Tribune d'Information sur le Rwanda

Posts from — mars 2010

Le Rwanda face aux �lections: Faucons en fuite


EurAc

Le Rwanda face aux �lections: Les fissures dans le miroir (suite 2)

par Kris BERWOUTS.

Les�Faucons en fuite

Mercredi 3 mars, le Pr�sident Kagame a accus� deux officiers rwandais de haut rang, de tenter de d�stabiliser le Rwanda. Il s�agit de l’ex-patron des renseignements ext�rieurs, le colonel Patrick Karegeya, r�fugi� en Afrique du Sud depuis 2007 , et le g�n�ral Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’�tat-major de l’arm�e rwandaise et ancien ambassadeur du Rwanda en Inde, qui a fui �galement en Afrique du Sud fin f�vrier, selon la justice rwandaise.

“Personne, pas une seule personne, ni m�me Kayumba, ne peut faire un coup d’Etat ici. R�fl�chissez-y, vous en viendrez � la conclusion que personne ne peut faire un coup d’Etat” au Rwanda, a assur� le pr�sident Kagame.

Dans les m�mes jours, le procureur g�n�ral Martin Ngoga, accusait le g�n�ral Kayumba Nyamwasa d��tre le commanditaire des attaques � la grenade du 19 f�vrier. Pendant longtemps, ces deux militaires issus de la diaspora anglophone ougandaise ont �t� des personnalit�s-cl�s du r�gime.

Patrick Karegeya

Patrick Karegeya n�est pas seulement l�ex-chef des renseignements, il a �t� aussi l�homme central dans le fonctionnement du Congo Desk, service du D�partement de la s�curit� ext�rieure, cr�� pour g�rer l�exploitation des richesses de l�est de la RDC, dont les recettes n�apparaissaient pas dans les comptes officiels de l�Etat.
Ce syst�me a permis � l�arm�e et aux dirigeants politiques de dissimuler des sommes d�argents �normes.
Dans tous les dossiers et les discussions depuis le retrait officiel de l�arm�e rwandaise du Congo en septembre 2002, il a �t� tr�s difficile de faire une distinction pr�cise entre le r�le de l�Etat rwandais et le r�le des lobbies politiques et militaires rwandais en dehors de l�Etat dans l�exploitation illicite des ressources congolaises et dans l�appui aux groupes militaires comme le Congr�s National de la D�fense du Peuple (CNDP).
Dans la zone d�ombre entre Etats et lobbies rwandais, Patrick Karegeya et le Congo Desk ont occup� une place centrale.

Kayumba Nyamwasa

Faustin Kayumba Nyamwasa a grandi au sud de l�Ouganda, et il est devenu une des personnes les plus puissantes dans l�arm�e rwandaise.
Chef des renseignements militaires pendant toute la guerre, il est per�u comme l�homme fort apr�s Kagame au moment de la victoire militaire de l�ancienne r�bellion.
Il a men� des campagnes militaires au nord-est du pays dans les ann�es apr�s le g�nocide.
En 2001, il a �t� remplac� � la t�te de l�arm�e par le g�n�ral Emmanuel Habyarimana, lui-m�me remplac� plus tard par James Kabarebe.
Kayumba a �t� envoy� en formation au Royaume Uni. En 2004, il a �t� nomm� ambassadeur en Inde. Des insiders de la politique rwandaise ont toujours cru que cette nomination (et m�me son d�part en Angleterre avant) �tait une mesure du Pr�sident Kagame pour �carter Kayumba du centre des activit�s politico-militaires rwandaises, parce qu�il commen�ait � avoir une assise propre dans le noyau du pouvoir.

En novembre 2006, le juge fran�ais Jean-Louis Brugui�re a �mis un mandat d’arr�t international contre Kayumba et huit autres hauts cadres militaires proches de Kagame, dans le cadre de l’enqu�te sur l’attentat contre l’avion du Pr�sident Juv�nal Habyarimana, le 6 avril 1994 � qui a entra�n� le d�clenchement du g�nocide.
En f�vrier 2008, le juge d’instruction espagnol Fernando Andreu Merelles a �mis quarante mandats d’arr�t � l’encontre d’officiers sup�rieurs de l’arm�e rwandaise (dont Kayumba) pour actes de g�nocide, crimes contre l’humanit�, crimes de guerre et terrorisme commis au Rwanda et en R�publique d�mocratique du Congo (RDC) entre le 1er octobre 1990 et 2002.
La justice espagnole avait �t� saisie, en 2000, par des proches de victimes espagnoles tu�es au Rwanda – religieux et humanitaires – et par des organisations rwandaises en exil.

Dans une interview r�alis�e apr�s son arriv�e en Afrique du Sud, le g�n�ral Kayumba s�est exprim� sur la transformation du r�gime de Kagame en dictature et sur son propre engagement pour un Rwanda d�mocratique. Mais s�il y a une distinction � faire entre les faucons et les colombes � l�int�rieur du noyau du pouvoir de Kigali, ce n�est certainement pas lui la colombe�

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mars 28, 2010   No Comments

Le Rwanda face aux �lections: D�bat contradictoire dans un espace politique verrouill�?

EurAc

Le Rwanda face aux �lections: Les fissures dans le miroir (suite 1)

par Kris BERWOUTS.

D�bat contradictoire dans un espace politique verrouill� ?

Le Rwanda n�est pas habitu� � un d�bat politique contradictoire. Au courant des ann�es, le parti au pouvoir depuis 1994, le Front Patriotique Rwandais, a �tabli un contr�le sur la vie publique (y compris sur les organes politiques et judiciaires) selon la logique de parti unique, malgr� l�existence d�une s�rie d�autres partis politiques satellites qui jouent un r�le en marge du pouvoir gr�ce � leur loyaut� fondamentale � celui-ci.

