Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda: Une trentaine de m�dias suspendus � quelques jours de l��lection pr�sidentielle


par Reporters Sans Fronti�res.

A une semaine de l��lection pr�sidentielle, qui se tiendra le 9 ao�t prochain, le pouvoir rwandais montre de mani�re flagrante son refus de se soumettre au jeu d�mocratique. Emprisonnement de journalistes, fermeture de m�dias, assassinat d�un r�dacteur en chef il y a un mois, les exactions contre la presse s�intensifient � l�approche du scrutin.

La derni�re initiative liberticide remonte au 26 juillet 2010, lorsque le Haut Conseil des m�dias, organe de r�gulation rwandais, a annonc� sa d�cision de suspendre une trentaine d�organes de presse.

Autres recents evenements:
? 13 juillet 2010 – La directrice d�un bimensuel ind�pendant d�tenue, dernier incident d�une “s�rie noire” pour la presse
? 25 juin 2010 – Le journaliste Jean-L�onard Rugambage assassin� devant son domicile de Kigali
? 11 juin 2010 – La chasse aux m�dias ind�pendants se poursuit sur le Net

Dans un communiqu�, Patrice Mulama, s�cretaire ex�cutif du Haut Conseil des m�dias a donn� la liste des 19 radios et des 22 journaux reconnus par le pouvoir en place et “remplissant les conditions de diffusion et d��mission pr�vues par la loi r�gissant les m�dias du 12 ao�t 2009″. Ce texte pr�voit dans son article 96 que les organes de m�dias �crits et audiovisuels doivent, dans un d�lai de trois mois, adresser au Haut Conseil des m�dias une demande d�autorisation de lancement, pr�vue par l�article 24.

Les plus grands journaux du pays, tels qu�Umuseso, Umuvugizi, Umurabyo, et plusieurs radios, parmi lesquelles Voice of Africa Rwanda (la radio des musulmans) et Voice of America, sont ainsi ray�s du paysage m�diatique. Selon le secr�taire ex�cutif, les journaux ne pourront pas repara�tre tant qu�ils ne se seront pas conform�s � la loi. Les radios, quant � elles, ont jusqu�� la fin de la semaine pour rassembler les documents n�cessaires.

Le 28 juillet, le Haut Conseil des m�dias a diffus� un nouveau communiqu� appelant, cette fois-ci, les forces de s�curit� � fermer les journaux et � couper le signal des radios dans l�ill�galit�. Le jour m�me, les forces de l�ordre ont saisi Rwanda Newsline, journal �dit� en anglais par RIMEG (Rwanda Independent Media Group), au motif qu�il n�est pas reconnu au Rwanda.

“Les mesures du Haut Conseil, qui tombent en pleine campagne �lectorale et � quelques jours du scrutin, sont plus que suspectes. Elles sont destin�es � verrouiller la presse et � emp�cher les journalistes de jouer le r�le qui leur incombe, � savoir celui d�observateurs ind�pendants et impartiaux du processus �lectoral. Comment une �lection peut-elle se tenir normalement sans presse libre, sans possibilit� pour l��lectorat d�acc�der � une information ind�pendante, sans pouvoir suivre un d�bat contradictoire ? Nous n�assistons pas � une �lection pr�sidentielle ouverte, mais � l�orchestration de la reconduite de Paul Kagame dans ses fonctions”, a d�clar� l�organisation.

Signe de la volont� du gouvernement de mettre la presse en coupe r�gl�e, le secr�taire ex�cutif du Haut Conseil des m�dias a affirm� que le journalisme rwandais devait retrouver � la raison � et que la loi visait � restaurer la cr�dibilit� de la profession, qu�il qualifie de � d�charge publique “.

L�organisation rappelle qu�elle avait demand� � l�Union europ�enne de suspendre son financement � l��lection pr�sidentielle. Voir le pr�c�dent communiqu�.

Reporters sans fronti�res rappelle �galement qu�Agn�s Uwimana Nkusi et Saidat Mukakibibi, respectivement directrice et journaliste au bimensuel priv� Umurabyo, ont �t� plac�es en d�tention provisoire, le 20 juillet 2010. Elles sont poursuivies pour “outrage au chef de l�Etat”, “incitation � la d�sob�issance civile” et “n�gation du g�nocide Tutsis”.

Le Rwanda occupe la 157e place, sur 175 pays, du classement mondial 2009 de la libert� de la presse �tabli par Reporters sans fronti�res. Apr�s l�Erythr�e, la Somalie, et la Guin�e �quatoriale, il est le quatri�me pays africain le moins bien class�. Depuis plusieurs ann�es, le chef de l�Etat, Paul Kagame, figure dans la liste des pr�dateurs de la libert� de la presse dress�e par Reporters sans fronti�res.

[Reporters Sans Fronti�res]

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ao�t 3, 2010   No Comments

Rwanda : les groupes de pression se mobilisent contre la pr�sidentielle du 9 ao�t

Kagame en campagne juillet 2010

Kagame en campagne �lectorale – juillet 2010.

