Tribune d'Information sur le Rwanda

Rwanda: Ibuka saisit le Parlement au sujet des assassinats de rescap�s du g�nocide

Kigali – Ibuka, la principale organisation de survivants du g�nocide rwandais en 1994, a annonc� mardi avoir saisi la chambre des d�put�s et le s�nat rwandais de la question des assassinats visant ces rescap�s.

Selon des rapports compil�s par ce collectif, 24 survivants ont �t� assassin�s l’ann�e derni�re tandis que 6 ont �chapp� � des tentatives d’assassinats.

� Nous nous sommes trouv�s dans l’obligation de soumettre la question aux deux chambres pour qu’elles prennent les mesures qui s’imposent �, a indiqu� mardi � l’agence Hirondelle, le pr�sident d’Ibuka (souviens-toi, en langue rwandaise), Th�odore Simburudali.

� Nous avons �crit le 6 mars ; nous attendons des actions concr�tes de la part du parlement qui a d�j� pris acte de nos dol�ances �, a-t-il poursuivi.

Les menaces visant les rescap�s du g�nocide ont par ailleurs �t� au centre du onzi�me congr�s ordinaire d’Ibuka qui s’est tenu dimanche � Kigali.

Selon le pr�sident de l’organisation, les personnes vis�es avaient, pour la plupart d’entre elles, t�moign� � charge ou si�g� comme juges dans les proc�s gacacas.

Inspir�es de la tradition rwandaise, les juridictions gacacas (prononcer gatchatcha) sont charg�es de juger la presque totalit� les auteurs pr�sum�s du g�nocide.

Les assassinats de rescap�s sont, selon M.Simburudali, la cons�quence de � la haine contre les Tutsis enseign�e depuis les ann�es 1959, de l’id�ologie du g�nocide trop ancr�e dans certains esprits, et des propagandes orchestr�es de l’ext�rieur par des g�nocidaires, comme les Forces d�mocratiques de lib�ration du Rwanda (FDLR) bas�es dans l’est de la R�publique d�mocratique du Congo �.

Les assises d’Ibuka ont �galement planch� sur le bilan des gacacas qui doivent clore leurs travaux � la fin du mois. Pour cette organisation, le contentieux du g�nocide est loin d’�tre vid�, car plusieurs g�nocidaires circulent toujours impun�ment.

Ibuka rel�ve par ailleurs que plusieurs milliers de condamn�s aux Travaux d’int�r�t g�n�ral (TIG) se sont volatilis�s dans la nature et ne purgent donc pas leur peine.

Le congr�s a �galement d�plor� �des acquittements de g�nocidaires notoires, des proc�s de r�glement de compte contre des rescap�s du g�nocide, la non ex�cution de certains jugements li�s aux pillages ou aux biens d�truits, la corruption de certains juges gacacas et de certains t�moins, m�me parmi les survivants �.

Les d�l�gu�s ont aussi fait remarquer que beaucoup de rescap�s restent sans logement, sans soins m�dicaux, ou sans frais de scolarit�, 16 ans apr�s le g�nocide, en d�pit de l’existence du Fonds d’assistance aux rescap�s du g�nocide les plus d�munis (FARG) mis en place par le gouvernement.

� Le nombre des b�n�ficiaires cro�t chaque ann�e au lieu de d�cro�tre, parce que m�me des non rescap�s du g�nocide se font enregistrer sur nos listes�, s’est indign� Ildephonse Niyonsenga, secr�taire ex�cutif du fonds.

Enfin, Ibuka a salu� la condamnation par Tribunal p�nal international pour le Rwanda (TPIR), du Premier ministre du gouvernement en place pendant le g�nocide, Jean Kambanda, une preuve, selon cette organisation, que le g�nocide des Tutsis a �t� planifi� par le pouvoir de l’�poque.