Le cycle �lectoral (2001 � 2003) qui a cl�tur� la transition a �t� organis� sans d�bat contradictoire : le seul parti d�opposition, l�Alliance pour la D�mocratie, l�Equit� et le Progr�s (ADEP-Mizero) n�a jamais obtenu son agr�ment, et les candidats ind�pendants principaux pour les �lections pr�sidentielles ont �t� disqualifi�s � la veille du scrutin. Le Pr�sident Kagame a gagn� ses �lections avec un r�sultat staliniste de 95% apr�s une campagne accompagn�e de disparitions, d�arrestations et d�intimidation des candidats, de l��lectorat et des observateurs. Aussi bien dans les �lections l�gislatives que pr�sidentielles en 2003, la mission d�observation de l�Union europ�enne a constat� des irr�gularit�s et des fraudes importantes. Les m�mes constats ont �t� faits par la mission d�observation de l�UE aux �lections l�gislatives de septembre 2008. M�me si le langage dans le rapport et dans les d�clarations lors de sa publication �tait tr�s diplomatique et cherchait � ne pas affronter le r�gime rwandais, plusieurs participants � cette mission ont fait part des irr�gularit�s dans le vote, dans le traitement des urnes et dans le comptage:
Aujourd�hui, nous sommes � quatre mois et demi des �lections pr�sidentielles du 9 ao�t 2010. Le parti au pouvoir les prend tr�s au s�rieux et s�y pr�pare en mettant en route sa machinerie du niveau local au niveau national, et en utilisant tous les moyens disponibles, y compris son monopole sur les m�dias.
Entre-temps, d�autres formations politiques s�y pr�parent aussi. Ils essayent d�obtenir leurs enregistrements comme partis politiques et ils r�clament l�espace pour se faire conna�tre et entendre par l��lectorat. Les principaux partis d�opposition sont :

� le Parti Social Imberakuri, (PSI) pr�sid� par Bernard Ntaganda et cr�� par des ex-membres du Parti Social D�mocrate (PSD) qui l�avaient quitt� par frustration que le PSD restait dans le giron du FPR.
� Le Green Democratic Party, (GDP) avec un leadership qui vient principalement du milieu anglophone. Le parti est consid�r� par beaucoup de gens comme une �manation du m�contentement au sein du FPR. Le pr�sident s�appelle Frank Habineza et le Secr�taire-g�n�ral, Charles Kabanda, co-fondateur du FPR dans les ann�es �80 en Ouganda
� Les Forces D�mocratiques Unifi�es (FDU-Inkingi), dont la pr�sidente Victoire Ingabire est rentr�e � la mi janvier 2010 pour poser sa candidature pour la pr�sidence, apr�s une absence de 17 ans.

Ces partis ne sont pas consid�r�s par le r�gime comme un enrichissement � la vie politique rwandaise, tel qu�il le souhaite.

En 2009, le Parti Social Imberakuri a essay� d�organiser quatre congr�s. Trois en ont �t� emp�ch�s par le r�gime pour des raisons de proc�dures, mais un congr�s a �t� tenu en juin. Le PS Imberakuri a �t� reconnu comme parti en juillet 2009. Pendant toute cette p�riode, leur pr�sident Bernard Ntaganda s�est exprim� dans des termes tr�s s�v�res contre le r�gime sur une s�rie de th�mes sociaux, politiques et judiciaires qui pr�occupent la population. Le fait que le r�gime apparemment laissait parler Ntaganda aussi ouvertement �tait pour beaucoup de Rwandais une indication qu�il y pourrait y avoir r�ellement un changement positif et une nouvelle ouverture politique.

Finalement, l�offensive contre Bernard Ntaganda a �t� lanc�e de l�int�rieur de son parti m�me. Le secr�taire-g�n�ral du PSI, Noel Hakizimfura, a accus� son pr�sident de divisionisme et de l�id�ologie g�nocidaire.En fevrier 2010, Hakizimfura et un autre membre du parti ont �t� licenci�s du parti pour avoir accept� de l�argent du FPR pour d�stabiliser le PS-I. Le mardi soir 16 mars 2010, des membres dirigeants du PS-Imberakuri ont �t� amen� aux Head Quarters du FPR o� ils ont re�u l�ordre d�organis� une convention du parti pour le lendemain 17 mars, afin de destituer Ntaganda de ses fonctions. La convention a �t� tenue, et la vice-pr�sidente, Christine Mukabunani a fait une d�claration dans laquelle elle a affirm� que Bernard Ntaganda n�est plus pr�sident du parti. Depuis lors, le cadre institutionnel du PSI est tr�s flou.

De son c�t�, Victoire Ingabire a longtemps pr�par� sa candidature pour la pr�sidence rwandaise � partir de la Hollande, o� elle habitait depuis 17 ans. Ingabire est arriv�e au Rwanda le samedi 16 janvier: �Je suis pr�te � briguer ma candidature pour la magistrature supr�me et la victoire est certaine”, a d�clar� Mme Victoire Ingabire � peine descendue sur le tarmac de l’a�roport international de Kigali. Sa candidature et son style direct ont tout suite suscit� des tensions au sein du r�gime qui a r�pondu par une agression verbale imm�diate, y compris dans les m�dias. Mme Ingabire s�est rendue presque imm�diatement au M�morial de Gisozi pour y d�poser une gerbe de fleurs. Dans son discours, elle a dit entre autre : “Le chemin de la r�conciliation est encore long. Ce M�morial ne rappelle que le g�nocide perp�tr� contre les Tutsi mais reste muet sur d�autres crimes contre l�humanit� ciblant des membres d�ethnie Hutu �. Elle lan�ait ainsi une claire allusion aux crimes commis en 1994 par des membres de l’ex-r�bellion tutsi, le Front patriotique rwandais (FPR), aujourd’hui au pouvoir. “Les Hutu qui ont tu� les Tutsi doivent comprendre qu’ils doivent �tre punis. Il en va de m�me des Tutsi qui ont tu� les Hutu.” Cette d�claration a d�clench� la fureur des victimes du g�nocide, des m�dias pro-gouvernementaux et des autorit�s, qui l�ont accus� de propager le n�gationnisme.

