Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda: Forc�s de produire uniquement ce que le gouvernement veut, les agriculteurs rwandais souffrent de faim chronique

Kigali: Les r�coltes de ma�s sont tr�s abondantes au Rwanda depuis la mise en place de la nouvelle politique agricole mais les agriculteurs n’arrivent pas � les vendre � un prix r�mun�rateur pour acheter de la nourriture.

Les deux pi�ces de la petite maison de Kalimunda, 36 ans, agriculteur de Kirehe, � l’est du Rwanda, sont pleins de sacs de ma�s secs ; d’autres sont suspendus au mur et au plafond. “Il y a des ma�s partout. On se couche m�me dessus”, raconte-t-il. “Depuis fin f�vrier dernier, bon nombre d’agriculteurs de la r�gion de l’Est ont d�guerpi leurs maisons pour y stocker leur r�colte”, t�moigne M. Bahorana de RDO, une coop�rative des agri-�leveurs de cette r�gion.

Dans le district de Nyagatare, les villageois n’ont plant� que du ma�s sur pr�s de 11 000 hectares consolid�s, et en ont produit 40 000 tonnes. D’apr�s Natalie Niyonagira, l’agronome du district de Kirehe, on en pr�voit l� au moins 50 000 t et dans le Nord c’est pr�s de 10 000 t qui attendent preneurs.

“Les villageois ont mis ensemble leurs terres et y ont plant� une m�me culture pour avoir une production importante”, explique Joseph Sibomana, tr�s fier, rencontr� dans son champ dans la vall�e de Rugeramigozi, au Sud.
“L’utilisation des fertilisants et de semences s�lectionn�es nous a permis de produire plus, mais on n’a pas encore de b�n�fice car les r�coltes restent en stock sans march�”, se r�signe un agriculteur de Gakenke, au Nord.
Selon un agent de RADA, l’Office rwandais du d�veloppement agricole, “les agriculteurs du Nord comme ceux de l’Est sont oblig�s de vendre leur moisson � un prix d�risoire pour avoir d’autres denr�es alimentaires.”

Une perte qui perdure

“Aujourd’hui, un kilo de ma�s se vend � 120 Frw (0,20 $) alors que le co�t de production moyen engag� par l’agriculteur est estim� � 140 Frw (0,25 $)”, explique Joseph Gafaranga, secr�taire ex�cutif d’Imbaraga, une coop�rative regroupant plus de 21 000 agriculteurs du Nord.
C’est pourquoi le minist�re de l’Agriculture a annonc� aux agriculteurs que l’Etat va acheter toute leur production et la stocker pour des p�riodes de famine ou de carence de semences.

Selon les techniciens agricoles, la politique de la consolidation des terres et la r�gionalisation des cultures, a favoris� l’augmentation des r�coltes de la saison culturale A de 2010.
La mise en commun des terres, connue sous le nom de land consolidation (consolidation des terres) est un programme du gouvernement qui vise � ne cultiver qu’une seule plante sur de grandes �tendues afin de passer de la culture de subsistance � la culture commerciale.

Depuis la mise en vigueur de la nouvelle politique agricole, la Green revolution, (la R�volution verte), en 2007, chaque r�gion doit ainsi se concentrer sur les cultures pr�conis�es en priorit�.
Selon le minist�re de l�Agriculture:
- la province de l�Est doit ne planter que le caf�, le riz, le ma�s, la banane et l�ananas;
- celle du Sud que le manioc, le bl�, le th�, le caf� ;
- dans l�Ouest, c’est le th�, le caf�, les pommes de terre ;
- dans le Nord, les pommes de terre, le pyr�thre, le bl�, et le maracuja.
- La ville de Kigali quant � elle produira des fleurs et des fruits.

“L� o� les agriculteurs ont respect� les instructions des techniciens, en utilisant des semences s�lectionn�es et les pesticides, les r�coltes ont au moins tripl�, t�moigne un agent du minist�re de l’Agriculture.

Le grand probl�me reste de trouver le march� pour cette production, sinon les villageois vont manquer s�v�rement d’autres aliments et ce sera une perte �norme pour tout le pays.”

Actuellement, les march�s sont vides de produits alimentaires� tout comme de clients. “Nous mourrons de faim � c�t� de l’abondance de ma�s. On nous interdit de vendre notre moisson comme nous voulons.Pourtant, nous n’avons pas d’argent pour acheter d’autres aliments. Nous mangeons des ma�s chaque jour, m�me les enfants n’ont rien d’autre. On ne peut pas vivre de ma�s seulement“, se plaint un habitant de Gakenke, Nord.

Pour Gafaranga d’Imbaraga, la nouvelle politique agricole, qui a grandement contribu� � l’augmentation de la production, certes des avantages “En deux ans seulement, 39 agriculteurs du Nord ont pu acheter leurs propres camionnettes gr�ce � leur revenu agricole”, se r�jouit-il.

Mais “les autorit�s devraient �tre flexibles et laisser les gens sans grandes terres planter des cultures qui rapportent plus vite“, sugg�re-t-il.
Pour lui, les oignons ou autres l�gumes cultiv�s sur une petite �tendue rapportent plus que le ma�s ou les pommes de terre.
Mais aujourd’hui, les paysans r�sistants au changement voient leurs cultures d�truites. Ainsi � Cyuve, Musanze, Nord, les dirigeants locaux ont ordonn� d’arracher, dans tous les champs, toutes les cultures autres que le ma�s, choisi dans cette r�gion pour cette saison culturale.

[Syfia Grands Lacs]


avril 19, 2010   1 Comment

Rwanda: Les discours de Paul Kagame montrent qu’il est aux abois


par A. Kamaliza

Paul Kagame est aux abois

Paul Kagame est aux abois

Beaucoup ont comment� ou commentent encore les propos du pr�sident Kagame traitant les r�fugi�s d�excr�ments. Ceux qui s�indignent ont raison. Toutefois, une analyse politique plus inspir�e serait celle qui rel�verait ce que Kagame a reproch� � l�assistance. Le contenu et le ton.

Lorsque le pr�sident reproche � ses subordonn�s de passer leur temps � colporter les fausses nouvelles ou quand il leur demande de ne plus acheter la presse qui ne serait qu�un ramassis de rumeurs et de stupidit�s, il fait montre du peu de confiance qu�il a en ses proches collaborateurs.

Paul Kagame ne p�se plus ses mots! Est-ce un bon signe?
Ecoutez Kagame traitant d'excr�ments (!) ceux qui fuient le pays

L�homme est probablement plus isol� qu�il ne para�t.
Les ‘excr�ments’ dont il parle sont ses compagnons de lutte. Il s�agit des tutsis, tel Nyamwasa. Signe que le mal est plus profond et que les tutsis ne sont plus un groupe homog�ne car, il y a en eux des ‘excr�ments’.

A la fin de son discours dont on est en droit de se demander s�il a �t� pr�par� ou improvis�, le pr�sident prouve sa faiblesse par la menace.
Il est probablement plus faible politiquement qu�on ne le dit, sa seule force restant sa capacit� d�organiser des massacres de masse.

S�il massacre les hutus sous pr�texte de combattre les interahamwe et les FDLR, que fera-t-il quand une r�bellion sera conduite par Nyamwasa ou ses semblables ?

L�opposition politique gagnerait � �tudier le discours et � en tirer des le�ons car, en dehors du g�nocide qu�il exploite, l�homme est peut-�tre plus isol� que jamais.

A. Kamaliza

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avril 19, 2010   2 Comments