Tribune d'Information sur le Rwanda

Kagame : � Nous n�avons pas de le�on � recevoir �

Kigali – Les ann�es passent mais les traces du g�nocide des Tutsi restent vivaces dans les coeurs des Rwandais. 16 ann�es d�j� mais c’est comme si c’�tait hier.
Les cris de douleur venant de la foule qui ponctuaient les discours au stade Amahoro de Remera le 7 avril, le jour o� d�bite chaque ann�e la semaine de comm�moration, ont montr� que l��motion reste forte chez les Rwandais touch�s par le dernier [et probablement aussi le plus horrible] g�nocide que l�humanit� ait connu jusqu�� aujourd�hui. Mais, malgr� la douleur, le Rwanda se rel�ve et avance � tr�s rapidement �, diront beaucoup. Et non sans difficult�s.

En s�adressant aux dizaines de milliers de Rwandais rassembl�s au stade Amahoro, aux dignitaires �trangers et au corps diplomatique pr�sent, le Pr�sident Paul Kagame a fustig� le comportement de la communaut� internationale qui s��rige en donneur de le�on du Rwanda.
Kagame a rejet� les revendications de certains �trangers qui accusent le Rwanda de museler l�espace politique, de bloquer la libert� d�expression et celle de la presse.
En faisant allusion � certains journalistes, ceux-l� m�me qui a affirment ne pas jouir de libert� d�expression, Kagame a dit : � Ces individus insultent les gens, ils m�insultent moi aussi… �. Plus loin dans son discours il a poursuivi : � Comment peuvent-ils dire qu�il n�y a pas de libert� de la presse alors qu�ils ont m�me celle d�insulter les gens ? �, s�est demand� le Pr�sident de la R�publique.

La communaut� internationale et l�opposition des � hooligans �

Un � Dites-leur � a fus� du public quand le pr�sident Kagame a dit qu�il allait prononcer son discours non pas seulement en kinyarwanda mais aussi en anglais pour �tre s�r de se faire entendre par la communaut� internationale.
� Certaines gens [Occidentaux, NDLR] …ici… essayent d�encourager le hooliganisme politique �, a-t-il dit en anglais. Et de poursuivre : � Cela est une expression de m�pris � l�endroit des Rwandais et des Africains de la part de ces gens [Occidentaux]. Ils pensent que les Rwandais peuvent �tre dirig�s par des houligans �. Sur ce, il a martel� : � Nous [Rwandais, NDLR] disons un grand non �.
Des applaudissements ont suivi cette diatribe qui a laiss� la foule visiblement ravi.

En parlant de hooligans le pr�sident Kagame pointait clairement du doigt Victoire Ingabire dont il accuse de prof�rer des propos susceptibles d�attiser la violence. Kagame rappelle que le Rwanda n�a pas besoin de le�on en mati�re de d�mocratie, de justice et de transformation socio-�conomique car il n�y a pas de meilleur enseignant que l�exp�rience que les Rwandais ont travers�.

� Quelles libert�s �tes-vous entrain de m�apprendre si vous (communaut� internationale) ne pouvez pas prendre vos responsabilit�s pour des politiques qui ont tu� un million de personnes au Rwanda ? �, s�est encore demand� le pr�sident Kagame apr�s avoir expliqu� que le g�nocide des Tutsi est le fruit conjugu� de mauvaises politiques men�es au Rwanda par les pays �trangers mais aussi par les rwandais eux-m�mes.

Le discours du pr�sident a �t� pr�c�d� par des chants en hommage aux victimes du g�nocide des Tutsi mais aussi et surtout d�une sortie aux envol�es lyriques et tr�s remarqu�e du ministre de la Culture et des Sports Joseph Habineza.
Ce dernier, juste avant le mot du pr�sident Kagame, avait prononc� un discours ponctu� par des applaudissements, chose rare dans ces circonstances. Habineza a lanc� un avertissement contre tous ceux qui veulent d�stabiliser le pays en suscitant la violence.
Sans jamais citer des noms mais de fa�on explicite et fort po�tique tout le monde a compris qu�il s�agissait de Bernard Ntaganda, pr�sident d�chu du parti PS-Imberakuri, Victoire Ingabire, pr�sidente des FDU-Inkingi, un parti non encore agr�� et Paul Rusesabagina qui a servi de personnage principal dans le film H�tel Rwanda.

En marge des c�r�monies de comm�moration il sied de signaler que le pr�sident Kagame s�est entretenu avec le secr�taire d�Etat fran�ais � la Coop�ration, Alain Joyandet.
Ce dernier a assur�, juste apr�s l�entretien, que Paris et Kigali �taient � sur la voie de la r�conciliation durable �.
A ses c�t�s, la ministre rwandaise des Affaires �trang�res, Louise Mushikiwabo, a soulign� la pr�sence � tr�s significative �, qui � nous fait plaisir �, de la France [actrice importante de cette communaut� internationale bl�m�e, NDLR] et � qui s’inscrit dans cette volont� des chefs d’Etat et des peuples d’avancer �.

Bl�me sur les rescap�s corrompus

Chaque ann�e la semaine du 7 au 13 avril consacr�e aux comm�morations du g�nocide des Tutsi est une occasion de s�int�resser aux rescap�s et � leur situation surtout. Les ann�es passent mais un bon nombre de rescap�s croupissent toujours dans une mis�re � inhumaine � comme la qualifie l�association � Ibuka � et restent des cibles � �liminer de certains g�nocidaires soucieux d�effacer toute preuve.

Le gouvernement affirme faire tout ce qui est possible dans la mesure de ses moyens. Cette ann�e plus de 44 milliards de francs rwandais sont mis � la disposition de FARG (Fonds d�Assistance au Rescap�s du G�nocide).
Pour le pr�sident Kagame qui s�est adress� aux m�dias le 5 avril lors de sa conf�rence de presse mensuelle les gestionnaires des diff�rentes associations des rescap�s sont � bl�mer pour leur cupidit�.
Il y a quelques ann�es une proposition de confier la gestion des fonds allou�s � l�assistance des survivants aux survivants eux-m�mes a �t� faite. Qu�en est-il r�sult� ? Mauvaise gestion, d�tournements et g�chis. � … Ces responsables nous disent qu�ils ont construit des maisons pour les gens et qu�ils ont pay� l�argent. Quand nous nous rendons sur place nous ne trouvons pas de maisons et des maisons il y a elles sont � moiti� construites alors que tout l�argent a �t� pay�e �, a d�plor� le pr�sident Kagame.

La subornation est un autre cas relev�. Certains rescap�s se laissent corrompre et acceptent de l�argent pour fournir de faux t�moignages et ainsi disculper des criminels. � Une situation path�tique �, a dit le pr�sident Kagame � l�endroit des m�dias.

[ARI-RNA]


avril 12, 2010   No Comments