Depuis le 10 f�vrier, Mme Ingabire a �t� r�guli�rement convoqu�e par la police, pour des interrogatoires qui prennent beaucoup de temps, l�emp�chent d�entreprendre d�autres activit�s, et l�accusent de diffusion de l�id�ologie g�nocidaire, du divisionnisme et de contacts avec les FDLR. Jusque maintenant, il n�y a pas de proc�dure juridique formelle, mais le cadre l�gal a �t� cr�� pour en entamer une, par le simple transfert du dossier de la police au parquet.

Entretemps, le FDU-Inkingi a essay� d�organiser son congr�s constituant. Personne ne l�a formellement d�fendu, mais le parti se trouve devant un comportement kafka�en de la part des autorit�s : la Commune veut bien donner son autorisation pour le congr�s, � condition que la police confirme qu�elle sera sur place pour assurer la s�curit�. La police affirme aimablement qu�elle est pr�te � assurer la s�curit� du congr�s � condition que la Commune donne son autorisation par �crit�

Le 12 mars, Mme Ingabire a re�u une lettre des autorit�s communales pour lui interdire d�organiser des r�unions politiques parce qu�elle est poursuivie par les instances judiciaires: Les interrogatoires policiers de f�vrier sont donc utilis�s aujourd�hui pour l�emp�cher d�exercer ses droits politiques. Le m�me jour, le Ministre de l�administration territoriale confirme dans des interviews avec des m�dias nationaux et internationaux que les constituantes du FDU-INKINGi ne seront jamais autoris�es au Rwanda aussi longtemps que Mme Victoire Ingabire est poursuivie par la police et que des enqu�tes sur le lien entre son organisation politique et le FDLR restent ouvertes Mme Ingabire a voulu r�agir � ces accusations dans une conf�rence de presse, mais tous les h�tels qu�elle a contact� pour louer une salle ont �t� menac�s et ont donc refus� de louer. Certains ont annul� la r�servation � la derni�re minute.

Le plus jeune parti d�opposition est le Green Democratic Party, lanc� en ao�t 2009 � Kigali, avec l�objectif de cr�er une opposition r�elle et large autour d�une vision progressiste et �cologiste. Lui aussi, il a �t� bloqu� plusieurs fois dans ses efforts d�organiser ses r�unions. Face � cette situation, les trois partis mentionn�s ont mis en place une structure commune (Conseil de Concertation Permanent des Partis de l�Opposition) dans l�espoir que cette concertation leur permettra d��largir l�espace d�mocratique � travers des positions communes et un plaidoyer conjoint national et international.

Mais tous ensemble ou chacun de son c�t�, ces formations sont tr�s fragiles devant un pouvoir qui n�a aucune envie d�avoir un d�bat contradictoire r�elle autour des �lections, et qui verrouille l�espace politique par :

� son monopole sur les m�dias, qui diabolisent de fa�on permanente les partis d�opposition et leurs leaders
� une intimidation verbale et physique des partis d�opposition, leurs leaders, les cadres et les militants
� la cr�ation d�un cadre l�gal qui permet au r�gime d�entamer � tr�s court terme une d�marche juridique contre laquelle l�opposition peut difficilement se d�fendre (puisque les notions de diffusion de l�id�ologie g�nocidaire et du divisionnisme sont tr�s larges et mal d�finis dans la loi. Ces termes s�appliquent � tous ceux qui ont une lecture diff�rente de la lecture officielle de l�histoire r�cente du Rwanda. Ce cadre paralyse les leaders de l�opposition dans leurs activit�s quotidiennes et est utilis� pour les emp�cher d�exercer leurs droits politiques
� une politique administrative qui vise � emp�cher l�opposition de se faire enregistrer, de s�implanter, d�organiser des r�unions ou de se faire conna�tre aupr�s du grand public. Ainsi, deux des partis que nous avons mentionn�s ci-dessus n�ont pas encore �t� enregistr�s, alors que le troisi�me n�a pas le droit d�organiser des activit�s � la base.
� par l�infiltration des partis de l�opposition pour leur d�stabiliser de l�int�rieur

Ces strat�gies n�impliquent pas que le r�gime veut absolument interdire l�opposition. Il aurait pu le faire. Peut-�tre cherche-t-il tout d�abord � ralentir l�opposition, l�emp�cher d�atteindre la base avec un message diff�rent du sien, �viter qu�elle gagne de la cr�dibilit�. Les leaders de l�opposition que j�ai rencontr�s craignent que le gouvernement ne les emp�che de finaliser l�enregistrement en mars.

En effet, il est exclu que le dossier avancera en avril, vu la lourdeur �motionnelle pour le pays entier pendant ce mois, avec ses c�r�monies et ses activit�s de comm�moration du g�nocide. Ceci veut dire que l�administration recommencera de travailler sur leurs dossiers en mai.
Si les autorit�s utilisent les m�mes m�canismes de ralentissement, il n�est pas exclu que l�opposition soit reconnue comme partis politiques quelques semaines avant les �lections. Dans ce cas, elle ne pourra pas remplir les conditions l�gales de participation aux �lections ou participera sans aucune pr�paration normale � la campagne et au scrutin et sans aucune chance d�avoir atteint l��lectorat.

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mars 28, 2010   No Comments

Le Rwanda face aux �lections : Les fissures dans le miroir (intro)


EurAc

Le Rwanda face aux �lections : Les fissures dans le miroir
par

Kris Berwouts, Directeur EurAc
Rapport apr�s mission, Mars 2010

La deuxi�me semaine du mois de mars 2010, j�ai visit� le Rwanda. Les derni�res ann�es, je suis souvent pass� dans ce pays que je fr�quente depuis 1997, surtout en transit vers Goma, Bukavu ou Bujumbura. Chaque fois, j�en profitais pour rencontrer quelques contacts personnels ou professionnels. Mais je n��tais pas rest� plus de 24 heures depuis fin 2007.

Bien s�r, j�avais toujours suivi ce qui se passait au Rwanda, et je m��tais investi sans cesse avec les coll�gues � EurAc pour fournir une information avec le leitmotiv de disponibiliser les �l�ments n�cessaires pour mieux comprendre les enjeux et objectiver le d�bat. Ce leitmotiv est pertinent partout, mais il a une importance particuli�re au Rwanda. Tr�s souvent, le d�bat entre �believers� et �non believers� ne d�passe pas la discussion st�rile entre sourds-muets.

