger. En garde � vue depuis deux jours, il serait d�tenu au poste de police de Kicukiro. Les accusations exactes qui sont port�es contre lui n�ont pas �t� confirm�es, mais il semblerait que la police l�ait notamment interrog� sur son implication pr�sum�e dans une tentative d�incendie criminel perp�tr�e contre le domicile de l�ancienne vice-pr�sidente du parti, Christine Mukabunani, et pour incitation � la division ethnique.

Des membres du PS-Imberakuri ont signal� que la police avait fait une descente au domicile de Ntaganda et dans le bureau du parti, emportant des documents et d�autres effets. Le 25 juin, le bureau n�arborait plus ni le drapeau ni l�effigie du parti.

Quelques heures plus tard dans la matin�e du 24 juin, plusieurs membres du PS-Imberakuri ont �t� rassembl�s par la police et mis en garde � vue apr�s s��tre r�unis devant l�ambassade des �tats-Unis o� ils s��taient rendus pour demander de l�aide suite � l�arrestation de Ntaganda. Certains ont �t� rel�ch�s, mais plusieurs, dont le secr�taire g�n�ral du parti, Th�obald Mutarambirwa, sont rest�s en garde en vue dans diff�rents lieux de Kigali le 25 juin.

Toujours dans la matin�e du 24 juin, la police a arr�t� plusieurs membres du FDU-Inkingi, autre parti d�opposition, qui s��taient rassembl�s devant le minist�re de la Justice pour protester contre un proc�s intent� contre la pr�sidente de leur parti, Victoire Ingabire. La plupart d�entre eux ont �t� rel�ch�s le 25 juin, mais le secr�taire g�n�ral du parti, Sylvain Sibomana, sa tr�sori�re, Alice Muhirwa, et son repr�sentant � Kigali, Th�oneste Sibomana, �taient toujours d�tenus au poste de police de Kicukiro le 26 juin. Des membres du FDU-Inkingi ont d�clar� qu�en dispersant leur rassemblement, la police leur a dit de cesser d��tre membres du parti. La police a �galement encercl� la maison d�Ingabire vers 6 heures du matin le 24 juin, y restant pendant une bonne partie de la journ�e.

Des membres des deux partis ont signal� avoir �t� battus par la police.

Le 25 juin, le commissaire g�n�ral de la police a �mis une d�claration selon laquelle environ 40 individus avaient tent� d�organiser une manifestation sans autorisation, dont 22 avaient �t� arr�t�s et interrog�s, 14 avaient �t� rel�ch�s et huit autres �taient toujours d�tenus pour d�autres interrogatoires.

� Ces incidents se produisent pr�cis�ment au moment o� les partis pr�sentent leurs candidats � l��lection pr�sidentielle �, a conclu Rona Peligal. � Le gouvernement cherche visiblement � s�assurer que les partis d�opposition ne sont pas op�rationnels et sont exclus du processus politique. �

Intimidation des m�dias ind�pendants

L�assassinat de Rugambage n�est pas le premier acte de violence perp�tr� contre les journalistes. En effet, en f�vrier 2007, le r�dacteur en chef d�Umuvugizi, Jean-Bosco Gasasira a �t� attaqu� devant son domicile par un groupe d�agresseurs, lors d�un incident qui a failli lui co�ter la vie, apr�s qu�il �tait intervenu sur la question du harc�lement des journalistes lors d�une conf�rence de presse pr�sidentielle.

En juillet 2009, le ministre de l�Information a d�clar� publiquement que � les jours de la presse destructrice sont compt�s �, faisant allusion � Umuvugizi et � un second journal ind�pendant, Umuseso. Moins de 24 heures plus tard, le parquet convoquait Gasasira pour qu�il r�ponde � des all�gations de diffamation, d�lit p�nal passible d�emprisonnement. Gasasira a �t� d�clar� coupable et condamn� � verser une amende cons�quente. Umuseso a fait l�objet de chefs d�inculpation similaires pour diffamation pour avoir expos� des scandales impliquant de hautes personnalit�s. En f�vrier, un tribunal a condamn� son ancien r�dacteur en chef, Charles Kabonero, � un an de prison, ainsi que le r�dacteur en chef actuel, Didas Gasana, et un reporter, Richard Kayigamba, � six mois chacun. Les r�dacteurs en chef des deux journaux ont fui le pays apr�s avoir re�u des menaces � plusieurs reprises.