L�analyste Steve McDonald du Centre Woodrow Wilson de Washington vient de rentrer du Rwanda. Il se dit troubl�, lui aussi, par la situation sur place. � La peur est palpable, la nervosit�, le sentiment qu�il n�y a aucune libert� d�expression, d�association et de rassemblement et je pense que tout ceci pourrait �tre d�sastreux �, a-t-il dit.

Erlinder a d�clar� � la VOA qu�il ne serait jamais all� au Rwanda s�il avait su que le climat politique �tait aussi empoisonn�. � J�avais �t� confort� par les �lections prochaines et toutes les bonnes choses que le gouvernement am�ricain avait dites r�cemment du gouvernement rwandais, sur les progr�s qui avaient �t� r�alis�s� Malheureusement, on peut se demander si ces progr�s sont r�els ou si nous sommes en pr�sence d�une dictature militaire soutenue par le gouvernement am�ricain. Ce qui se passe en ce moment au Rwanda soul�ve des questions tr�s difficiles �, a d�clar� Erlinder.

L�opposition et la soci�t� civile rwandaise n�en m�nent pas large ces derniers temps. L�opposant Bernard Ntaganda a �t� plac� en d�tention provisoire � Kigali, pour � acte de terrorisme �. L�opposante Victoire Ingabire est comme en r�sidence surveill�e.

La journaliste Agn�s Uwimana du journal Umurabyo est arr�t�e peu de temps apr�s que notre conf�re Jean Leonard Rugambage a �t� abattu � Kigali sans parler des journaux suspendus.

Et il y a quelques semaines, un opposant a �t� d�capit� pr�s de Butare. Ce climat de violences inqui�te plusieurs ONG avant la tenue de l��lection pr�sidentielle du 9 ao�t. Des groupes de pression ont organis�, � Washington, une conf�rence de protestation contre cette �lection qu�ils disent �tre jou�e d�avance.

Les Nations-Unies et l�ONG Human Rights Watch ont appel� � une enqu�te exhaustive sur le mort d�un leader de l�opposition que l�on a retrouv� pratiquement d�capit� le mois dernier. Et puis il y a le cas de Peter Erlinder, cet avocat am�ricain qui �tait all� � Kigali pour d�fendre l�opposante Victoire Ingabire, accus�e de n�gation du g�nocide de 1994. Il a lui-m�me �t� incarc�r� pendant trois semaines sous les m�mes accusations.

Erlinder a d�clar� � la VOA qu�il ne serait jamais all� au Rwanda s�il avait su que le climat politique �tait aussi empoisonn�.
� J�avais �t� confort� par les �lections prochaines et toutes les bonnes choses que le gouvernement am�ricain avait dites r�cemment du gouvernement rwandais, sur les progr�s qui avaient �t� r�alis�s� Malheureusement, on peut se demander si ces progr�s sont r�els ou si nous sommes en pr�sence d�une dictature militaire soutenue par le gouvernement am�ricain. Ce qui se passe en ce moment au Rwanda soul�ve des questions tr�s difficiles �, a d�clar� Erlinder.

A la suite de l�arrestation de Peter Erlinder, la secr�taire d�Etat am�ricaine Hillary Clinton avait dit comprendre l�anxi�t� des leaders rwandais face � ce qu�ils consid�rent comme n�gation du g�nocide. En m�me temps, elle avait exhort� le Rwanda � ne pas saper tous les progr�s r�alis�s en s��cartant des actions positives.

L�analyste Steve McDonald du Centre Woodrow Wilson de Washington vient de rentrer du Rwanda. Il se dit troubl�, lui aussi, par la situation sur place. � La peur est palpable, la nervosit�, le sentiment qu�il n�y a aucune libert� d�expression, d�association et de rassemblement et je pense que tout ceci pourrait �tre d�sastreux �, a-t-il dit.

Steve McDonald se dit d�avis que le pr�sident Kagame refuse toute r�conciliation afin de mieux asseoir son pouvoir.

Le pr�sident rwandais a balay� du revers de la main toutes les accusations selon lesquelles il serait derri�re les r�cents assassinats.
� Pourquoi un gouvernement serait-il aussi stupide ? Je n�aurais jamais �t� dans un gouvernement aussi stupide pour penser qu�il y a quelque chose � gagner dans l�assassinat de journalistes, de leaders de l�opposition les uns apr�s les autres �, a d�clar� le chef de l�Etat rwandais.

Paul Kagame avait �t� �lu en 2003 avec plus de 95% des voix mais, depuis, des dissensions se sont fait jour parmi ses anciens alli�s politiques. L�ancien chef des services de renseignement du Rwanda, Patrick Karegeya, qui vit en exil en Afrique du Sud, d�clarait r�cemment : � des dictateurs comme Kagame ne se retirent pas de la vie politique, ils ne peuvent �tre que renvers�s. �

De son c�t�, le Secr�taire d�Etat Adjoint am�ricain aux Affaires Africaines, Johnnie Carson, s�inqui�te de l�environnement politique au Rwanda qui, dit-il, � est entach� d�une s�rie d�actions inqui�tantes. �
La r�ponse de la porte-parole du gouvernement rwandais, Louise Mushikiwabo : � c�est une lecture de la situation faite de l�ext�rieur du Rwanda avec en plus des vis�es �lectoralistes. �

Source: Voa News

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ao�t 3, 2010   No Comments