Les derni�res semaines avant mon arriv�e, nous sentions qu�une grande nervosit� commen�ait � r�gner dans le pays. On s�attendait tous � une fermeture de l�espace politique dans les mois avant les �lections. La diabolisation de Victoire Ingabire apr�s son retour au pays pour mener une campagne pr�sidentielle comme candidate du parti d�opposition FDU-Inkingi acc�l�rait aussi l�agression contre les autres partis d�opposition pr�sents sur le terrain. Le 19 f�vrier, un vendredi soir, trois grenades visaient diff�rents endroits tr�s fr�quent�s dans la capitale, en pleine heure de pointe, faisant deux personnes mortes et plusieurs bless�es. Les m�dias rwandais en accusaient d�abord les FDLR et puis Victoire Ingabire. Le jeudi 4 mars 2010 dans deux nouvelles attaques � la grenade, presque simultan�es, dans la capitale rwandaise Kigali, seize autres personnes ont �t� bless�es. Ces actes de violence �taient suivis par des vagues d�accusations et d�arrestations.

Entre les deux attaques, le G�n�ral Faustin Kayumba Nyamwasa avait quitt� le pays pour l�Afrique du Sud. Apr�s son d�part, cet ancien chef d�Etat-major de l�arm�e rwandaise �tait accus� par le r�gime d��tre derri�re les grenades du 19 f�vrier et d��tre associ� � l�ancien chef des renseignements ext�rieurs, le colonel Patrick Karegeya, qui se trouve en Afrique du Sud depuis 2007.

Le samedi 6 mars, les autorit�s rwandaises ont annonc� l�arrestation au Burundi d�un opposant, D�o Mushayidi, accus� par Kigali de faire partie des commanditaires des r�centes attaques � la grenade. Tout doucement, les jeteurs de grenades commen�aient � �tre plus nombreux que les grenades elles-m�mes.

Vous comprenez que je ne savais pas tr�s bien � quoi m�attendre. Pendant que les journ�es passaient, j�avais des difficult�s � comprendre pourquoi au juste la situation me semblait fondamentalement diff�rente de toutes les autres fois que j�ai visit� le pays. Je sentais une crainte dans la population, mais elle existe depuis longtemps. Je constatais une fermeture de l�espace politique qu�on avait v�cue d�j� maintes fois. Je ne me souvenais pas de grenades dans le pass� r�cent (une petite recherche apr�s mon retour m�apprend qu�il y en a eu en avril et d�cembre 2008 et en avril et juillet 2009), mais au m�me temps j�avais l�impression que les grenades �taient plus des sympt�mes que la cause des �v�nements. J�avais l�envie et le devoir d�int�grer tous ces morceaux d�information dans une analyse solide.

Finalement, j�ai compris ce qui �tait r�ellement nouveau : j�observais un r�gime qui ne se bat pas tout d�abord contre ses adversaires. Il se bat en premier lieu contre sa propre d�sint�gration. Pendant dix ans, nous avions sp�cul� sur les divergences au sein de l�inner circle du pouvoir. Nous avons toujours senti des points de d�saccord, mais personne n�a pu m�aider � d�finir pr�cis�ment les clivages. Aujourd�hui, quand le r�gime se regarde dans le miroir, il voit les fissures qui troublent l�image intacte et sereine qu�il veut pr�senter � l�opinion publique, aussi bien rwandaise qu�internationale. Le r�gime se voit confront� � sa propre fragilit�, il est nerveux et il r�agit hors proportions.

Vous lirez dans les pages suivantes mes constats, mes impressions et mon analyse. Ce n�est pas une position officielle d�EurAc, mais le r�sultat des r�flexions d�une seule personne, et qui n�engage qu�elle. Une personne qui, comme d�habitude, revient de mission avec plus de questions que de r�ponses.

Kris Berwouts
Directeur EurAc
21 mars 2010

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mars 28, 2010   No Comments

Rwanda: Risques d’�tre �tranger dans son propre pays


Kigali – De nombreux Rwandais habitant les r�gions frontali�res avec le Burundi et la RD Congo, qualifi�s d’�trangers, ne peuvent obtenir la carte d’identit�, indispensable � la vie courante et pour participer aux �lections pr�sidentielles d’ao�t prochain. Ces sans-papiers sont inquiets.
Ils ont tous plus peur qu’ils n’inspirent de crainte � leurs voisins. Eux, ce sont en majorit� des habitants des r�gions rwandaises frontali�res avec le Burundi au sud du pays et la RD Congo � l’ouest, auxquels les autorit�s locales refusent la carte d’identit�.

“Ce sont des �trangers”, disent-elles. Depuis deux ans, quand tous les citoyens rwandais ont du refaire leur carte d’identit�, de nombreux villageois du sud et de l’ouest n’ont pas obtenu ce document vital.

Ils sont soup�onn�s, � tort ou � raison, par leurs voisins et les dirigeants locaux, de venir d’ailleurs, peu importe le temps qu’ils ont v�cu sur place.

Aujourd’hui, �tre sans-papiers au Rwanda est risqu�. Ceux qui n’en ont pas craignent pour leurs biens, pour leurs droits civiques � l’approche des �lections pr�sidentielles pr�vues le 9 ao�t prochain et m�me pour leur vie, surtout en ces moments d’ins�curit�.

D�but mars, des attentats � la grenade ont fait des dizaines de victimes. Le conseil consultatif du district de Gicumbi, nord, a ainsi d�clar� r�cemment que “ceux qui n’ont pas de carte d’identit� doivent �tre consid�r�s comme ceux qui causent l’ins�curit�”.

Actuellement, les forces de l’ordre proc�dent � la v�rification de cette carte. Ceux qui ne peuvent pas la pr�senter restent aux mains de la police.

“Nous tous qualifi�s d’�trangers, nous ne pouvons pas voyager de peur d’�tre attrap�s et pris pour des fauteurs de troubles dans le pays”, note Sixbert Banzubaze, 40 ans, de Muganza, Gisagara.
Sans carte d�identit�, impossible aussi au Rwanda d’avoir acc�s aux services publics ou priv�s. Offres d�emploi, services dans les banques, soins dans les h�pitaux, �lections� On l’exige avant toute chose.