Le 13 avril, le Haut-Conseil des m�dias, organe gouvernemental de r�glementation des m�dias, a suspendu Umuseso et Umuvuzigi pour une dur�e de six mois, pour ensuite demander leur fermeture d�finitive. Le Haut-Conseil a all�gu�, entre autres, que certains des articles des deux journaux constituaient une menace pour la s�curit� nationale. L�appel lanc� par les journaux contre cette suspension est toujours en instance. La suspension a de fait entra�n� l�interruption de tout journalisme ind�pendant � l�approche des �lections, �tant donn� qu�Umuseso et Umuvugizi faisaient partie des tr�s rares journaux ind�pendants encore actifs au Rwanda. Depuis, Umuvugizi publie une version �lectronique de son journal, mais l�acc�s � son site Internet a �t� bloqu� � l�int�rieur du Rwanda.

Entrave aux partis de l�opposition

Les membres des partis de l�opposition sont la proie d�un nombre croissant d�actes de harc�lement et d�intimidation � l�approche de l��lection pr�vue pour le mois d�ao�t. Ont plus sp�cifiquement �t� cibl�s Ntaganda et Ingabire, ainsi que les membres de leurs partis. Si la situation ne change pas dans un tr�s proche avenir, aucun des trois principaux partis d�opposition (PS-Imberakuri, FDU-Inkingi et le Parti d�mocrate vert du Rwanda) ne pourra participer aux �lections. Les partis et les candidats ind�pendants doivent en effet d�poser leur candidature devant la Commission �lectorale nationale avant le 2 juillet.

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1 comment

1 BIGIRA { 06.30.10 at 03:33 }

Les agissments de Kagame contre ses opposants politiques sont manifestement des symptomes d’une parano�a dont il est atteint, ne veut reconna�tre et refuse de se faire soigner.
Monsieur est intrins�quement dictateur et criminel. Comment un g�n�ral digne de ce nom s’il en est un peut-il refuser le duel d�mocratique? Comment soi un pr�sident d’un pays peut-il ignorer que gouverner un pays c’est g�rer les int�r�ts contradictoires et qu’il faut sans cesser prendre de concilier ces divers int�r�ts et trouver le juste �quilibre pour l’int�r�t de tous les Rwandais? Comment un soi disant pr�sident peut-il ignorer que l’opposition politique n’est pas une force contre la personne du pr�sident mais une force proposition et de correction des m�faits du r�gime Kagame dans l’int�r�t des Rwandais? On dit qu’il a fait des �coles militaires aux USA.Qu’a-t-il appris r�ellement conceranant l’honneur et et la dignit�, non seulement de soi mais �galement de son pays? Il est actuellement le seul dictateur sur le continent africain. Dans les pays voisins, le petit Kabila et Nkurunziza , hormis les probl�mes tenant � l’mmmaturit� des hommes politiques de ces pays et l’absence d’amour sans �quivoque des dirigeants burundais et congolais� l’�gard de leurs Peuples, tout se passe bien. Nonobstant leurs conditions mat�rielles difficiles, les m�dias travaillent.
Seul Kagme est frapp� de c�cit� en raison de la parano�a dont il souffre tout en ingorant que ces agissements ne resteront pas impunis et que c’est donc un e question de temps. Monsieur Kagame a-t-il r�ellement un amour � l’�gard de ces prog�nitures? Il sait tr�s bien que m�me lui ne paye pour le mal absolu qu’il a fait et fait au Peuple Rwandais, ce sont ces prog�nitures qui, en tout �tat de cause , vont payer. La vie dans les camps de concentration en Ouganda et la vie dure � Na�robi qu’il a vecue n’ont lui ont rien appris. L’histoire ne pardonne jamais les tyrans. Des questions me hantent depuis que Kagame est � la commande de notre pays. O� et comment Kagame a-t-il v�cu? A-t-il v�cu dans une soci�t� des Hommes caract�ris�e par le compromis sans cesse pour le maintien et la promotion de l’int�r�t g�n�ral? A-t-il re�u une �ducation de base c’est-�-dire le savoir vivre n�cessaire pour la vie future de tout Homme dans une soci�t� des hommes? A-t-il le sens de compassion qui distingue l’Homme de l’animal?

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