[Agence Hirondelle]


mars 25, 2010   No Comments

Victoire Ingabire s’adresse directement au Pr�sident Paul Kagame


Victoire Ingabire interpelle le Président Paul Kagame

Victoire Ingabire interpelle le Pr�sident Paul Kagame

Madame Victoire Ingabire, Pr�sidente du FDU-Inkingi, s’adresse au Pr�sident du Rwanda Paul Kagame en ces termes:

Kigali, le 22 mars 2010

Lettre ouverte

Son Excellence Monsieur Paul KAGAME
Pr�sident de la R�publique Rwandaise
KIGALI

Son Excellence Monsieur le Pr�sident,

J’ai l’honneur de m’adresser � Votre haute autorit�, afin que vous mettiez tout en oeuvre pour que tous les partis politiques d�sirant participer aux prochaines �lections pr�vues en ao�t 2010 puissent le faire, et ainsi jouir de leurs droits constitutionnels.

Mon parti politique, FDU-INKINGI, a d�cid� de participer � ces �lections, afin de prouver � toutes et � tous, que le changement politique est possible au Rwanda sans forc�ment recourir � la violence, comme �a a �t� le cas dans le pass�.

Le Front Patriotique Rwandais, votre parti politique, ne devrait pas se soustraire � une comp�tition politique libre, apr�s 16 ans de pouvoir sans partage, alors qu�il affirme avoir instaur� l’unit� et la r�conciliation nationales et r�alis� un d�veloppement �conomique sans pr�c�dent.

Les FDU se sont engag�s � suivre scrupuleusement toutes les dispositions l�gales relatives � l’enregistrement des partis politiques au Rwanda.

Il est important que nos droits soient respect�s et notamment ceux garantis par la constitution et en particulier dans ses articles 11, 16, 33, 35, 36, ainsi que les d�clarations contenues dans la charte onusienne du 26 janvier 1945, la D�claration Universelle des Droits de l’homme du 10 d�cembre 1948, la convention internationale sur les droits civiques du 19 d�cembre 1966, la Charte Africaine sur la D�mocratie, les �lections et la Gouvernance du 30 janvier 2007, auxquelles le Rwanda a adh�r� de bonne foi.

Depuis mon retour au pays, je suis constamment victime d’une campagne de diabolisation, de harc�lement et d’intimidation orchestr�e par les media publics et partisans, les services administratifs et certains membres du gouvernement.

Vous �tes sans doute au courant de l�attaque dont j�ai �t� l�objet en plein jour dans les locaux du secteur administratif de Kinyinya en date du 03 f�vrier 2010.
Jusqu’� date, aucune poursuite n’a �t� engag�e contre les auteurs, que la police pr�tendait pourtant avoir arr�t�s.

J’ai �t� plusieurs fois auditionn�e par le d�partement des enqu�tes criminelles (CID) pour “activit�s politiques ill�gales, id�ologie g�nocidaire et intelligence avec les rebelles des FDLR”.

En d�pit de toutes ces menaces, je reste d�termin�e � d�fendre mes droits politiques, ainsi que le droit de chaque Rwandais, sp�cialement quand ces droits sont garantis par la Constitution.

Je condamne sans r�serve le g�nocide contre les Tutsi et tous les autres crimes contre l’humanit� commis au Rwanda.
Je pense fermement que sans compassion et r�habilitation de toutes les victimes, sans jugement des auteurs de ces horribles crimes, il n y a aucune chance de d�raciner l’impunit� et d’arriver � une v�ritable r�conciliation.

L�unique preuve exhib�e pour �tayer les accusations de complicit� avec l�ennemi, s�appuie sur le rapport d’un groupe d’experts de l’ONU sur la RDC dat� du 23 Novembre 2009.
Il est inutile de r�affirmer que les informateurs des experts de l’ONU ont d�lib�r�ment induit en erreur ces derniers, affirmant notamment que j’ai des liens de parent� avec le commandant en chef de ce groupe arm�, ce qui est absurde.
Il est ind�cent d’exploiter ma participation � une session du Dialogue Inter Rwandais et de la transformer en une collaboration avec le groupe rebelle.
J’ai �t� invit�e au m�me titre que tous les autres participants de diff�rentes organisations rwandaises, y compris des repr�sentants de votre parti, le FPR que le rapport a soigneusement �vit� de mentionner sur la liste dles participants.
Le communiqu� final de cette r�union demandant une solution pacifique et politique de la crise rwandaise fut lu par un des survivants du g�nocide participant � la r�union.
Voir http://www.veritasrwandaforum.org/dialeg/COMMUNIQUE_FINAL_DIALOGUE_INTRA.pdf.