Rumeurs, jalousies�
Pour cet activiste des droits de l’homme de Kigali, ces gens “sont victimes d’une propagande x�nophobe de quelques villageois des r�gions frontali�res”. Ils sont “des vrais sans-papiers dans leurs pays”.

“A part, ceux qui bougent beaucoup entre les fronti�res, ce sont ceux qui ont des grandes terres qui sont vis�s”, remarque un villageois de Muganza.

Le vieux Kanyabikari Fran�ois, n� en 1936 dans le district de Gisagara, sud, voisin du Burundi ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Un responsable local lui a confisqu� sa carte d’identit� avan�ant qu’il est �tranger. “Mon p�re est n� ici comme moi et mes enfants. Personne dans cette r�gion ne peut nous montrer le lieu d’o� seraient venus nos arri�res parents”, se plaint Kanyabikari.

Comme lui, Jacques Hakizimana, 87 ans, du secteur Mukindo de Gisagara et plus de 100 personnes de sa descendance, avaient des cartes d’identit� rwandaise. Il a servi son pays jusqu’� sa retraite, mais, aujourd’hui, il est pris pour �tranger.
“J’ai peur qu’on nous chasse sans savoir o� nous envoyer, car nous n’avons pas d’autre origine ailleurs”, se r�signe un de ses fils.

Pour lui, ce sont surtout des jalousies entre voisins qui sont � l’origine de ces probl�mes : “Tout commence par une rumeur propag�e par quelqu�un qui veut �carter l�autre. Quand elle arrive au dirigeant, celui-ci retient la carte d�identit� de peur d��tre accus� de la d�livrer � des �trangers.”

Selon un �lu local du district de Gisagara, de nombreuses personnes sont concern�es : “Nous visons � bien identifier les vrais nationaux et les �trangers, car une bonne partie de nos habitants sont partag�s entre deux pays. Certains ont des terres et des maisons au Rwanda et au Burundi. Ils trichent et ils ont plus d’une nationalit�. Quand ils commettent des infractions dans un pays, ils se r�fugient dans l’autre.”

Fin 2009, le pr�sident rwandais, Paul Kagame, avait lui-m�me point� du doigt, lors de sa visite dans la province du Sud, les gens qui vont et viennent entre les diff�rents pays, pr�sumant qu’ils peuvent causer de l’ins�curit�.

Vent �lectoral
Pour avoir une carte d’�lecteur, un citoyen doit avoir au pr�alable une carte d’identit�. “Nous la refuser, c’est nous priver de nos droits civiques. Visiblement nous ne pourrons pas voter aux prochaines �lections pr�sidentielles “, regrette un villageois de Mukindo, Sud.

Son camarade, lui, craint le pire : “On nous dit souvent qu’on va nous renvoyer chez nous. Nos voisins nous disent qu’ils vont prendre nos biens quand nous serons partis. Mais on ne nous dit pas o� on va nous renvoyer.”

La d�livrance de la carte d’identit� dot�e d�une puce �lectronique a commenc� en ao�t 2008. “Environ 5,3 millions de personnes l’ont demand�e”, d’apr�s Pascal Nyamurinda, coordinateur du projet de l’identit� nationale. C’est ce nombre qui, apr�s avoir obtenu leur “smart card”, prendra part aux �lections. Mais, dans la province de l’Ouest, pr�s de 700 000 personnes sur 2,5 millions n’avaient pas de carte d’identit� fin 2009.

[Syfia Grands Lacs]

mars 28, 2010   No Comments

Rwanda: Le Colonel Bagosora en appel au TPIR affirme avoir �t� priv� du t�moignage fondamental de Marcel Gatsinzi


Theoneste Bagosora

Theoneste Bagosora

Arusha : Le colonel Th�oneste Bagosora, le plus c�l�bre des d�tenus du Tribunal p�nal international pour le Rwanda (TPIR) soutient, dans son m�moire d’appel d�pos� mercredi, avoir �t� priv� en premi�re instance, d’un t�moignage fondamental pour sa d�fense, celui de l’actuel ministre rwandais de la D�fense, le g�n�ral Marcel Gatsinzi.

Directeur de cabinet au minist�re de la D�fense pendant le g�nocide de 1994, Bagosora a �t� condamn� � la prison � vie en d�cembre 2008 apr�s avoir �t� reconnu coupable de g�nocide, crimes contre l’humanit� et crimes de guerre.

Le colonel, qui avait �t� pr�sent� par le parquet tout au long du proc�s comme le “cerveau” du g�nocide, a �t�, en revanche, acquitt� du chef d’ �entente en vue de commettre le g�nocide �.

Les juges de premi�re instance ont conclu � sa responsabilit� dans l’assassinat du Premier ministre de l’�poque, Agathe Uwilingiyimana, des dix casques bleus belges qui �taient charg�s de la prot�ger, de plusieurs dirigeants politiques et de massacres de Tutsis � des barrages routiers dans la ville de Kigali et dans sa r�gion d’origine de Gisenyi (nord), entre la soir�e du 6 avril et le 9 avril 1994.

Selon le jugement, Bagosora �tait, en l’absence du ministre de la D�fense et apr�s le d�c�s du chef d’�tat-major de l’arm�e, la plus haute autorit� militaire du Rwanda au cours de cette p�riode. Ce que le condamn� a toujours contest�, affirmant n’avoir jamais exerc� de contr�le, ni de fait, ni de droit, sur l’arm�e.

A sa demande, la chambre avait, lors du proc�s, ordonn� le 11 septembre 2006 la comparution du g�n�ral Gatsinzi qui fut chef d’�tat-major int�rimaire de l’arm�e rwandaise du 7 au 16 avril 1994.

Le ministre avait alors pos� des conditions � sa d�position : �tre entendu comme t�moin de la chambre et non de Bagosora, ce que la chambre avait refus�. Gatsinzi avait �galement demand� � d�poser en vid�oconf�rence.

