Tribune d'Information sur le Rwanda

A qui incombe la t�che d’enqu�ter sur l’attentat criminel qui a d�clench� le g�nocide au Rwanda?


Kigali : Seize ans apr�s l�attentant qui a co�t� la vie � aux Pr�sidents Rwandais et Burundais Juv�nal Habyarimana Cyprien Ntaryamira, l’enqu�te fran�aise est relanc�e juste deux mois apr�s le rapprochement entre la France et le Rwanda. Elle suit deux autres enqu�tes : la 1�re est du juge Jean-Louis Brugui�re, un fran�ais, et la 2�me est du juge Jean Mutsinzi, un rwandais.

En France, comme l’a r�v�l� mardi 27 avril le journal fran�ais � Le Parisien �, le juge Trevidic, qui a repris il y a trois ans l’instruction sur cet attentat � la suite du juge Brugui�re, s’entoure de scientifiques pour pr�parer une visite de terrain, au Rwanda.

Marc Trevidic, qui a demand� la semaine derni�re la cr�ation d’un comit� d’experts qui auront pour mission de reconstituer le crash, s’entoure de sp�cialistes en balistique, explosifs, a�ronautique, ou g�om�trie. Avec ces cinq experts, le juge parisien compte se rendre � Kigali d’ici un an.

Leur mission : tenter d’�tablir la trajectoire du Falcon 50 de Juv�nal Habyarimana, la nature des projectiles, et l’emplacement pr�sum� des tireurs qui l’ont abattu. Il s’agira en fait de reconstituer le crash afin de rendre un rapport en mars 2011. L’objectif serait de trancher la controverse sur les auteurs de cet �v�nement.

Deux th�ses s’opposent en effet depuis des ann�es. Celle du pr�d�cesseur du juge Trevidic, Jean-Louis Brugui�re, qui d�signait l’actuel pr�sident rwandais Paul Kagame et son entourage. Une enqu�te d�nonc�e par le Rwanda, qui, en 2006, avait du coup rompu ses relations diplomatiques avec la France. Un comit� mis en place par la suite par le gouvernement rwandais et dirig� par le juge Mutsinzi accusera en 2009 les militaires des Forces Arm�es Rwandaises d’avoir abattu l’avion de leur chef Habyarimana.

Depuis l�arriv�e de Nicolas Sarkozy � l�Elys�e, la r�conciliation est en cours entre Paris et Kigali, comme l�atteste le r�cente visite du Pr�sident Fran�ais au Rwanda. C’est ce qui permet � Marc Trevidic d’envisager une visite au Rwanda.

Dans le m�me temps, en proposant de mener un travail scientifique, et pour la premi�re fois de terrain, le juge parisien pourrait bien pallier les lacunes reproch�es � l’enqu�te Brugui�re.

La plupart des Rwandais et des observateurs estiment pourtant que la v�rit� sur cet �v�nement cl� consid�r� comme l’�l�ment d�clencheur du g�nocide de 1994 ne pourra �tre d�finitivement �tablie que si l’Organisation des Nations Unies se d�termine � d�signer une commission officielle d’experts internationaux et impartiaux charg�e de lever le voile une fois pour toutes sur les auteurs de cet attentat. Une enqu�te men�e par une quelconque partie consid�r�e comme partie prenante au conflit peut toujours �tre rejet�e et accus�e de manque de partialit�.

L’ONU doit prendre ses responsabilit�s d’autant plus que cet attentat, qui a co�t� la vie � deux chefs d’Etat Hutus en fonction et entra�n� la mort de millions de personnes, a eu lieu dans un p�rim�tre o� la s�curit� �tait assur�e par ses propres casques bleus.

Tout le monde s’�tonne que, seize ans apr�s, l’ONU s’est toujours refus� � d�signer une commission d’enqu�te pour mettre fin aux sp�culations. La question fondamentale reste: qui des trois suspects (l’Arm�e de Habyarimana, l’Arm�e du Front Patriotique Rwandais ou les Casques Bleus de l’ONU) veut-on couvrir et pourquoi?

avril 28, 2010   5 Comments