Par ailleurs, on peut s’interroger sur l’opportunit� d’une telle accusation au moment o� le gouvernement lui-m�me a multipli� les contacts avec ces rebelles et a m�me incorpor� dans son arm�e certains de ses g�n�raux.

S’agissant des aspects l�gaux en rapport avec ma demande de tenir le congr�s constitutif de mon parti, la position de l’administration de me refuser cette autorisation est sans fondement.

En effet, l’alin�a 18, 19 e 20 de la Constitution ne laisse aucune ombre de doute. Je ne peux pas �tre d�chue de mes droits civiques sur simples all�gations pour lesquelles je n’ai �t� ni inculp�e, ni condamn�e (Article 19). C’est inhabituel dans un �tat de droit, qu’un repr�sentant du gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’administration local, M. Musoni Protais, viole publiquement la loi, par des remarques diffus�es sur la VOA le 15 mars 2010, affirmant qu’aussi longtemps que la police continue ses investigations, il n y aura pas d’autorisation pour les FDU, de tenir leur congr�s n’importe o� au Rwanda.
Encore que ce ministre s’arroge le droit d’autoriser des r�unions politiques, alors que la loi organique 16/2003 en son article 5 ne requiert qu’une notice par �crit aux autorit�s administratives. L’autorisation administrative n’est requise qu’en cas de manifestations politiques publiques (art 5, paragraphe 4).

Dans une interview avec la radio nationale, diffus�e le 12 mars 2010, le maire de Nyarugenge (Kigali) ajouta que “nous ne pouvons pas autoriser la r�union, par ce que nous ne savons pas ce qu’ils vont d�clarer au public”. Le maire r�it�ra cette position dans une interview � la BBC Kinyarwanda-Kirundi du 15 mars 2010. Ceci constitue une violation flagrante de la libert� d’expression et d’association garantie par la constitution ainsi que d’autres instruments et dispositions internationaux.

La controvers�e Loi organique n� 19/2007 du 04/05/2007 modifiant et compl�tant la Loi Organique 16/2003 du 27/06/2003 r�gissant les organisations politiques et politiciens conf�re au ministre de
l’administration locale la comp�tence d’enregistrer les partis politiques. C’est l’autorit� supr�me dans la hi�rarchie et la d�cision finale lui appartient. En refusant aux FDU l’autorisation de tenir leur assembl�e constituante, le ministre bloque par la m�me occasion toute chance d�enregistrement du parti qui, ne pourra de ce fait prouver qu’il a �t� l�galement constitu�.
Nous d�non�ons cet abus de pouvoir qui viole la constitution.

Son Excellence Monsieur le Pr�sident,

Tous ces d�veloppements montrent clairement que sans Votre intervention, tout le processus politique conduisant aux prochaines �lections est vici� et va d�railler. Il est de Votre responsabilit�, en tant que Chef de l’Etat, et garant de la Constitution, de prendre les mesures qui s’imposent, afin:

- que le gouvernement, ses administrations et ses institutions restent neutres et respectent la constitution et en particulier l’article 29 de la Loi organique n�16/2003 du27/06/2003;

- que tous les rwandais jouissent de leurs droits politiques;

- que les parties politiques exercent leurs droits d’expression et d’association (article 1 de la Loi Organique n�16/2003 of 27/06/2003

- que le syst�me multipartite soit instaur�. Le multipartisme reconnu dans le M�morandum sur l’Etat de droit sign� par le FPR � Arusha en 1993 implique la reconnaissance, l’existence d’une opposition d�mocratique, et consid�re les aspirations l�gitimes de tous les rwandais � acc�der au pouvoir par les moyens d�mocratiques.

- que l’opposition politique ait un espace politique n�cessaire et soit libre d�exposer � la population rwandaise son projet politique;

- que le parti FDU INKINGI soit autoris� � tenir son congr�s constitutif en accord avec les dispositions l�gales et sans autres obstacles de la part de votre gouvernement.

Veuillez agr�er, Excellence Monsieur le Pr�sident, l’assurance de ma tr�s haute distinction.

Madame Victoire Ingabire Umuhoza
Pr�sidente des FDU-Inkingi
Tel : (+250) 0785836000 [email protected]
http://www.fdu-rwanda.org � http://www.victoire2010.com

mars 25, 2010   2 Comments