Les choses en sont rest�es l� jusqu’� la fin du proc�s.

� En fait, �crivent les avocats de Bagosora, la chambre a c�d� � la volont� de Gatsinzi qui refusait de venir t�moigner (…) Elle aurait d� demander au gouvernement rwandais de coop�rer avec le tribunal comme le lui permettait le statut (du TPIR) en contraignant Gatsinzi � venir t�moigner �.

� La chambre a priv� la d�fense du colonel Bagosora d’un moyen de d�fense fondamental �, poursuit le m�moire sans pr�ciser si l’�quipe de d�fense du colonel demandera la comparution de Gatsinzi pour l’audience d’appel.

Au terme de ce m�moire de 65 pages qui comprend 6 motifs d’appel, les d�fenseurs de Bagosora demandent au deuxi�me juge de � renverser les condamnations prononc�es contre lui et consigner un verdict d’acquittement � ou, � subsidiairement, d’ordonner un nouveau proc�s �.

L’ex-directeur de cabinet comparaissait en premi�re instance avec l’ancien chef des op�rations militaires � l’�tat – major de l’arm�e, le g�n�ral Gratien Kabiligi, l’ancien commandant du secteur op�rationnel de Gisenyi (nord), le lieutenant- colonel Anatole Nsengiyumva et l’ancien commandant du bataillon paracommando, le major Aloys Ntabakuze.

Egalement condamn�s � la perp�tuit�, Nsengiyumva et Ntabakuze seront jug�s avec Bagosora en appel.

Quant � Kabiligi, il a �t� acquitt�, faute de preuve, et le procureur n’a pas jug� utile de faire appel.

[ARI-RNA]

mars 28, 2010   No Comments

Le Rwanda mandat� par l’ONU pour envoyer des gardiens de prison en Haiti

Kigali – Le conseil du Gouvernement du 24 Mars 2010 a confirm� que l’ONU a charg� le Rwanda d’envoyer des gardiens de prison en Haiti.

“Minisitiri w�Umutekano mu Gihugu yamenyesheje Inama y�Abaminisitiri ko u Rwanda rwemerewe n�Umuryango w�Abibumbye kohereza abacungagereza kugira uruhare mu kunoza imicungire ya za Gereza mu gihugu cya Haiti.”

Source: Kigali: Ibyemezo by�inama y�abaminisitiri yo kuwa 24 Werurwe 2010


mars 26, 2010   No Comments

Le Rwanda d�signe son nouvel Ambassadeur du Rwanda en Inde en remplacement du fugitif G�n�ral Kayumba Nyamwasa

Kigali – Monsieur William NKURUNZIZA a �t� d�sign� Ambassadeur du Rwanda en Inde en remplacement du fugitif G�n�ral Kayumba Nyamwasa pour lequel le Rwanda a introduit une demande d’extradition d’Afrique du Sud.


mars 26, 2010   No Comments

Rwanda: L’opposition rwandaise dans le collimateur du parti au pouvoir

RFI �crit au sujet des difficult�s rencontr�es par l’opposition rwandaise durant cette p�riode pr�-�lectorale:

L’opposition rwandaise dans le collimateur du parti au pouvoir


Bernard Ntaganda (G) pr�sident du parti socialiste Imberakuri et Victoire Umuhoza Ingabire (D), pr�sidente des Forces D�mocratiques Unies (FDU), leaders de l’opposition rwandaise.
Montage/RFI

A quelques mois de l’�lection pr�sidentielle au Rwanda, aucun des trois mouvements d’opposition n’a la garantie de pouvoir participer au futur scrutin du mois d�ao�t prochain. Jeudi 25 mars 2010, l’opposante Victoire Ingabir� a �t� � nouveau convoqu�e et interrog�e par la police. Au d�but du mois de f�vrier l’ONG am�ricaine de d�fense des droits humains, HRW, avait d�nonc� des � actes graves d’intimidation � contre l’opposition.

Le Parti d�mocrate vert, qui regroupe notamment des dissidents du FPR (Front patriotique rwandais) le parti au pouvoir, n’a pas encore r�ussi � obtenir son agr�ment, m�me chose pour les Forces d�mocratiques unifi�es. Quant au Parti socialiste Imberakuri qui b�n�ficiait d’une existence l�gale, il a r�cemment �t� l’objet d’une man�uvre qui a permis de limoger son pr�sident. Mais la majorit� des membres �tant rest�s solidaires, certaines sources indiquent que le mouvement pourrait �tre dissous par les autorit�s.

Ces derniers mois les opposants sont sans cesse confront�s � des menaces et � toutes sortes d’obstacles qui les emp�chent de mener des activit�s politiques, pourtant autoris�es et pr�vues par la constitution rwandaise. En d�cembre dernier, Bernard Ntaganda, le leader du parti socialiste, a �t� convoqu� par le S�nat qui l’accuse de � r�visionnisme et d’id�ologie g�nocidaire �. L’affaire est toujours en l’examen. Victoire Ingabire, des FDU, fait elle aussi l’objet d’une enqu�te de police pour les m�mes accusations.

Pour les partis d’opposition, c’est la quadrature du cercle. Le gouvernement prend pr�texte de ces enqu�tes pour refuser la tenue de congr�s constitutifs, proc�dure obligatoire afin que que les partis soient agr��s et puissent pr�senter des candidats au futur scrutin. Le gouvernement contr�le d�j� �troitement l’espace politique note Human rights watch. L�organisation de d�fense des droits humains estime que � la multiplication des attaques contre les partis d’opposition ne pr�sage rien de bon pour l’�lection pr�sidentielle d’ao�t prochain �.

[RFI]


mars 26, 2010   No Comments

Rwanda: Ibuka saisit le Parlement au sujet des assassinats de rescap�s du g�nocide


Kigali – Ibuka, la principale organisation de survivants du g�nocide rwandais en 1994, a annonc� mardi avoir saisi la chambre des d�put�s et le s�nat rwandais de la question des assassinats visant ces rescap�s.

Selon des rapports compil�s par ce collectif, 24 survivants ont �t� assassin�s l’ann�e derni�re tandis que 6 ont �chapp� � des tentatives d’assassinats.

� Nous nous sommes trouv�s dans l’obligation de soumettre la question aux deux chambres pour qu’elles prennent les mesures qui s’imposent �, a indiqu� mardi � l’agence Hirondelle, le pr�sident d’Ibuka (souviens-toi, en langue rwandaise), Th�odore Simburudali.

� Nous avons �crit le 6 mars ; nous attendons des actions concr�tes de la part du parlement qui a d�j� pris acte de nos dol�ances �, a-t-il poursuivi.

Les menaces visant les rescap�s du g�nocide ont par ailleurs �t� au centre du onzi�me congr�s ordinaire d’Ibuka qui s’est tenu dimanche � Kigali.

Selon le pr�sident de l’organisation, les personnes vis�es avaient, pour la plupart d’entre elles, t�moign� � charge ou si�g� comme juges dans les proc�s gacacas.

Inspir�es de la tradition rwandaise, les juridictions gacacas (prononcer gatchatcha) sont charg�es de juger la presque totalit� les auteurs pr�sum�s du g�nocide.

Les assassinats de rescap�s sont, selon M.Simburudali, la cons�quence de � la haine contre les Tutsis enseign�e depuis les ann�es 1959, de l’id�ologie du g�nocide trop ancr�e dans certains esprits, et des propagandes orchestr�es de l’ext�rieur par des g�nocidaires, comme les Forces d�mocratiques de lib�ration du Rwanda (FDLR) bas�es dans l’est de la R�publique d�mocratique du Congo �.

Les assises d’Ibuka ont �galement planch� sur le bilan des gacacas qui doivent clore leurs travaux � la fin du mois. Pour cette organisation, le contentieux du g�nocide est loin d’�tre vid�, car plusieurs g�nocidaires circulent toujours impun�ment.

Ibuka rel�ve par ailleurs que plusieurs milliers de condamn�s aux Travaux d’int�r�t g�n�ral (TIG) se sont volatilis�s dans la nature et ne purgent donc pas leur peine.

Le congr�s a �galement d�plor� �des acquittements de g�nocidaires notoires, des proc�s de r�glement de compte contre des rescap�s du g�nocide, la non ex�cution de certains jugements li�s aux pillages ou aux biens d�truits, la corruption de certains juges gacacas et de certains t�moins, m�me parmi les survivants �.

Les d�l�gu�s ont aussi fait remarquer que beaucoup de rescap�s restent sans logement, sans soins m�dicaux, ou sans frais de scolarit�, 16 ans apr�s le g�nocide, en d�pit de l’existence du Fonds d’assistance aux rescap�s du g�nocide les plus d�munis (FARG) mis en place par le gouvernement.

� Le nombre des b�n�ficiaires cro�t chaque ann�e au lieu de d�cro�tre, parce que m�me des non rescap�s du g�nocide se font enregistrer sur nos listes�, s’est indign� Ildephonse Niyonsenga, secr�taire ex�cutif du fonds.

Enfin, Ibuka a salu� la condamnation par Tribunal p�nal international pour le Rwanda (TPIR), du Premier ministre du gouvernement en place pendant le g�nocide, Jean Kambanda, une preuve, selon cette organisation, que le g�nocide des Tutsis a �t� planifi� par le pouvoir de l’�poque.

[Agence Hirondelle]

mars 25, 2010   No Comments

Victoire Ingabire s’adresse directement au Pr�sident Paul Kagame


Victoire Ingabire interpelle le Président Paul Kagame

Victoire Ingabire interpelle le Pr�sident Paul Kagame

Madame Victoire Ingabire, Pr�sidente du FDU-Inkingi, s’adresse au Pr�sident du Rwanda Paul Kagame en ces termes:

Kigali, le 22 mars 2010

Lettre ouverte

Son Excellence Monsieur Paul KAGAME
Pr�sident de la R�publique Rwandaise
KIGALI

Son Excellence Monsieur le Pr�sident,

J’ai l’honneur de m’adresser � Votre haute autorit�, afin que vous mettiez tout en oeuvre pour que tous les partis politiques d�sirant participer aux prochaines �lections pr�vues en ao�t 2010 puissent le faire, et ainsi jouir de leurs droits constitutionnels.

Mon parti politique, FDU-INKINGI, a d�cid� de participer � ces �lections, afin de prouver � toutes et � tous, que le changement politique est possible au Rwanda sans forc�ment recourir � la violence, comme �a a �t� le cas dans le pass�.

Le Front Patriotique Rwandais, votre parti politique, ne devrait pas se soustraire � une comp�tition politique libre, apr�s 16 ans de pouvoir sans partage, alors qu�il affirme avoir instaur� l’unit� et la r�conciliation nationales et r�alis� un d�veloppement �conomique sans pr�c�dent.

Les FDU se sont engag�s � suivre scrupuleusement toutes les dispositions l�gales relatives � l’enregistrement des partis politiques au Rwanda.

Il est important que nos droits soient respect�s et notamment ceux garantis par la constitution et en particulier dans ses articles 11, 16, 33, 35, 36, ainsi que les d�clarations contenues dans la charte onusienne du 26 janvier 1945, la D�claration Universelle des Droits de l’homme du 10 d�cembre 1948, la convention internationale sur les droits civiques du 19 d�cembre 1966, la Charte Africaine sur la D�mocratie, les �lections et la Gouvernance du 30 janvier 2007, auxquelles le Rwanda a adh�r� de bonne foi.

Depuis mon retour au pays, je suis constamment victime d’une campagne de diabolisation, de harc�lement et d’intimidation orchestr�e par les media publics et partisans, les services administratifs et certains membres du gouvernement.

Vous �tes sans doute au courant de l�attaque dont j�ai �t� l�objet en plein jour dans les locaux du secteur administratif de Kinyinya en date du 03 f�vrier 2010.
Jusqu’� date, aucune poursuite n’a �t� engag�e contre les auteurs, que la police pr�tendait pourtant avoir arr�t�s.

J’ai �t� plusieurs fois auditionn�e par le d�partement des enqu�tes criminelles (CID) pour “activit�s politiques ill�gales, id�ologie g�nocidaire et intelligence avec les rebelles des FDLR”.

En d�pit de toutes ces menaces, je reste d�termin�e � d�fendre mes droits politiques, ainsi que le droit de chaque Rwandais, sp�cialement quand ces droits sont garantis par la Constitution.

Je condamne sans r�serve le g�nocide contre les Tutsi et tous les autres crimes contre l’humanit� commis au Rwanda.
Je pense fermement que sans compassion et r�habilitation de toutes les victimes, sans jugement des auteurs de ces horribles crimes, il n y a aucune chance de d�raciner l’impunit� et d’arriver � une v�ritable r�conciliation.

L�unique preuve exhib�e pour �tayer les accusations de complicit� avec l�ennemi, s�appuie sur le rapport d’un groupe d’experts de l’ONU sur la RDC dat� du 23 Novembre 2009.
Il est inutile de r�affirmer que les informateurs des experts de l’ONU ont d�lib�r�ment induit en erreur ces derniers, affirmant notamment que j’ai des liens de parent� avec le commandant en chef de ce groupe arm�, ce qui est absurde.
Il est ind�cent d’exploiter ma participation � une session du Dialogue Inter Rwandais et de la transformer en une collaboration avec le groupe rebelle.
J’ai �t� invit�e au m�me titre que tous les autres participants de diff�rentes organisations rwandaises, y compris des repr�sentants de votre parti, le FPR que le rapport a soigneusement �vit� de mentionner sur la liste dles participants.
Le communiqu� final de cette r�union demandant une solution pacifique et politique de la crise rwandaise fut lu par un des survivants du g�nocide participant � la r�union.
Voir http://www.veritasrwandaforum.org/dialeg/COMMUNIQUE_FINAL_DIALOGUE_INTRA.pdf.

Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’opportunit� d’une telle accusation au moment o� le gouvernement lui-m�me a multipli� les contacts avec ces rebelles et a m�me incorpor� dans son arm�e certains de ses g�n�raux.

S’agissant des aspects l�gaux en rapport avec ma demande de tenir le congr�s constitutif de mon parti, la position de l’administration de me refuser cette autorisation est sans fondement.

En effet, l’alin�a 18, 19 e 20 de la Constitution ne laisse aucune ombre de doute. Je ne peux pas �tre d�chue de mes droits civiques sur simples all�gations pour lesquelles je n’ai �t� ni inculp�e, ni condamn�e (Article 19). C’est inhabituel dans un �tat de droit, qu’un repr�sentant du gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’administration local, M. Musoni Protais, viole publiquement la loi, par des remarques diffus�es sur la VOA le 15 mars 2010, affirmant qu’aussi longtemps que la police continue ses investigations, il n y aura pas d’autorisation pour les FDU, de tenir leur congr�s n’importe o� au Rwanda.
Encore que ce ministre s’arroge le droit d’autoriser des r�unions politiques, alors que la loi organique 16/2003 en son article 5 ne requiert qu’une notice par �crit aux autorit�s administratives. L’autorisation administrative n’est requise qu’en cas de manifestations politiques publiques (art 5, paragraphe 4).

Dans une interview avec la radio nationale, diffus�e le 12 mars 2010, le maire de Nyarugenge (Kigali) ajouta que “nous ne pouvons pas autoriser la r�union, par ce que nous ne savons pas ce qu’ils vont d�clarer au public”. Le maire r�it�ra cette position dans une interview � la BBC Kinyarwanda-Kirundi du 15 mars 2010. Ceci constitue une violation flagrante de la libert� d’expression et d’association garantie par la constitution ainsi que d’autres instruments et dispositions internationaux.

La controvers�e Loi organique n� 19/2007 du 04/05/2007 modifiant et compl�tant la Loi Organique 16/2003 du 27/06/2003 r�gissant les organisations politiques et politiciens conf�re au ministre de
l’administration locale la comp�tence d’enregistrer les partis politiques. C’est l’autorit� supr�me dans la hi�rarchie et la d�cision finale lui appartient. En refusant aux FDU l’autorisation de tenir leur assembl�e constituante, le ministre bloque par la m�me occasion toute chance d�enregistrement du parti qui, ne pourra de ce fait prouver qu’il a �t� l�galement constitu�.
Nous d�non�ons cet abus de pouvoir qui viole la constitution.

Son Excellence Monsieur le Pr�sident,

Tous ces d�veloppements montrent clairement que sans Votre intervention, tout le processus politique conduisant aux prochaines �lections est vici� et va d�railler. Il est de Votre responsabilit�, en tant que Chef de l’Etat, et garant de la Constitution, de prendre les mesures qui s’imposent, afin:

- que le gouvernement, ses administrations et ses institutions restent neutres et respectent la constitution et en particulier l’article 29 de la Loi organique n�16/2003 du27/06/2003;

- que tous les rwandais jouissent de leurs droits politiques;

- que les parties politiques exercent leurs droits d’expression et d’association (article 1 de la Loi Organique n�16/2003 of 27/06/2003

- que le syst�me multipartite soit instaur�. Le multipartisme reconnu dans le M�morandum sur l’Etat de droit sign� par le FPR � Arusha en 1993 implique la reconnaissance, l’existence d’une opposition d�mocratique, et consid�re les aspirations l�gitimes de tous les rwandais � acc�der au pouvoir par les moyens d�mocratiques.

- que l’opposition politique ait un espace politique n�cessaire et soit libre d�exposer � la population rwandaise son projet politique;

- que le parti FDU INKINGI soit autoris� � tenir son congr�s constitutif en accord avec les dispositions l�gales et sans autres obstacles de la part de votre gouvernement.

Veuillez agr�er, Excellence Monsieur le Pr�sident, l’assurance de ma tr�s haute distinction.

Madame Victoire Ingabire Umuhoza
Pr�sidente des FDU-Inkingi
Tel : (+250) 0785836000 [email protected]
http://www.fdu-rwanda.org � http://www.victoire2010.com

mars 25, 2010   2 Comments